Entretien

Julien Doré : “Panda est aussi empathique que moi, c’est un personnage profondément gentil”

30 novembre 2023
Par Nicolas Bellet
Julien Doré est la tête d'affiche de la série “Panda”, sur TF1.
Julien Doré est la tête d'affiche de la série “Panda”, sur TF1. ©Sylvain Goledzinowski (Sayem)/Superprod/TF1

Un nouveau héros policier arrive sur TF1 en cette fin de mois de novembre bien maussade. Panda, c’est son nom, est interprété par un Julien Doré tout en désinvolture et autodérision. L’Éclaireur a eu l’occasion d’échanger avec lui sur ce rôle sur mesure, entre deux épisodes.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans la série Panda ?

C’est surtout l’écho de ce personnage qui résonnait en moi. Il a fui son premier métier [un flic, ndlr] pour ouvrir un bar de plage. Ce changement de vie m’a rappelé celui que j’ai fait en partant de Paris pour venir m’installer au cœur des Cévennes. Ça m’a beaucoup parlé. J’ai aussi été séduit par l’humour de la série. Elle est véritablement portée par des répliques et un ton qui veut juste faire rire et faire du bien, sans prétention.

Comment la définiriez-vous ?

Pour moi, c’est un mix entre Navarro et Les Experts, sauf que ce sont les experts de Palavas ! Les personnages sont des antihéros qui font ce qu’ils peuvent et n’hésitent pas à admettre qu’ils ne comprennent rien ou qu’ils font des erreurs. J’aime assez ce contre-pied-là. Ça donne un ton général un peu en décalage avec l’assurance qu’on a l’habitude de voir chez les héros de séries policières. Panda en devient attachante, parce qu’elle est vraie.

Panda semble avoir été écrit pour vous, ne serait-ce que par son nom qui provient d’une de vos chansons. En quoi le personnage vous ressemble-t-il ?

Je pense qu’il me ressemble surtout dans l’empathie qu’il ressent. C’est un personnage profondément gentil qui essaie toujours de prendre un peu de temps pour “ressentir” une personne avant de la juger. C’est quelque chose que je fais beaucoup. Certes, je vis dans la forêt et je vois assez peu de monde – donc, on va dire qu’en termes de sociabilité, je me suis quand même épargné pas mal de choses –, mais j’ai le sentiment de me comporter un peu comme lui dans mes rencontres.

Le rapport direct au public que vous pouvez avoir en concert ne vous manque-t-il pas quand vous jouez la comédie ?

Non, pas vraiment. Vous savez, il ne faut pas envisager un tournage comme la scène, mais plus comme le moment de fabrication d’un album. Sur un plateau, on est un peu comme dans un studio d’enregistrement avec des partenaires de jeux qui sont des musiciens. On est dans un laboratoire, on essaie des choses en groupe. On en discute, on crée ensemble…

©SYLVAIN GOLEDZINOWSKI (SAYEM) / SUPERPROD /TF1

Dans Dix pour cent, vous jouiez déjà un personnage proche de votre personnalité, une sorte de caricature. Est-ce plus facile que des rôles de composition ?

Je ne sais pas. J’avoue que tout ceci est un peu nouveau pour moi, même si j’ai déjà participé à quelques tournages. J’ai plus l’habitude d’écrire des chansons et de monter sur scène. En fait, je ne me pose pas trop ce genre de questions. Néanmoins, il y a sans doute une part de refuge inconsciente dans ces choix – et à plusieurs niveaux, d’ailleurs. Le personnage de Panda me ressemble, nous tournions en Camargue, la région qui m’a vu grandir, j’interprétais le premier rôle de ce projet… Tous ces éléments m’ont certainement aidé à me sentir bien.

Je pense surtout qu’on risque d’être prisonnier quand on joue un personnage que l’on n’est pas vraiment. Il y a tellement d’artistes prisonniers de personnages qu’ils ne sont pas. Des artistes enfermés dans des images qu’ils renvoient qu’ils ne sont absolument plus, une fois les caméras éteintes… Honnêtement, je préfère vraiment être enfermé dans mes propres tatanes !

©SYLVAIN GOLEDZINOWSKI (SAYEM) / SUPERPROD /TF1

Une carrière de comédien vous tente-t-elle ?

J’aimerais vous dire que j’ai énormément de propositions, mais ce n’est pas le cas. Ça surgit de temps en temps dans ma vie, et je le prends comme des bulles d’air parallèles à la musique. Il n’y a aucune stratégie de carrière de mon côté. En réalité, j’ai mon chemin : la musique dans laquelle je travaille, je trébuche, je me relève et j’avance. Et puis, sur les côtés, il y a des petits chemins de traverse, des challenges qui se présentent à moi. Je me demande juste si ça m’amuse et si j’ai envie d’y aller.

Il y a un moment dans la série où vous chantez faux. Était-ce facile pour un chanteur comme vous ?

Les gens qui me détestent vous diront que oui ! En réalité, ce n’était pas si simple à faire. Le problème n’était d’ailleurs pas tant de chanter faux, mais surtout de ne pas chanter dans le rythme. La rythmique, c’est un truc qui m’obsède depuis toujours. J’adore jouer avec quand je compose. Au final, cette scène de karaoké était amusante, mais pas évidente à faire. C’était bien galère.

Comment expliquez-vous le fait que beaucoup de chanteurs et de chanteuses passent devant la caméra ? Est-ce un prolongement des deux activités ?

Non, je pense que ça dépend surtout de chaque projet. On ne peut pas faire de généralités. En tout cas, ce n’est absolument pas un passage évident. Jouer la comédie n’est pas quelque chose de facile qu’on sait faire parce que l’on fait de la chanson. Ce n’est d’ailleurs pas non plus parce que l’on sait jouer trois notes au piano que l’on sait forcément jouer devant 50 000 personnes ! Il y a plusieurs raisons qui amènent à la comédie, en fonction des artistes. Cela dépend complètement de chacun. En ce qui me concerne, le lien entre la musique, les tournées et une série comme Panda, c’est l’amusement, le plaisir que cela me procure.

Quittons-nous avec vos recommandations : quels sont vos derniers coups de cœur culturels ?

J’ai découvert dernièrement le travail de Zaho de Sagazan et j’ai été très touché par son écriture. Elle a vraiment un univers à elle et ses textes sont très puissants. J’aime beaucoup sa musique. Je ne sais pas pourquoi je vous parle d’elle. C’est d’ailleurs assez rare que je sois touché par des nouveautés, mais elle y est parvenue. Concernant la littérature, je lis assez peu, mais quand je le fais, j’essaie de ne pas lire que du futile. Je me plonge dans beaucoup d’essais, par exemple. En ce moment, je suis sur un truc un peu chiant, un livre de Cioran : De l’inconvénient d’être né. Ça ne fait jamais de mal de lire Cioran – en fait un peu quand même ! –, mais je suis heureux de passer par là en ce moment.

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