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Peintre du vivant hors du commun, Rosa Bonheur fait l’objet de deux expositions

03 juin 2022
Par Apolline Coëffet
Labourage nivernais, dit aussi Le sombrage, en 1849
Musée d'Orsay
achat après commande de l'Etat, 1849.
Labourage nivernais, dit aussi Le sombrage, en 1849 Musée d'Orsay achat après commande de l'Etat, 1849. ©RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Michel Urtado

À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, d’importantes rétrospectives lui sont consacrées aux musées des Beaux-Arts de Bordeaux et d’Orsay.

Il y a deux-cents ans naissait Rosa Bonheur. Originaire de Bordeaux, la peintre a su s’émanciper de sa condition de femme pour imposer un style pictural aussi novateur qu’inspirant. Parmi ses sujets de prédilection figurait le monde du vivant et plus particulièrement les animaux, dont elle défendait ardemment la cause. À l’époque, elle leur reconnaissait déjà une âme et des émotions, ou autrement dit, une conception encore marginale au XIXe siècle. Jusqu’au 18 septembre, le musée des Beaux-Arts de sa ville natale lui consacre ainsi une belle rétrospective. Son grand œuvre sera ensuite exposé du 18 octobre au 15 janvier au musée d’Orsay.

Rosa Bonheur, peintre des animaux

Toiles immenses ou de très petits formats, arts graphiques, sculptures et photographies… Rosa Bonheur détient de multiples talents, et est dotée d’une formidable maîtrise technique. Fille d’artistes, elle n’a pas manqué d’hériter d’un savoir-faire unique qu’elle affine grâce à de longues observations sur le terrain. À cet effet, elle parcourt la France, séjournant en Auvergne, dans le Nivernais ou dans les Pyrénées, avant de gagner l’Écosse pour ses paysages verdoyants et sa faune singulière. 

Peintre des animaux, elle évolue à leurs côtés et les invite même, de temps à autre, dans ses ateliers successifs. À la tête d’une formidable ménagerie, chiens, cerfs et fauves cohabitent et deviennent les muses de ses étonnants portraits, fidèles à une réalité nourrie des dernières découvertes scientifiques à leur sujet. 

Des questionnements toujours d’actualité

À défaut d’avoir pu sillonner les États-Unis, cette amoureuse de la nature y puise des influences qui lui valent un succès retentissant aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord. De son vivant, elle incarnait déjà deux figures d’avant-garde pour l’époque qui inspireront un certain nombre d’individus : celle de la femme libre et de l’artiste reconnue par ses pairs comme par le grand public, la seconde motivant l’accomplissement de la première. Car c’est en se rapprochant des marchands d’art et des collectionneurs que Rosa Bonheur parvient à acquérir une aisance financière. Ses toiles rencontrent un franc succès, à tel point qu’elles se révèlent être les plus onéreuses de son temps. Cet exploit lui permet alors d’accueillir sous son toit la peintre américaine Anna Klumpke. Cette dernière participera à la conservation de son atelier et de ses nombreuses archives après sa disparition en 1899.

De l’existence de Rosa Bonheur subsiste ainsi un étonnant parcours qui, aujourd’hui encore, suscite l’admiration. Précurseur de bien des façons, elle a également œuvré pour la reconnaissance et l’indépendance de celles et ceux qui tentent de vivre de leurs créations. La presse francophone et anglophone diffusait activement ses compositions de même que sa propre image, liant l’artiste et son art comme jamais auparavant. 

En près de 200 œuvres, chacune des expositions s’attache finalement à offrir une large déclinaison des innombrables talents et autres facettes de Rosa Bonheur. Tout naturellement, elles évoquent également des questionnements qui font toujours écho à nos problématiques contemporaines. Parmi elles, la place des femmes dans la société, leur considération dans le monde de l’art, mais aussi la dimension écologique que porte en creux la cause animale et l’espace qu’elle occupe dans la ruralité. 

Rosa Bonheur, au musée des Beaux-Arts de Bordeaux jusqu’au 18/09/2022, puis au musée d’Orsay du 18/10/2022 au 15/01/2023.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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