Inspirée par un scandale réel, la nouvelle série de Netflix mêle espionnage, drames personnels et conspirations politiques. Mais que reste-t-il de la réalité derrière la fiction ?
Un Londres illuminé par les décorations de Noël, et derrière la façade parfaite d’une famille modèle se cache un monde d’espionnage et de duplicité. Ce décor tout aussi festif que glaçant est celui de la nouvelle série Netflix Black Doves, disponible depuis le 5 décembre sur la plateforme. Porté par la célèbre actrice britannique Keira Knightley, accompagnée de Ben Whishaw, ce thriller mêle intrigues politiques, drames personnels et conspirations géopolitiques dans une Grande-Bretagne hivernale.
Espionnage et politique
Le show suit l’histoire d’Helen Webb, épouse dévouée d’un politicien influent, qui mène une double vie : membre des Black Doves, une organisation secrète, elle transmet depuis dix ans les secrets de son mari. Mais tout bascule lorsque son amant est brutalement assassiné. Aidée par Sam, un tueur à gages et ancien ami, Helen se lance dans une quête périlleuse pour découvrir la vérité.
L’intrigue, qui mêle avec thriller, romance et espionnage, évolue dans un cadre familier aux amateurs de récits sur le MI5, le MI6 et autres organisations britanniques – bien réelles. Une toile de fond qui a naturellement conduit les abonnés de Netflix à se poser une question : Black Doves est-il inspiré d’une histoire vraie ?
Une fiction nourrie par un vrai scandale
Une chose pour commencer : les « black doves », ou « colombes noires » en version française, ne sont que le fruit de l’imagination du créateur de la série, Joe Barton. En revanche, leur création trouve un écho troublant dans un scandale bien réel : celui des « policiers-espions ».
Entre 1968 et 2010, une unité secrète de la police métropolitaine a infiltré plus d’un millier de mouvements politiques et environnementaux. Ces agents vivaient sous des identités fictives soigneusement construites, établissant des relations intimes avec leurs cibles, certaines allant jusqu’à donner naissance à des enfants, avant de disparaître une fois leur mission achevée.
Le cas glaçant des spy cops britanniques
Joe Barton n’a pas caché s’être inspiré de ces révélations pour concevoir Black Doves. Dans une interview accordée à Radio Times, il confie : « J’avais lu à propos de ces policiers espions qui s’étaient infiltrés dans des groupes environnementalistes et avaient fini par avoir des enfants avec des membres. C’est une histoire vraiment horrible, bien plus sombre que celle-ci. Mais cette idée de duplicité, d’un mariage fictif qui dure des années, puis s’effondre, était une grande source d’inspiration. »
Ce scandale, parfois désigné sous le nom de spy cops, a pris une tournure particulièrement glaçante en 2021 lorsqu’un tribunal britannique a condamné les pratiques de la police. Le cas de Kate Wilson, militante écologiste dupée pendant deux ans par Mark Kennedy, un agent infiltré, a marqué les esprits. La justice a jugé que cette opération violait ses droits fondamentaux et soulignait des « manquements inquiétants et lamentables aux droits humains ».
Un sujet qui continue de questionner
Depuis 2015, la police britannique affirme avoir mis fin aux pratiques des spy cops, imposant des règles strictes, notamment l’interdiction de relations intimes avec leurs cibles. Pourtant, comme le rapportait France Info en octobre 2021 – le mois du procès –, une nouvelle loi autorise désormais les agents infiltrés à commettre des actes illégaux dans l’exercice de leurs missions, dès lors qu’ils servent les intérêts économiques ou sécuritaires du Royaume-Uni.
Cette disposition, perçue comme une dérive par ses détracteurs, relance les doutes sur les abus passés et la volonté réelle de les prévenir. Entre ombres du scandale et législation controversée, l’affaire des spy cops continue de questionner.