Mathias Malzieu donne sa langue aux chats !

12 mars 2025
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Mathias Malzieu
Mathias Malzieu ©Le Turk/L’Usine à Merveilles

Il entrera bientôt sur scène vêtu d’un costume de chat, pour chanter The End des Doors. Mathias Malzieu revient avec un conte autobiographique plein de délicatesse et de tendresse, qui se déploie sous la forme d’un roman, d’un disque et d’une pièce musicale de poche.

C’est désormais une habitude qui enchante petits et grands : Mathias Malzieu dévoile son nouveau conte à travers plusieurs médiums – la littérature, la musique et le spectacle vivant. L’homme qui écoutait battre le cœur des chats ne déroge pas à cette règle. L’artiste y raconte son chemin vers le deuil de l’enfant qu’il n’a pas eu et y croise des fantômes et des chats qui parlent, les siens : Tornado et June. L’auteur rend ici hommage à leur force consolatrice, avec poésie. Il nous explique sa démarche.

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Vous écrivez dans ce roman : “C’est très sérieux de ne pas se prendre au sérieux.” Cette phrase pourrait-elle être de leitmotiv de votre carrière ?

On trouve souvent l’inverse : des gens pas très sérieux qui se prennent très au sérieux. En littérature, il faut savoir mettre son cœur sur la table avec humilité, sans en faire un récit cathartique qui relèverait davantage du journal intime. Pour ma part et pour embarquer le lecteur, j’ai choisi la voie du conte et donc ici de donner la langue aux chats.

Quel est votre rapport aux contes ? Lesquels lisiez-vous étant enfant ?

Un joli conte sucré, plein de belles images et de bulles de savon, ça ne m’intéresse pas. Pour moi, ce genre littéraire doit pouvoir renseigner sur le réel. Le petit prince m’a beaucoup marqué, pour sa dimension initiatique, philosophique, drôle et cruelle. Enfant, j’aimais beaucoup Roald Dahl, mais il m’a déçu à l’âge adulte, quand j’ai appris qu’il était antisémite.

J’ai aussi été bercé par l’imaginaire des frères Grimm et d’Hans Christian Andersen que j’ai découverts initialement à travers les dessins animés de Walt Disney. Puis, j’ai lu les textes originaux, notamment le Pinocchio de Carlo Collodi ou le Peter Pan de James Matthew Barrie, qui sont moins acidulés, beaucoup plus contrastés et nuancés, davantage en adéquation avec le réel.

Votre livre l’est totalement, puisque vous y racontez votre chemin vers le deuil, après la fausse couche de votre épouse Daria Nelson.

Ce livre est une autofiction qui utilise les codes du conte pour atteindre une profondeur et une légèreté d’autant plus grandes. J’avais écrit une première version plus brute, sans les chats, mais elle renfermait trop de pathos et manquait de souffle. 

Mathias Malzieu

Pourquoi avez-vous emprunté la voie du conte ?

Le conte reste pour moi un outil et non une fin en soi, c’est une façon de cuisiner des histoires. Quand j’ai perdu ma mère, je me suis inventé un géant de quatre mètres cinquante qui venait m’aider. Quand j’étais malade, j’ai transformé la mort en une fille sexy et hyper attirante. Maintenant, des chats viennent me consoler après avoir perdu un enfant à naître. À la base, j’ai surtout envie de raconter une histoire, souvent ancrée dans ma réalité. Pour ce faire, j’ai choisi le conte, comme je choisirais un arrangement pour une chanson.

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Dans mon précédent roman, Le guerrier de porcelaine, le merveilleux se trouve hors champ, dans la manière dont l’enfant parle à sa mère disparue sans pour autant qu’il devienne fou ou qu’il pense s’adresser à un fantôme. Pas besoin d’en rajouter à tout prix, de même qu’en musique une guitare ou un ukulélé peuvent suffire à faire une belle chanson. Pour ce livre-là, j’avais besoin de l’arrangement soyeux de la langue des chats pour trouver le bon équilibre de mix. 

Une phrase résume assez bien l’intention de votre roman : “Le chat est le nec plus ultra de l’énergie renouvelable.”

En effet ! Le chat sait quand on ne se sent pas bien. Dans ce cas, il a tendance à être plus présent, et ainsi à apparaître de manière récurrente comme une source consolatrice et donc renouvelable. De la même manière, la contemplation de la nature, un paysage de montagne ou un bord de mer, peut nous rendre plus heureux. Cela ne nous rassure en rien, mais nous console.

Pareil pour les chats. Ce ne sont ni des psychologues ni des amis. Ils ne nous donnent pas de faux espoirs, ils se contentent de nous consoler sans tenter de cacher le problème. Ils ont cette élégance, comme d’autres animaux, et peuvent nous aider à vivre un peu mieux nos joies et nos peines.

Comment en êtes-vous arrivé à les inclure dans votre récit, à en faire, en partie, les héros ?

J’avais écrit un recueil de poèmes qui s’intitule Chatonne, dans lequel je jouais sur le double sens entre ma femme et notre petite chatonne. Le chat a mangé la couverture de ce livre et uniquement de celui-ci. J’ai pensé que mon chat pourrait se conscientiser en mangeant mes livres, puis se mettre à chanter en faisant ses griffes sur mes vinyles. J’ai alors imaginé ce livre, ce disque et cette pièce musicale sur le thème de la consolation.

Dans ce roman, vous vous dévoilez beaucoup. Vous y dévoilez votre passion pour la poésie et le football.

Quand on regarde les choses en surface, les deux peuvent sembler contradictoires, mais il y a dans le foot des moments éminemment poétiques. Ce sport est fait d’histoires d’équipes, dont les héros sont des gens qui essaient de se dépasser et qui apprennent à perdre ensemble. Il y a parfois un élan vital dans ce sport que je trouve poétique, même si certains matchs m’ennuient profondément.

J’ai adoré y jouer quand j’étais petit, ça m’a appris à regarder et à écouter les copains, à trouver ma place au sein d’un groupe, à trouver un équilibre, à gagner sans me prendre pour le roi du monde ou à perdre sans insulter la Terre entière. Le sport collectif m’a beaucoup aidé à fonder Dionysos, par exemple. La poésie, c’est la vie, “le charme du je-ne-sais-quoi, du presque rien”, comme disait Vladimir Jankélévitch.

Vous nous y dévoilez aussi vos goûts musicaux, pour le moins éclectiques, mais avec du sens. Et dans le disque, vous reprenez Lady Gaga, The Doors, Claude François, Georges Brassens… autant de chansons qui constituent le spectacle.

Toutes les chansons que j’ai choisies ont ici une fonction narrative. Ça commence avec The End des Doors, quand Tornado apprend qu’on va devoir le piquer pour le soigner, puis d’autres viennent illustrer le propos, mais certaines ont aussi un côté madeleine de Proust ou apparaissent comme un plaisir coupable, à l’instar de Magnolias for Ever de Claude François ou Bad Romance de Lady Gaga.

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Vous avez fêté les 30 ans de Dionysos. Vous voici très occupé avec L’homme qui écoutait battre le cœur des chats, mais un nouvel album du groupe est-il dans les tuyaux ?

Oui ! J’ai toujours aimé avoir un coup d’avance. Nous venons à peine de brancher les tuyaux. J’ai une idée d’album et des débuts de chansons. En ce moment, je passe mes journées à répéter avec Mike, présent sur l’album et dans le spectacle, mais aussi guitariste de Dionysos. Je viens d’envoyer un message à notre groupe WhatsApp pour leur annoncer qu’une fois que le spectacle sera rodé, nous pourrons commencer à tester de nouvelles chansons. Quand est-ce que ça sortira ? Quand ce sera cuit !

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