
Val Kilmer avait quasiment disparu des écrans de cinéma en raison d’un cancer de la gorge. Mais il reste l’un des plus grands acteurs de ces dernières décennies. La star nous a quittés ce 1er avril à 65 ans des suites d’une pneumonie. Acteur sans concessions, tête brûlée aux rôles de héros magnifiques, toujours au bord du fil. Retour sur quelques-uns de plus grands rôles de l’inoubliable Val.
Tom Kazansky/IceMan dans Top Gun (1986)
Après deux films au succès confidentiel, le jeune Val Kilmer est choisi pour jouer le meilleur ennemi de Tom Cruise dans Top Gun, de Tony Scott, bromance contrariée sur fond d’avions supersoniques. Avec Iceman, personnage culte du mauvais garçon à la gueule d’ange, Val Kilmer impose à la fois son charisme et sa personnalité volcanique dans ce qui sera l’un de ses films cultes.
Val Kilmer reprendra le rôle de Kazanky/Iceman pour Top Gun : Maverick en 2022 dans une scène silencieuse et sublime où il accepte d’être filmé diminué, mais toujours battant. Mais qui sonne presque déjà comme un adieu. Bouleversant.
Madmartigan dans Willow (1988)
Devenu star du jour au lendemain grâce à Top Gun, Val Kilmer s’élance tout en armure dans l’univers de la fantasy pour Willow de Ron Howard. Succès d’estime à sa sortie, le film est depuis considéré comme un classique du genre, notamment grâce à la prestation de l’acteur en mercenaire au grand cœur, Madmartigan. C’est lui qui accompagne Willow Ufgood vers sa destinée, saisissant par sa prestance et sa bravoure.
Jim Morrison dans The Doors (1991)
Tout grand acteur qui se respecte se doit de jouer au moins une fois dans un biopic. Val Kilmer le fait dès 1991 et se plonge corps et âme dans une incarnation devenue iconique de Jim Morrison pour The Doors d’Oliver Stone. Il devient le chanteur à la destinée tragique et à la gloire intemporelle, interprétant lui-même la plupart des hits du film, bluffant jusqu’aux musiciens des Doors.
Le film est un échec commercial à sa sortie, mais l’image de Kilmer en Morrison deviendra mythique. On le retrouvera d’ailleurs dans la peau d’une autre star de la musique pour True Romance. Un Elvis Presley totalement fantasmé.
Ray Levoi dans Cœur de tonnerre (1992)
Grand film policier des années 1990, Cœur de tonnerre, de Michael Apted est une nouvelle variation de héros sacrificiel dont Kilmer va se faire le chantre. Ici, il est Ray Levoi, agent du FBI d’origine sioux qui doit traverser toute une série d’épreuves douloureuses au cours d’une enquête qui vire à l’introspection.
Depuis The Doors, Kilmer semble mettre un point d’honneur à interpréter des personnages plus tourmentés, à la dualité obsédante, comme s’il cherchait à se distinguer des autres stars de son époque, Tom Cruise et Richard Gere en tête.
Doc Hollyday dans Tombstone (1993)
Western sanglant de George Pan Cosmatos, Tombstone revient sur la fameuse fusillade d’O.K. Corral survenue en 1881. On y retrouve donc des anti-héros des grandes plaines américaines ayant réellement existé, tels que Wyatt Earp, Johnny Ringo et Doc Holliday. C’est ce dernier qu’incarne Val Kilmer : un personnage au destin atypique qui passe de dentiste à tueur de sang-froid à la gâchette facile.
Batman dans Batman Forever (1995)
Après la version gothique de Tim Burton, Joel Schumacher fait naître un Batman flamboyant. Pour Batman Forever, troisième opus ciné de la chauve-souris masquée, il demande à Val Kilmer au sommet de sa gloire, de devenir ce super-héros au passé douloureux. Il accepte et fait face à un casting de stars du moment : Jim Carrey, Tommy Lee Jones ou encore Nicole Kidman.
Le film, bariolé et cartoonesque, déconcerte à la fois les fans et les critiques. Kilmer ne rempilera pas pour la suite. Il demeure toutefois un Batman habité et l’un des plus appréciés du grand public.
Chris Shiherlis dans Heat (1995)
Pour Heat de Michael Mann, Val Kilmer relève un défi de taille. Briller, coincé entre un duo de stars et la confrontation de deux géants du cinéma, Al Pacino et Robert De Niro. Il y parvient haut la main. Il y est un braqueur de banque associé à De Niro, caution romantique pour son histoire d’amour complexe avec son épouse et confronté à une fuite permanente pour ne pas être pris par la police.
Un film à l’ambiance crépusculaire devenu culte notamment pour son trio d’acteurs particulièrement investis.
Simon Templar dans Le Saint (1997)
Après Batman, Kilmer redevient un héros connu dans le monde entier, Simon Templar. Adaptation de la série éponyme des années 1960, Le Saint de Philip Noyce est un thriller d’espionnage chic et choc pour lequel Val Kilmer succède au charme désuet de Roger Moore. Voleur international qui ferait pâlir Arsène Lupin, Simon Templar se retrouve dans une nouvelle aventure pleine de dangers et de femmes fatales.
Le film aurait dû devenir une saga, mais il n’en restera qu’à cet unique essai, malgré l’implication sans faille de son acteur principal, dans un rôle à la fois physique et psychologique.
Danny Parker/Tom Van Allen dans Salton Sea (2002)
Double rôle pour Val Kilmer dans Salton Sea de D.J. Caruso : celui d’un trompettiste revanchard d’un côté et de l’autre, celui d’un indic, camé de la tête aux pieds. Deux rôles complexes, mélancoliques, éperdus, deux facettes d’un même acteur qui lui-même semble se chercher depuis les échecs successifs de ses derniers films. Il est pourtant ici saisissant de justesse, bouleversant et obtiendra d’ailleurs le prix du meilleur acteur aux Prism Awards.
Philippe II de Macédoine dans Alexandre (2004)
Pour Alexandre, Val Kilmer retrouve Oliver Stone, 13 ans après The Doors. Cette fois-ci, il n’a pas le rôle-titre, attribué à Colin Farrell, mais incarne le père de ce dernier, Philippe II de Macédoine, époux d’Olympias, alias Angelina Jolie. Un second rôle marquant qui le verra se faire assassiner devant son fils.
Une nouvelle ère qui s’annonce pour Kilmer : désormais il sera en retrait, juste quelques apparitions plus ou moins longues pendant lesquelles on ne verra pourtant que lui. Tout un art.
Lui-même dans Val (2021)
Alors qu’il est au plus mal, en lutte contre son cancer, Val Kilmer accepte d’être filmé sans détours pour le documentaire Val, de Leo Scott et Ting Poo. On plonge dans les coulisses de sa carrière cinématographique, mais aussi dans sa vie privée, entre drames personnels et histoire d’amour avec l’actrice Joanne Whalley.
Des images d’archives émouvantes narrées par Jack Kilmer, fils de l’acteur qui ne pouvait alors pratiquement plus parler. Magnifique.