Décryptage

« La grande majorité des joueurs aime avoir une carte pour se projeter plus facilement »

08 juin 2022
Par Michaël Ducousso
L’éditeur, adepte du mélange des genres, a conçu son “Atlas des Explorateurs” – en boutique à la fin du mois de juin – comme un livre pouvant servir de plateau de jeu.
L’éditeur, adepte du mélange des genres, a conçu son “Atlas des Explorateurs” – en boutique à la fin du mois de juin – comme un livre pouvant servir de plateau de jeu. ©De Architecturart

Quand la carte est le trésor. En cinq ans, l’éditeur De Architecturart s’est taillé une place à part sur le marché ludique grâce à ses livres et jeux qui mettent les plans à l’honneur. Rencontre.

Depuis Robert Louis Stevenson, tout le monde sait qu’une simple croix sur un vieux bout de papier est une invitation à l’aventure. Les créateurs de jeux, en tout cas, l’ont bien compris et de Risk à Warhammer en passant par les donjons de Diablo, toute séance ludique s’accompagne d’une carte. Cependant, même si ces dernières sont au cœur de l’expérience, les joueurs leur accordent rarement l’attention qu’elles méritent. Malgré cette indifférence apparente, la jeune maison d’édition De Architecturart a décidé de mettre les cartes et autres plans à l’honneur, révélant au public un véritable trésor passé jusque-là inaperçu.

Voyager depuis sa table de jeu

Borth, Tahala, Tal’Tikur… Ces régions font toutes partie du continent d’Austérion, cartographié depuis cinq ans par l’illustrateur Guillaume Tavernier et l’équipe d’auteurs qui l’accompagne. Ensemble, ils font découvrir tout un monde d’aventures aux joueurs par sa topographie. Depuis la publication du premier Artbook en 2017, jusqu’à celle de l’Atlas des explorateurs à paraître ce mois-ci, De Architecturart s’est donné comme spécialité de produire du beau matériel, décrivant des lieux imaginaires afin d’inviter au jeu et au voyage.

Aventures en Austérion est aussi bien un jeu de plateau qu’un jeu de rôle.©De Architecturart

Ce positionnement sur un marché de niche a été influencé par les lectures de jeunesse de Guillaume Tavernier, architecte en chef de la maison d’édition. « Mes plans viennent des premiers plans Bâtisses et Artifices, publiés dans les vieux magazines Casus Belli, raconte-t-il. Ils représentaient un lieu, avec un dessin en noir et blanc, accompagné d’un texte. Quand j’avais 14-15 ans, ça me faisait voyager. » Il a donc décidé d’offrir un peu d’évasion aux jeunes – et moins jeunes – d’aujourd’hui, en diffusant ses propres dessins, mis au goût du jour, grâce notamment à son expertise de dessinateur industriel pour le secteur automobile. « J’ai dessiné des plans à la manière de Bâtisses et Artifices, mais de manière un peu plus moderne, en 3D, avec des coupes, un peu à la manière de ce qui se fait dans le jeu vidéo. »

L’éditeur, adepte du mélange des genres, a conçu son Atlas des Explorateurs – en boutique à la fin du mois de juin – comme un livre pouvant servir de plateau de jeu.©De Architecturart

Le résultat a enchanté un public qui s’est découvert fan de cartographie. « J’en suis toujours un peu surpris, admet l’artiste. Je ne me rendais pas compte de l’impact que les cartes avaient sur les joueurs. Au début, j’en proposais gratuitement sur Facebook et j’ai été étonné de l’engouement. Je crois que la grande majorité des joueurs aime avoir une carte pour se projeter plus facilement. » Et ceux-là ont décidé de faire de Guillaume Tavernier leur fournisseur favori, à tel point qu’il peut désormais vivre de sa passion.

Fan des années 1980

Cadres de jeu de rôle, wargame, jeux de plateau, livres-jeux… L’illustrateur ne cesse de multiplier les supports pour déclarer son amour des cartes. C’est ce qui séduit un public d’autant plus varié qu’il trouve toujours dans les produits De Architecturart une façon de s’amuser et de s’émerveiller. « Je sais que nos livres sur Tahala et Longue-Ville ont aussi été achetés par des gens qui ne jouent pas, mais qui voulaient juste voyager, lire une belle histoire et être transportés par les images », assure Guillaume Tavernier en insistant sur les descriptions poétiques qui accompagnent ses dessins.

Des décors détaillés et pleins de poésie, c’est la marque de fabrique de De Architecturart.©De Architecturart

Mais ce qui plaît aussi aux joueurs, c’est cette petite touche « old school » que l’on retrouve dans les productions De Architecturart. Un peu de Donjons & Dragons, de Livres dont vous êtes le héros, de Glen Cook… Bref, un esprit années 1980, en version remasterisée, que ne renie pas l’illustrateur. « J’ai beaucoup aimé cette période et j’essaie de refaire tout ce que j’ai aimé de manière plus moderne avec des dessins plus léchés. En fait, je ne fais que des trucs que j’aurais aimé avoir quand j’avais 15-20 ans. »

Il faut croire que c’est la recette du succès, auprès des jeunes joueurs comme des vieux briscards, puisque les financements participatifs de De Architecturart sont toujours une réussite. Pour continuer sur cette lancée, l’éditeur proposera fin juin une nouvelle campagne pour son jeu de plateau-jeu de rôle Adventures in Austerion (bilingue, car ses cartes séduisent aussi à l’étranger), suivi à l’automne d’un deuxième livre-jeu, puis d’un jeu d’exploration en solitaire. De quoi étoffer une gamme qui permet déjà de vivre des aventures à la carte.

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Article rédigé par
Michaël Ducousso
Michaël Ducousso
Journaliste
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