Entretien

Chris Sanders pour Le Robot sauvage : “Il n’y a pas de substitut à ce qu’une main humaine peut créer”

09 octobre 2024
Par Robin Negre
“Le Robot Sauvage” est attendu dans les salles obscures ce 9 octobre.
“Le Robot Sauvage” est attendu dans les salles obscures ce 9 octobre. ©DreamWorks

À l’occasion de la sortie du nouveau film DreamWorks au cinéma le 9 octobre, L’Éclaireur s’est entretenu avec le réalisateur Chris Sanders et le producteur Jeff Hermann.

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration sur le film ? Du début de la production à sa création, comment avez-vous travaillé ensemble ?

Chris Sanders : C’est la première fois que je travaille avec Jeff. Il m’a été vivement recommandé, tout le monde me disait : “Travaille avec Jeff, c’est le bon !”, dont Tom McGrath [réalisateur de Baby Boss, ndlr]. Jeff a fait un travail incroyable. Il a orchestré la production et a rassemblé une des meilleures équipes du monde pour ce projet. Cela m’a permis de faire ce que j’avais à faire. Je n’ai pas eu à m’inquiéter du reste. J’étais en mesure de rester concentré sur mon travail et mon travail seulement. Ça m’a rendu plus efficace.

Jeff Hermann : Pour moi, travailler avec Chris Sanders était comme un rêve éveillé. Une des choses que j’aime le plus chez lui, c’est à quel point il est ouvert à la collaboration. Tout le monde se sent accueilli et libre d’échanger sur des questions et des sujets essentiels. Le seul but est de faire le meilleur film possible.

Au début du film, le robot Roz apprend le langage des animaux. Avez-vous hésité, à un moment de la production, à ne pas lui faire apprendre ce langage pour offrir aux spectateurs une œuvre entière sans dialogue ?

C. S. : C’est en réalité un aspect très important du livre. On a passé un moment à imaginer la bonne façon de représenter cet apprentissage, mais c’est un élément présent dans le livre qui est particulièrement décisif. C’est quelque chose que Roz fait alors qu’elle n’est pas programmée pour le faire. L’un des messages du film est de dire que l’on peut justement dépasser sa “programmation” et que, parfois, il le faut pour survivre. Elle le fait et c’est là tout le problème de la compagnie qui l’a créée, car Roz fait des choses qui ne sont pas dans son ADN initial. Décoder le langage des animaux est essentiel à l’histoire.

Le Robot sauvage.©DreamWorks

La musique du film joue un rôle important dans l’histoire. Comment avez-vous travaillé avec le compositeur Kris Bowers ? Aviez-vous une envie particulière ?

J. H. : Nous n’avions rien de précis en tête concernant le style musical. Un des éléments que nous avons repris du livre était de rendre l’histoire intemporelle. Je pense que c’est aussi ce que nous voulions pour la musique, ceci dit. Nous ne voulions pas un film avec une bande originale seulement composée de chansons pop, par exemple, avec des morceaux que nous connaissons et qui auraient été trop identifiables, au risque de sortir du film. Lors des discussions préliminaires chez Universal Music, ils nous ont indiqué Kris Bowers. Il travaillait déjà depuis un moment, mais nous ne le connaissions pas avec Chris. Nous nous sommes plongés dans ce qu’il avait fait et avons vraiment aimé sa sensibilité et son éventail très large. Il a un talent particulier pour faire quelque chose de contemporain avec tout de même une sonorité proche de la musique classique. C’est un mélange intéressant.

Le Robot Sauvage.©DreamWorks

En général, on s’associe très tôt avec un compositeur, mais on ne travaille effectivement avec lui que bien plus tard dans le processus de réalisation d’un film, une fois que l’animation est quasiment terminée, pour leur éviter de tout changer ou de reprendre s’il y a des modifications en cours de route. Avec Le Robot sauvage, Kris Bowers a eu le temps et l’envie de travailler très tôt avec nous. Je pense que cela a profité au film. Il était en mesure d’écrire et d’essayer des choses bien plus tôt. Cela nous a donné l’occasion de ressentir profondément sa musique.

DreamWorks fête ses 30 ans et le style d’animation connaît en ce moment une véritable évolution graphique, avec par exemple Le Chat Potté 2, mais aussi structurelle avec le premier remake live à venir, Dragons. Vous étiez coréalisateur de ce dernier, avez-vous participé à ce film en prises de vues réelles d’une façon ou d’une autre ?

C. S. : Oui, dans la mesure où l’histoire est celle du premier film. Sur le film d’animation Dragons, Dean DeBlois et moi avons collaboré à 50/50 sur tout. Inévitablement, ma voix est présente dans le remake, mais cela reste le bébé de Dean, il se l’est complètement approprié. Il me tient au courant et me montre ce qu’il fait.

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DreamWorks connaît une évolution assez importante. Qu’est-ce que cela représente pour vous de revenir à l’animation, plus de dix ans après votre dernier film ? Entre-temps, vous avez travaillé sur un live, L’Appel de la forêt. Avez-vous découvert une nouvelle manière de travailler ? 

C. S. : J’ai adoré faire de la prise de vues réelle. La raison pour laquelle j’ai accepté le projet, c’est qu’il y avait une composante importante d’animation. Je me sentais à l’aise et capable de le faire. J’ai énormément appris avec L’Appel de la forêt et cela m’a servi en revenant chez DreamWorks, car j’avais travaillé avec des acteurs sur le plateau. Le voyage pour trouver le personnage de Roz, la définir et la créer nécessitait de passer beaucoup de temps avec Lupita Nyong’o [elle double Roz, en anglais, ndlr]. Toute l’expérience de rester avec des acteurs lors d’un tournage m’a permis de mieux travailler avec Lupita et de trouver la “voix” de Roz.

Le choix de la 3D stylisée était-il évident ? Avez-vous eu des discussions concernant la 2D, la 3D ou une approche plus conceptuelle de l’animation ?

C. S. : Le style de l’animation devait être au service du succès de l’histoire. C’est l’histoire d’un robot, d’un robot sophistiqué et high-tech perdu dans un monde sauvage, naturel et dangereux. Ce contraste devait être aussi grand que possible pour que le public soit investi le plus possible. Cela nécessitait d’avoir des décors et des arrière-plans qui retrouvaient le style des films qui nous ont fait aimer l’animation dans un premier temps, tels que Pinocchio et Bambi. Il n’y a pas de substitut à ce qu’une main humaine peut créer.

« En tant que studio, on a appris qu’il est possible de faire quelque chose de différent. »

Chris Sanders
Réalisateur

En termes de production, est-ce que Le Robot sauvage est différent de vos précédents films ?

J. H. : Ils sont tous très différents. À chaque fois que nous faisons un film, même si c’est avec les mêmes personnes, c’est une toute nouvelle expérience pour un nombre de raisons incalculable. Je pense que ce qui était remarquable et spécial à propos du Robot sauvage, c’est l’esprit de collaboration de Chris et les personnes qui gravitent autour de lui. Cela rend tout plus agréable, plus facile, mais surtout plus inspirant. Les personnes impliquées veulent réaliser leur meilleur travail pour Chris grâce à la façon dont il se comporte. Cela a rendu l’expérience unique.

Le Robot sauvage.©DreamWorks

Qu’avez-vous appris en faisant Le Robot sauvage ?

C. S. : J’ai énormément appris des gens avec qui j’ai travaillé. Les talents autour de nous, ce qu’ils sont capables d’accomplir.

J. H. : Je suis d’accord, c’est un effort collectif de tous ceux impliqués dans la façon dont Chris a posé les bases et les fondations. Mais chacun a ajouté une pierre à l’édifice, que cela soit visuel ou narratif. 

La bande-annonce du Robot Sauvage.

C. S. : J’ajouterais aussi que, en tant que studio, on a appris qu’il est possible de faire quelque chose de différent, avec une proposition ambitieuse, moins portée sur l’humour. C’était un choix ambitieux pour fêter les 30 ans du studio. J’espère que cela sera un succès auprès du public, car c’est définitivement un succès en ce qui nous concerne.

Le Robot sauvage, de Chris Sanders, 1h42, au cinéma le 9 octobre 2024.

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