Décryptage

Une histoire des Super-Héros français !

20 août 2025
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Une histoire des Super-Héros français !
©Delcourt

Si la réédition prochaine des Sentinelles remet au goût du jour les justiciers masqués à la française, le genre a en réalité plus d’un siècle.

À partir de mi-septembre prochain, les éditions Delcourt entament la réédition d’une série d’albums cultes de Xavier Dorison et Enrique Breccia : Les Sentinelles. Cette histoire de super-héros bien français se déroulant dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, grand succès de librairie entre 2009 et 2014, sera également portée à l’écran sous forme d’une ambitieuse série télévisée sur Canal +. Et même si l’originalité de l’univers steampunk des Sentinelles donne à cette histoire de justiciers français une aura de nouveauté, il ne s’agit pas du tout du premier projet du genre.

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Plus de 300 super-héros français

Les aventures de l’Oiselle, une des premières héroïnes françaises, ont été rééditées en 2022©BANQUISES ET COMÈTES

Ce n’est pas Xavier Fournier, auteur de Super-héros, une histoire française et de Super-héros français, une anthologie qui dira le contraire, puisqu’il a recensé dans ses ouvrages plus de 300 héros et héroïnes du genre. Ils seraient même des milliers selon une encyclopédie tentant de les recenser tous. Les plus anciens comme l’Oiselle ou le Nyclatope, créés au début du XXᵉ siècle, sont en grande partie tombés dans l’oubli. Davantage encore que les personnages littéraires issus de la « masquomanie » de la fin du siècle précédent qui, à l’instar du Comte de Monte Cristo, dissimulaient leurs identités sous des déguisements et des masques.

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Pourtant, tous les codes du genre sont déjà en place, et ce avant même la naissance de Superman : le Nyclatople a une double identité, l’Oiselle utilise des gadgets dignes de Batman, Monsieur Rodolphe, sous la plume d’Eugène Sue, répare les injustices à coup de poing dans les rues les plus sombres de Paris. Il faudra néanmoins attendre des décennies avant qu’un super héros local ne captive le public français, avec l’arrivée de Fantax, un redresseur de torts créé au lendemain du second conflit mondial par Pierre Mouchot (un ancien résistant) et Marcel Navarro.

Fantax©Domaine public, Walter Pernety

Il est peu étonnant, vu le contexte, de voir Fantax combattre les nazis, les collabos et les gangsters avec une violence rare pour de la bande dessinée des années 40. C’est d’ailleurs ce qui coupera les ailes du Bruce Wayne français, victime de la loi de 1949 sur la protection de la jeunesse, la censure jugeant les aventures de ce redresseur de tort immorales et dangereuses. Le genre super-héroïque, rapidement submergé par les productions américaines de DC et Marvel, mettra beaucoup de temps à s’en relever.

Des super-héros pour s’amuser ?

Pendant près d’un demi-siècle, les justiciers français vont souvent se détacher de toute ambition de sérieux. Mal vu, le genre se confine généralement à la parodie ou au pastiche, à l’instar du brillant (pas pas très héroïque) Superdupont créé en 1972 Par Lob et Gotlib dans le journal Pilote. Davantage qu’un véritable justicier, le personnage est surtout une caricature de personnage franchouillard, vulgaire et xénophobe. On pense aussi à la petite Fantômette de George Chaulet, justicière à trottinette créée en 1961 ayant maille à partir avec des ennemis largement inspirés du bestiaire criminel de DC Comics et visant un public extrêmement jeune. En 1993, cette dernière devient d’ailleurs une des rares super-héroïnes français à se frayer un chemin jusqu’à une adaptation télévisée.

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Les tentatives plus sérieuses, souvent insérées dans des fascicules des éditions Lug publiant des comics américain, passent régulièrement inaperçu. La bande dessinée Super-Boy de Félix Molinari n’est lue que par un public confidentiel. Tandis que les aventures de Mikros ou de Photonik, dans les années 80, ne parviennent jamais vraiment à trouver leur lectorat malgré des codes graphiques et narratifs quasiment indiscernables des séries américaines. Pas plus de succès pour L’Archer Blanc de Corteggiani et Mitton, une revisite dystopique de Robin des Bois qui sera, faute de succès, promenée d’éditeur en éditeur et ne connaitra que deux tomes.

La renaissance d’un genre via le récit historique

Il faut attendre le milieu des années 2000 pour que le genre super-héroïque regagne ses lettres de noblesse en France, par exemple via des productions comme la série Hero Corp en 2008, de Simon Astier et Alban Lenoir, mélangeant pure comédie et histoire plus suivie et plus sérieuse. Du côté de la production jeunesse, ce sont les aventures de Miraculous Ladubug qui vont conquérir la planète et devenir une des licences du genre les plus en vue.

Hero Corp©France Television

Mais ce qui fera réellement prendre la sauce du récit super-héroïque français, ce sont plusieurs tentatives de mélanger le genre avec celui du récit historique. Depuis une quinzaine d’années, les uchronies mettant en scène une histoire de France revisitée par des justiciers masqués se multiplient, dans le sillage de l’impressionnant succès de la Brigade Chimérique de Serge Lehman et Fabrice Colin.

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Les super-héros français vont alors se faire Gardes Républicains, combattant des tranchées, héritiers de Fantômas ou encore héroïnes de l’âge d’or du cinéma et largement plonger dans les méandres de l’Histoire pour vivre leurs aventures. Une inventivité et une créativité qui resteront néanmoins largement confinés au champ de la bande-dessinée ou du cinéma d’animation : à l’exception de quelques petites productions quasi amateur (La Flander’s Company, France Five) et de rares films de genre, les adaptations audiovisuelles du genre demeurent rares, et pas toujours très réussies. Les attentes autour de la série adaptant Les Sentinelles, une saga considérée comme une des meilleures du genre, sont donc légitimement fort élevées.

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