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Bientôt l’heure de la renaissance pour la Cinecittà, les mythiques studios de cinéma romains ?

20 décembre 2021
Par Félix Tardieu
Décors de la Cinecittà, studios fondés en 1937 sous le gouvernement fasciste de Mussolini
Décors de la Cinecittà, studios fondés en 1937 sous le gouvernement fasciste de Mussolini ©Shutterstock

Grâce à un important plan de relance européen, la célèbre « ville du cinéma » italienne espère redevenir une plaque tournante des productions cinématographiques européennes et internationales.

La Cinecittà est en passe de connaître un nouvel âge d’or. Comme rapporté par l’AFP (Agence France-Presse), les célèbres studios de cinéma de la banlieue romaine, fondés en 1937 sous l’impulsion du régime fasciste alors en place, vont bénéficier d’une enveloppe de 260 millions d’euros qui devraient leur permettre de concurrencer avec les studios londoniens de Pinewood ou encore ceux de Babelsberg (Allemagne) ou de Korda (Hongrie). 172 millions d’euros seront consacrés à l’agrandissement des studios Cinecittà – qui devraient doubler de surface (ils occupent actuellement 40 hectares) – comprenant la construction de cinq nouveaux plateaux de tournage ainsi que la rénovation et l’agrandissement de cinq plateaux existants, dont le célèbre décor de la Rome antique auquel sera ajouté un amphithéâtre.

À ajouter à cela douze millions d’euros qui financeront une piscine intérieure pour les tournages sous-marins, un studio à écran vert pour la capture de mouvements (motion capture) et les tournages 3D et une grande scène LED pour les productions en réalité virtuelle. Sous la houlette de son nouveau directeur général Nicola Maccanico, la Cinecittà espère ainsi devenir « un pôle de référence pour le nouveau marché de la production audiovisuelle en Europe ».

Charlton Heston dans la scène de la course de chars dans Ben-Hur (1959) de William Wyler ©MGM

Depuis l’annonce de leur remaniement en mai dernier, les studios de la Cinecittà ont affiché un taux d’occupation de près de 80 %, rapporte Variety, attirant des productions internationales telles que House of Gucci (Ridley Scott), les séries Domina (Sky), Ripley (Showtime), Boris 4 (Disney+ Italie) et bientôt la série italienne Fedeltà (Netflix) ou encore le prochain film de Nanni Moretti. Au cours de sa longue histoire, la Cinecittà a accueilli plus de 3 000 films, dont des classiques intemporels du cinéma tels que Ben-Hur (William Wyler, 1959), La Dolce Vita (Federico Fellini, 1960), Cléopâtre (Joseph L.Mankiewicz, 1963), Pour une poignée de dollars (Sergio Leone, 1964) et tant d’autres.

Marcello Mastroianni et Anita Ekberg dans La Dolce Vita (Federico Fellini, 1960) ©Ciné Sorbonne

Entre les péplums et autres superproductions américaines tournées à moindre coût, les westerns spaghettis et les grands classiques du cinéma italien – avec Fellini en chef de fil – le « Hollywood du Tibre » atteint définitivement son apogée dans les années 1950-1960 après avoir été relativement délaissé à la fin de la Guerre. Malgré son déclin à partir des années 1970, symptôme de l’avènement de la télévision, la Cinecittà continuera notamment d’accueillir l’indécrottable Fellini, qui y tournera des dizaines de films. Ponctuellement, quelques superproductions continueront d’y être tournées à l’instar de Gangs of New York (Martin Scorsese, 2003) Anges et Démons (Ron Howard, 2009), des séries Rome (HBO, 2005-2007) et The Young Pope (Paolo Sorrentino, 2016) ou encore la saison 6 de Kaamelott (M6, 2005-2009). À l’été 2007, la « fabrique des rêves » subira un terrible incendie emportant près de 4 000 m2 du complexe. En 2011, la Cinecittà ouvrira ses portes au public, émerveillé par les décors colorés de la Rome de César ou de la Florence de la Renaissance.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste