Certes, le meilleur moyen de se préparer à un défi aussi élevé qu’un marathon reste assurément d’enfiler les baskets et d’enchaîner les sorties en ville ou en nature pour travailler le corps. Mais, comme vous le diront si bien les experts et coureurs assidus, la réussite d’un marathon se fait aussi dans la tête.
Si on vous disait que, pour se préparer au défi des 42,195 kilomètres, la meilleure solution était de se plonger dans un bon bouquin ou de regarder un film ?
Un peu de littérature
Considéré comme une véritable référence par de nombreux·ses professionnel·le·s du sport, La bible du running est certes un livre de plus de 1 000 pages, mais avant tout le point de départ idéal pour débuter, progresser et performer en course à pied. De l’aveu même de son auteur, Jérôme Sordello, « cet ouvrage part de toutes les études scientifiques pour donner des conseils aussi théoriques que pratiques concernant tous les sujets qui intéressent les runners ».
Dans cette bible accessible quels que soient son niveau et ses objectifs, les coureurs confirmés peuvent profiter de plans d’entraînement suivis par des marathoniens et des traileurs de très haut niveau. Mais, à travers les 24 chapitres que propose l’ouvrage, on peut aussi en apprendre plus sur la santé et le bien-être, le pied et la foulée, la méthodologie et la planification de l’entraînement, la préparation physique et psychologique, sans oublier la diététique, l’équipement et la stratégie de course.
Pour beaucoup de runners expérimentés, le nom de Christopher McDougall est loin d’être inconnu. Ce dernier est l’auteur d’un véritable best-seller qui a offert la motivation tant recherchée à des milliers de coureurs : Born to Run. Dans cet ouvrage, l’écrivain et journaliste américain relate son expérience en course à pied, marquée par de nombreuses blessures, mais surtout par sa rencontre avec une tribu reculée du Mexique, qui a changé à tout jamais sa perception du running. À l’aspect enrichissant et « de bon conseil » vient donc s’ajouter celui d’une aventure humaine, sportive, anthropologique et presque philosophique, qui montre que courir est accessible à tous.
Pour se convaincre que courir un marathon est possible, un boost de motivation peut être trouvé grâce à De mon canapé à la course à pied la plus dure du monde, de Grégoire Chevignard. L’histoire d’un homme qui n’avait presque jamais couru de sa vie et qui, un peu par hasard, reçoit un jour un dossard en cadeau.
Un pitch de départ qui permet à Grégoire Chevignard d’expliquer comment il est devenu un mordu de running, jusqu’à courir le Marathon des sables. Pour rappel, cette course à pied, toutefois ouverte aux marcheurs, s’effectue en cinq étapes sur six jours (plus une étape finale dite de solidarité), en autosuffisance alimentaire et organisée chaque année au Maroc. D’abord établie comme une épreuve autonome, elle constitue désormais la quatrième des dix étapes de l’Ultra-Trail World Tour et fait partie des défis les plus relevés au monde. Mais, pour Grégoire Chevignard, il s’agit avant tout de faire preuve d’humour, voire d’autodérision, mais aussi d’une sagesse contagieuse.
Enfin, il est bien normal, lorsque l’on veut réussir, de vouloir s’inspirer des meilleurs. Et puisque les Kényans sont reconnus comme les meilleurs coureurs du monde, Adharanand Finn part, dans son livre Running With the Kenyans, à la rencontre de ces athlètes incroyables pour comprendre leur succès. Véritable immersion dans la culture kényane, cet ouvrage nous fait découvrir une façon de courir très différente de celle pratiquée en Occident, mais aussi – et surtout – que la course à pied est avant tout une histoire de culture et d’héritage.
Le cinéma, autre source inépuisable d’inspiration
Et s’il est possible de réaliser les plus grandes performances en partant de son canapé, pourquoi ne pas démarrer cette reconversion en utilisant… sa télécommande ? Au même titre que les livres évoqués plus haut, certaines œuvres du 7e art ont ce même pouvoir de motivation, voire de révélation, qui donne envie de chausser les baskets sitôt le générique de fin terminé. Il suffit parfois d’une scène pour susciter, chez le spectateur, cette envie soudaine, à l’image d’un entraînement de Rocky Balboa qui en a sans doute motivé beaucoup à découvrir la boxe.
La scène de footing réalisée par Sylvester Stallone, entraînant avec lui les enfants de Philadelphie sur la musique de Bill Conti pourrait, certes, être un bon point de départ de motivation, une autre scène fait figure d’exemple parfait : celle mythique des Chariots de feu. Reparti avec les Oscars du meilleur film et du meilleur scénario original, le long-métrage d’Hugh Hudson s’inspire de la vie de deux athlètes britanniques en lice aux Jeux olympiques de 1924 à Paris. L’Anglais Harold Abrahams, juif, surmonte l’antisémitisme et la discrimination sociale pour pouvoir se mesurer à celui que l’on surnomme « l’Écossais volant », Eric Liddell.
Une œuvre qui a popularisé le défi de la Grande Cour du Trinity College de Cambridge, où les étudiants tentent de faire le tour la Grande Cour (360 m) avant que le douzième coup de midi ne retentisse. Soit entre 43 et 44 secondes en fonction des conditions atmosphériques qui influent sur le mécanisme de l’horloge.
Ne serait-ce que pour la scène mythique où les athlètes courent sur la plage, sublimée par la musique de Vangelis, Les chariots de feu est l’un des meilleurs prétextes au dépassement de soi.
Parler de cinéma et de course à pied, c’est bien évidemment parler du célèbre Marathon Man, porté par Dustin Hoffman. Lorsqu’un étudiant en histoire qui s’entraîne pour courir le marathon de New York voit sa vie basculer le jour où son frère, membre d’une organisation secrète du gouvernement américain, est assassiné sous ses yeux, c’est le début d’une dangereuse traque où chaque foulée est on ne peut plus décisive.
Le long-métrage n’est donc pas centré sur le marathon, mais l’intrigue est l’occasion d’aborder des thématiques importantes comme la résistance physique et mentale, la compétition, la transformation personnelle ou encore la quête de dépassement de soi. Des alliés essentiels dans la vie de tous les jours, et encore plus lorsqu’il s’agit de venir à bout d’un marathon.
Lutter pour sa survie, c’est aussi l’enjeu du film Invincible, produit et réalisé par Angelina Jolie. Celui-ci retrace la vie de Louis « Louie » Zamperini, coureur américain aux Jeux olympiques de 1936 sur 5 000 mètres. Alors qu’il est appelé à combattre les Japonais dans le Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale, son avion s’écrase en mer en 1942. Après avoir dérivé sur un canot de sauvetage pendant 47 jours avec deux autres rescapés, l’athlète connaît un nouveau coup dur en étant capturé par la marine japonaise et envoyé dans un camp de prisonniers. Au-delà du fait d’être celui qui reste le plus jeune qualifié américain dans la course du 5 000 mètres aux Jeux olympiques (à 19 ans et 187 jours), la détermination et le courage qui ont fait de lui un héros de guerre demeurent une source inépuisable d’admiration, et donc de motivation.
Un constat que l’on peut également appliquer à Without Limits, long-métrage au casting prestigieux (Billy Crudup, Donald Sutherland, Dean Norris, Matthew Lillard) qui retrace la vie de Steve Prefontaine, jeune champion américain mort à 24 ans dans un accident de voiture après des performances de haute volée, notamment une quatrième place au 5 000 mètres des Jeux olympiques de Munich en 1972. Ayant détenu tous les records des États-Unis, du 2 000 mètres au 10 000 mètres, Steve Prefontaine, son nom et sa réputation ont depuis longtemps dépassé les frontières américaines.
