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Vendu aux enchères, cet autoportrait de Frida Kahlo devient l’oeuvre la plus chère de l’artiste

18 novembre 2021
Par Félix Tardieu
Le tableau "Diego y yo" (1949) de Frida Kahlo, adjugé 34,9 millions de dollars chez Sotheby's
Le tableau "Diego y yo" (1949) de Frida Kahlo, adjugé 34,9 millions de dollars chez Sotheby's ©AFP / Courtesy of Southeby's

Le 16 novembre dernier, lors de la vente “Modern Evening” chez Sotheby’s, l’autoportrait Diego y yo de Frida Kahlo a été adjugé 34,9 millions de dollars. Un record pour la peintre mexicaine et plus généralement pour l’art latino-américain.

Diego y yo (Diego et moi), réalisé en 1949, est l’un des derniers autoportraits réalisés par Frida Kahlo. Dépassant de peu les estimations de départ (entre 30 et 50 millions de dollars), le tableau détrône néanmoins le précédent record de l’artiste –  Deux nus dans la forêt (la terre même), vendu chez Christie’s pour huit millions de dollars en 2016 – et devient au passage l’oeuvre latino-américaine la plus chère de l’Histoire. Un record précédemment détenu par le célèbre peintre mexicain Diego Rivera, dont la toile Les Rivaux (1931) avait été adjugée pour près de 10 millions de dollars lors de la vente historique de la collection Rockefeller en 2018, chez Christie’s.

Frida Kahlo, Diego y yo, 1949 © Sotheby’s

Cet autoportrait de Frida Kahlo a la particularité de représenter ce même Diego Rivera flanqué sur son front, tel un troisième œil, tandis que des larmes coulent sur son visage. C’est ainsi l’un des rares autoportraits où Frida Kahlo dépeint frontalement – c’est le cas de le dire – sa relation tourmentée avec Diego Rivera, qu’elle a épousé à deux reprises. Un autoportrait dans la veine surréaliste de Frida Kahlo qui, comme souvent, canalise sa douleur, ici à travers les larmes, les yeux noirs qui semblent chercher quelque chose dans notre propre regard ou encore ses cheveux qui semblent l’étouffer. C’est sans doute la représentation de ce couple mythique qui a attiré l’attention d’Eduardo F. Costantini, homme d’affaires et président du musée d’art latino-américain de Buenos Aires. Lorsque Frida Kahlo peint ce tableau en 1949, Rivera entretient une liaison avec l’actrice mexicaine Maria Felix, tandis que sa condition physique et mentale se détériore sévèrement. La peintre mourra cinq ans plus tard, après des années de convalescence. 

Portrait de Frida Kahlo par l’artiste américaine Lucienne Bloch en 1933 © Lucienne Bloch, Courtesy Galerie de l’Instant, Paris

Si l’autoportrait de Frida Kahlo n’est pas parvenu à battre le record de vente détenu par une femme artiste – établi en 2016 par Georgia O’Keeffe et sa toile Jimson Weed/White Flower No. 1 (adjugée 44,4 millions de dollars chez Christie’s en 2016) – et se situe encore loin des chiffres affichés par ses homologues masculins, à qui elle n’a pourtant rien à envier, la vente de ce tableau a néanmoins eu le mérite d’attirer l’attention des collectionneurs sur l’art latino-américain et ses représentantes. Au milieu des Monet, Picasso, Renoir, Monet, Chagall, Soulages et autres valeurs sûres du marché, la vente « Modern Evening » a également mis à l’honneur la peintre mexicaine Remedios Varo, dont Les Feuilles mortes (1956) a été adjugé 2,7 millions de dollars, ou encore les oeuvres de l’artiste d’origine italo-argentine Leonor Fini, dont la toile Les Aveugles (1968) a été adjugée 867 000 dollars, triplant ainsi son estimation de départ. 

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste