Critique

Love Lies Bleeding : Kristen Stewart de retour dans une romance noire et pulp

12 juin 2024
Par Lisa Muratore
Kristen Stewart est à l'affiche ce 12 juin de “Love Lies Bleeding”.
Kristen Stewart est à l'affiche ce 12 juin de “Love Lies Bleeding”. ©Metropolitan FilmExport

Avec Love Lies Bleeding, Rose Glass marque son retour au cinéma après le film d’horreur Saint Maud (2019) et assoie ses obsessions dans un long-métrage violent, pop, romantique et drôle. Une pépite à découvrir dès ce mercredi 12 juin au cinéma.

Deux ans après Les crimes du futur de David Cronenberg, Kristen Stewart est de retour sur grand écran avec Love Lies Bleeding. Réalisé par Rose Glass, que l’on avait découvert avec Saint Maud en 2019, le film raconte l’histoire de Lou, une gérante solitaire d’une salle de sport, qui va éperdument tomber amoureuse de Jackie (Katy O’Brian), une ambitieuse sportive qui n’a qu’un seul objectif : se rendre à Los Angeles afin de remporter un concours de culturisme.

Si les deux jeunes femmes vont, ensemble, tenter de trouver le bonheur, ainsi qu’un échappatoire à leur condition, la violence de leur monde va rapidement les rattraper. Un beau-frère brutal (Dave Franco), un père mafieux dingue d’armes à feu (Ed Harris), ou encore une collègue toxique (Anna Baryshnikov) sont autant de monstres qui hantent le tableau de Love Lies Bleeding. À mesure que le long-métrage se met en place et trouve dans les violences conjugales subies par le personnage de Jena Malone son point de bascule, la noirceur des protagonistes va se dévoiler… même celle de Lou et de Jackie.

L’affirmation d’une cinéaste

Nos héroïnes vont à leur tour se laisser aller à une sauvagerie presque obsessionnelle, comme si tous leurs efforts étaient vains et que le poids de leur passé revenait pour les hanter et les empêcher d’être heureuses, ensemble. Avec Love Lies Bleeding, Rose Glass continue d’explorer les relations entre les personnages féminins et féministes. Après Maud et Amanda, c’est au tour de Lou et de Jackie d’être au centre de cette fiction aussi lumineuse que sombre.

Katy O’Brian dans Love Lies Bleeding.©Metropolitan FilmExport

Bien qu’il présente avec douceur et beauté la romance entre Lou et Jackie, Love Lies Bleeding joue aussi avec la laideur des décors, de sa mise en scène et de ses personnages. Si le film s’écarte du ton horrifique de Saint Maud, il n’en reste pas moins particulièrement graphique mélangeant le body-horror de David Cronenberg avec une forme d’agressivité — jouissive, pulp et drolatique — qui rappelle Quentin Tarantino et les frères Coen.

Cependant, malgré les noms qu’elle convoque, la réalisatrice trouve ici son propre rythme et sa patte en offrant également un film engagé, qui déconstruit les clichés autour des personnages féminins lesbiens. Mieux encore, avec Love Lies Bleeding, Rose Glass assoie ses obsessions tout en proposant une mise en scène plus colorée.

Bande-annonce de Saint Maud.

Entre poursuite d’un style et exploration d’un nouvel univers, la cinéaste signe avec son second long-métrage une œuvre unique mélangeant autant le gore, la romance, le psychédélique que l’humour, le tout porté par une distribution habitée.

Portrait d’une Amérique

Kristen Stewart offre ainsi une performance hypnotique tandis qu’Ed Harris nous glace le sang dans la peau d’un redneck violent. Kathy O’Brian, véritable révélation du casting, parvient, quant à elle, à nous séduire autant qu’à nous effrayer à travers une fascinante musculature.

Enfin, à travers cette galerie de personnages Rose Glass dresse aussi un portrait de l’Amérique dans ce qu’elle a de plus poisseuse en filmant le destin de parvenus, au fin fond des États du sud. Love Lies Bleeding cultive ainsi plusieurs genres entre récit social, thriller noir et histoire d’amour. Il en ressort un film dense, une pépite cinématographique, à ne pas manquer dès ce mercredi 12 juin au cinéma.

Kristen Stewart et Kathy O’Brian dans Love Lies Bleeding.©Metropolitan FilmExport

Love Lies Bleeding de Rose Glass avec Kristen Stewart, Kathy O’Brian, Ed Harris, Dave Franco et Jena Malone, 1h44, le 12 juin au cinéma.

À lire aussi

Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste