
Les nominations pour la 50e cérémonie des César sont tombées le 29 janvier 2025 et comportent forcément quelques surprises.
Si les films du trio de tête Le Comte de Monte-Cristo (14 nominations), L’amour ouf (13 nominations) et Emilia Pérez (12 nominations) sont particulièrement représentés lors de cette 50e cérémonie des César, certaines œuvres ayant marqué le cinéma français en 2024 manquent à l’appel.
C’est le cas notamment des films de comédie, une nouvelle fois snobés par l’Académie. Un p’tit truc en plus, le plus grand succès de l’année en termes d’entrées repart seulement avec une nomination (pour Artus dans la catégorie du meilleur premier film), mais d’autres propositions originales sont totalement absentes. C’est le cas notamment de Nous, les Leroy de Florent Bernard — Grand Prix de l’Alpe d’Huez —, ou de Bis repetita d’Émilie Noblet. Même Quentin Dupieux, avec sa comédie satirique Le deuxième acte, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2024, n’est pas présent, démontrant un désintérêt important pour le genre.
Parmi les films marquants de cette année 2024, l’adaptation ambitieuse des frères Boukherma du livre Goncourt Leurs enfants après eux n’a eu aucune nomination (et ne figure même pas dans la catégorie de la meilleure adaptation), tout comme le film choc Ni chaînes ni maîtres, À son image, Trois Amies, Emmanuelle, ou même Niki.
Le cas de The Substance enfin, permet de mettre en lumière les règles de l’Académie. Bien que réalisé par une française, Coralie Fargeat, le film, produit par des boites étrangères, n’était éligible que dans la catégorie du meilleur film étranger.
Merci les Cesar! (J’en profite pour préciser que The Substance n’était eligible que dans une seule catégorie – MEILLEUR FILM ÉTRANGER – car financé aux Etats-Unis) Très heureuse de figurer ici! 🙏 @TryTheSubstance @mubi @Metropolitan_Fr pic.twitter.com/i3XQcFd872
— Coralie Fargeat (@coraliefargeat) January 29, 2025
Les femmes ignorées ?
Il y a quelques jours, l’Académie des César prenait enfin une mesure attendue et nécessaire : suspendre tout membre mis en cause par la justice pour violences sexuelles. Une décision faisant notamment suite à la polémique de 2020 (avec la nomination et la victoire de Roman Polanski) mais surtout une façon de soutenir davantage la libération de la parole des femmes dans le milieu, constatée depuis plusieurs mois.
Du côté des nominations néanmoins, le chemin vers une meilleure représentation est encore long. Cette année, aucune femme n’est nommée dans la catégorie de la meilleure réalisation, alors même que certains films réalisés par des femmes sont présents dans la catégorie du meilleur premier film (Agathe Riedinger pour Diamant brut et Louise Courvoisier pour Vingt Dieux).
Pour le meilleur film également, seuls des longs-métrages réalisés par des hommes sont cités, démontrant un manque flagrant de parité. Mais les César sont loin d’être les seuls en cause. Pendant longtemps, le Festival de Cannes s’était fait critiqué pour le manque de femmes réalisatrices et à l’époque, Thierry Frémaux temporisait en indiquant que les festivals (ou les cérémonies de récompenses) sont le bout de la chaine de production cinématographique et qu’ils reflètent la triste réalité du milieu.
Si les choses bougent doucement, il reste surprenant de constater l’absence de femmes dans les deux catégories les plus importantes des César alors même que des propositions existent en 2024. On pourrait ainsi citer Les femmes au balcon de Noémie Merlant, All We Imagine As Light de Payal Kapadia ou encore Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, qui aurait été un bel hommage posthume à la cinéaste décédée en 2023. La cérémonie est attendue le 28 février sur Canal+.