Critique

La petite dernière : la grande réussite de Hafsia Herzi

22 octobre 2025
Par Lisa Muratore
Nadia Melliti dans “La petite dernière”, en salle le 22 octobre 2025.
Nadia Melliti dans “La petite dernière”, en salle le 22 octobre 2025. ©June films Katuh studio Arte France mk2films

Hafsia Herzi dévoile ce mercredi 22 octobre son nouveau long-métrage : La petite dernière. Emmené par une écriture moderne et nuancée, ce portrait de femme a tout pour séduire. Critique.

Hafsia Herzi aura définitivement marqué l’année 2025. Après son sacre aux César en tant que meilleure actrice pour le drame carcéral, Borgo (2024), l’artiste est de retour en tant que réalisatrice, cette fois-ci, avec La petite dernière. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, le long-métrage suit Fatima, la cadette d’une famille d’immigrés algériens, alors qu’elle quitte sa banlieue natale pour étudier la philosophie à Paris.

La jeune fille va ainsi découvrir un nouveau monde et céder à ses désirs les plus enfouis. Car voilà, Fatima aime les femmes. Partagée entre qui elle est vraiment et sa foi, notre héroïne va se lancer dans un voyage intérieur entre émotion et émancipation dans un drame aussi percutant que sublime.

La petite dernière. ©June films Katuh studio Arte France mk2films

Portrait de femme

Pour son retour derrière la caméra, quatre ans après Bonne mère (2021), Hafsia Herzi prend une nouvelle fois comme point de départ un personnage féminin tourmenté. Après Nora — une cinquantenaire qui faisait tout pour aider son fils en prison — la petite Anya (de La cour, 2021), ou encore Lila — la jeune célibataire de Tu mérites un amour (2019) — la réalisatrice choisit de filmer le destin contrarié de Fatima, incarnée par la brillante Nadia Melliti.

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Lauréate du prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, l’actrice irradie l’écran entre humilité et émotion. La comédienne de 23 ans repérée par la réalisatrice à l’occasion d’un casting sauvage offre ainsi une prestation sincère, pleine de force.

Sans aucun artifice ni exagération, Nadia Melliti se glisse avec conviction et douceur dans la peau de Fatima. La comédienne en herbe prouve qu’elle n’a rien à envier aux plus grandes comédiennes et dévoile un jeu duel : sensuel et sensible.

La petite dernière.©June films Katuh studio Arte France mk2films

Hafsia Herzi, elle-même actrice, dirige sa « petite dernière » de façon magistrale et lui donne à jouer une partition pleine de nuances qui reflète le déchirement du personnage face à la désarmante Ji-Min Park. Car c’est-là l’une des grandes forces du film : sans jamais céder au spectaculaire, au voyeurisme et encore moins à l’objectification du corps des femmes, la réalisatrice déploie une narration équilibrée et humaniste. Sans jamais porter de jugement sur son héroïne, et tout en l’observant dans sa quête de soi, la cinéaste dresse le portrait tendre de cette jeune génération de femmes tiraillées entre ce que l’on attend d’elles et ce qu’elles sont vraiment.

Il en ressort un film résolument féministe mais surtout très contemporain dans son appréhension de la foi, des racines et du désir. Grâce à une écriture millimétrée et une mise en scène travaillée, Hafsia Herzi offre son film le plus abouti à ce jour. La cinéaste ne prend jamais le spectateur par la main. Elle offre plutôt la possibilité à ce dernier de penser par lui-même les émotions de Fatima, à comprendre ses joies, ses peines ; ses victoires et ses défaites.

La bande-annonce de La petite dernière.

Avec ce nouveau long-métrage Hafsia Herzi dresse le portrait humain d’une jeune femme en quête d’elle-même. Moderne et tendre, ce récit d’apprentissage contemporain montre une nouvelle fois les qualités narratives de l’artiste qui sonde le monde comme personne. Emportée par sa sensibilité mais aussi les thématiques récurrentes de son cinéma, la réalisatrice poursuit son exploration de la féminité entre beauté et complexité. Surtout, Hafsia Herzi montre qu’avec La petite dernière, elle compte parmi les plus grandes du cinéma français.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste