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Avec En haute mer, Arte nous invite dans l’univers méconnu de la marine marchande

06 février 2025
Par Agathe Renac
“En haute mer”, le 6 février sur Arte.
“En haute mer”, le 6 février sur Arte. ©Arte/Unai Mateo

Mini-série franco-suisse en quatre épisodes, En haute mer nous offre une enquête intrigante dans les abysses de la marine marchande. Cependant, le thriller psychologique divise la critique.

Chez Arte, la qualité prime sur la quantité. Samuel, En thérapie, Le monde de demain… Chaque semaine, la chaîne publique nous offre des séries ambitieuses, intimes et bouleversantes. La nouvelle en date ? En haute mer, une co-production franco-suisse imaginée et réalisée par Denis Rabaglia (Marcello Marcello). Diffusée ce jeudi 6 février à 20h50 sur Arte (et déjà disponible en intégralité sur sa plateforme), cette œuvre en quatre épisodes est une adaptation du polar En eau salée, de Fabien Feissli.

©Arte/Unai Mateo

Portée par Maud Wyler (Le monde n’existe pas), Michael Neuenschwander (A Forgotten Man), Carlos Bardem (Centauro), Maël Cordier (Skam France/Belgique) ou encore Isaline Prévost (Ceux qui travaillent), la production explore l’univers méconnu de la marine marchande. Au programme ? Enquête, trafic d’armes, blanchiment d’argent et fausses préoccupations écologiques.

Un défi ambitieux

À bord d’un cargo de la marine marchande suisse, l’inspectrice Aurélie Mercier (Maud Wyler) enquête sur un meurtre et une mystérieuse disparition. Missionnée pour rapatrier Florian Bonnel, un jeune homme accusé d’avoir tué un matelot, elle découvre rapidement que ce dernier est lié à une affaire qui la hante depuis plusieurs mois : la disparition de Julia, une militante écologiste qui était également sa compagne. Florian, désespéré, avait lui-même embarqué sur ce cargo pour la retrouver. Mais son enquête clandestine tourne court lorsqu’il devient le principal suspect dans cette affaire criminelle.

©Arte/Unai Mateo

Aurélie se heurte rapidement à l’hostilité du capitaine et de l’équipage, qui opposent un mur de silence à ses questions. Persuadée que Florian pourrait être une victime collatérale plutôt qu’un meurtrier, la policière poursuit son investigation dans un environnement oppressant, au cœur d’une zone grise où se croisent trafic d’armes, blanchiment d’argent et magouilles industrielles. Le cargo devient alors le théâtre d’une lutte psychologique tendue, où chacun semble avoir quelque chose à cacher.

©Arte/Unai Mateo

Interrogé par Le Figaro, le créateur Denis Rabaglia revient sur les défis logistiques colossaux de cette aventure. De fait, le tournage a nécessité 23 jours en pleine mer à bord d’un cargo. « [C’est] un endroit de totale liberté, hors du temps et du domaine terrestre, [mais] on ne peut pas louer un cargo comme une maison ou un avion. Rien ne garantit qu’il ne revienne au port à la bonne date !, explique-t-il. Il mouillait à Bilbao et sortait tous les jours en mer, avec nous à bord. L’endurance de Maud Wyler, qui montait et descendait les échelles, nous a bluffés d’autant plus qu’elle était enceinte. »

Des critiques nuancées

Si le défi technique a été relevé, la série divise les critiques. En effet, Télérama se montre plutôt sceptique et ne lui accorde qu’un seul « T » – soit la mention « Bof ». Le média salue le cadre original que confère la marine marchande suisse et ses secrets, mais regrette le fait que le show prenne trop de temps pour installer son mystère.

« On aurait aimé se laisser embarquer avec un délicieux frisson d’angoisse aux côtés de Maud Wyler (impeccable en flic empathique et professionnelle), mais ce huis clos en pleine mer souffre d’un manque de rythme qui l’empêche de répondre aux belles promesses de son scénario. Un coup dans l’eau. »

©Arte/Unai Mateo

Un avis que ne partage pas Xavier Leherpeur. Sur France Inter, le critique n’a pas tari d’éloges sur cette plongée en huis clos maritime. « Quatre épisodes sans fioritures, à l’os se déroulant dans les profondeurs métalliques du bateau filmé ici comme un labyrinthe anxiogène. Le scénario a la pertinente idée d’articuler son intrigue autour de la rivalité entre les hommes de pouvoir et les femmes (l’enquêtrice ainsi que la très ambiguë directrice de la compagnie maritime) qui se battent pour survivre à cette brutalité phallocrate. »

Malgré les réserves de Télérama, nul doute qu’En haute mer trouve son public. En effet, la série a le mérite d’explorer un territoire narratif peu fréquenté, où les eaux troubles de la marine marchande deviennent le théâtre d’une lutte acharnée pour la vérité. Une traversée audacieuse qui, malgré ses remous, mérite le détour.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste