Critique

Exposition Steve McCurry : le tour du monde en 150 photos

05 février 2022
Par Clara Authiat
Man Walks in Alleyway. Havana, Cuba, 2010.
Man Walks in Alleyway. Havana, Cuba, 2010. ©Steve McCurry

Jusqu’au 29 mai 2022, Le Monde de Steve McCurry s’expose au musée Maillol, à Paris. C’est la plus grande retrospective consacrée au photographe, qui n’a cessé de mettre l’humain au premier plan.

Ce sont pas moins de 150 photographies, retraçant les quarante ans de carrière de l’artiste et ses multiples voyages aux quatre coins du monde, qui sont exposées en ce moment au musée Maillol. Cette imposante retrospective mêle ainsi les photographies les plus connues de Steve McCurry (comme le célèbre portrait de « la jeune Afghane aux yeux verts ») aux plus récentes – qui sont tout à fait inédites.

Sharbat Gula, Afghan Girl. Peshawar, Pakistan, 1984.©Steve McCurry

Histoire d’un regard

En quarante ans, Steve McCurry a parcouru le monde entier, des contrées les plus reculées aux villes les plus peuplées, photographiant des sujets divers et variés. Mais un point commun parmi toutes ces photographies : l’humain. Si l’œuvre du photographe témoigne d’une évidente proximité avec l’actualité, sa volonté a en effet toujours été de montrer autrement cette dernière. Steve McCurry se plaît ainsi à se définir lui même comme « un conteur visuel ». Il raconte l’actualité, certes, mais toujours à l’échelle de l’individu – il est généreux en capture de regards éloquents, de sourires (ou de visages fermés) qui en disent long. Et même lorsqu’il photographie des paysages, des grands espaces, l’humain est toujours présent ou suggéré.

Pour découvrir son travail, les visiteurs pénètrent d’abord dans une salle où sont exposées des photographies issues du voyage de Steve McCurry en Afghanistan de 1979 à 1980. Moins connus, tout aussi saisissants, ces clichés en noir et blanc rompent avec ce qu’on connaît du photographe, c’est-à-dire ses photographies aux couleurs vives.

Le cœur de l’exposition se trouve un peu plus loin, dans la salle rassemblant l’ensemble des plus célèbres portraits de Steve McCurry. Ces derniers sont suspendus dans une salle plongée dans le noir – ce qui souligne habilement leur intensité. Dénuée de parcours linéaire et chronologique, l’exposition propose aux visiteurs d’errer dans ce labyrinthe et de se laisser porter d’image en image. Cette scénographie bien particulière – imaginée par Peter Bottazzi – s’accompagne d’audio-guides, disponibles gratuitement au début de l’exposition. Ils se révèlent d’ailleurs bien utiles puisque aucun texte ne vient légender les photos : un choix assumé par le photographe qui souhaitait laisser libres les interprétations. Dans la toute dernière salle de l’exposition, plusieurs vidéos de Steve McCurry sont diffusées afin de laisser le photographe évoquer lui-même ses méthodes de travail, ses anecdotes mais aussi, et surtout, la passion qui le tient encore et toujours.

Voyager et photographier, regarder le monde dans lequel nous vivons : je ne peux pas imaginer une meilleure façon de vivre cette vie qui nous a été donnée.

Steve McCurry

Pilier de la photographie contemporaine

Couleurs assumées, compositions originales : les œuvres de Steve McCurry sont aussi pénétrantes que saisissantes. Elles invitent à se rapprocher au plus près de l’image – impossible d’y échapper. Le photographe insiste en effet sur l’importance de tisser un lien de confiance avec ses sujets.

Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus important que de documenter les forces qui ont un impact sur les habitants de notre planète. La photographie, comme la peinture, la littérature ou la sculpture, devrait être caractérisée par la liberté et l’expression artistique.

Steve McCurry

Les photographies de Steve McCurry ouvrent une fenêtre sur des moments de vie, des cultures dont les usages sont restés proches des traditions – d’autres manières d’être au monde. Que ce soit un portrait, un animal ou la suggestion d’un corps, Steve McCurry place sans cesse l’humanité au centre de son travail. « En photographiant un lieu particulier, mon but est de dire la vérité sur ce que je vois », explique-t-il. C’est ce qui pousse le photographe à se saisir de son appareil, le 11 septembre 2001, alors qu’il est à New York depuis la veille à peine, et à photographier les suites de l’attaque terroriste. Et Biba Giacchetti, l’organisatrice de l’exposition, dit justement de lui qu’il « ne se dérobe pas face à la brutalité de la guerre et de la violence, mais étreint l’humanité sous toutes ses formes ».

Papua New Guinea, 2017.©Steve McCurry

Infos pratiques

Le Monde de Steve McCurry, au Musée Maillol (Paris 7e), du 09/122021 au 29/05/2022. Tous les jours de 10h30 à 18h30, nocturne le mercredi.

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