Décryptage

Festivalmania, épisode 3 : 10 moments marquants et insolites

23 juin 2023
Par Edouard Lebigre
Depuis les années 1960-1970, les festivals font partie intégrante de l'histoire de la musique.
Depuis les années 1960-1970, les festivals font partie intégrante de l'histoire de la musique. ©Christian Bertrand/Shutterstock

Découvrez dix moments marquants de l’histoire des festivals de musique en France et dans le monde.

1 « Bob Dylan goes electric ! », 1965

En 1965, Bob Dylan est une star. Porté par le succès de Mr. Tambourine Man (1964), le jeune Américain armé de sa guitare et de ses textes devient une icône pour toute une génération engagée contre la guerre au Vietnam et pour les droits civiques. Pourtant, ce dimanche 25 juillet au Newport Folk Festival, Bob Dylan est frustré : il aimerait changer d’image et explorer de nouvelles sonorités. Devant l’incompréhension générale, l’interprète de Like a Rolling Stone (1965) branche une guitare électrique, accompagné d’une formation rock. Le public médusé commence à huer Dylan, contraint de mettre fin à son concert après seulement trois morceaux. Le chanteur met alors un terme à sa période folk, symbolisée par le radical Blonde on Blonde (1966).

Like a Rolling Stone de Bob Dylan.

2 Le Star Spangled Banner de Hendrix, 1969

En 1969, lors du rassemblement du festival de Woodstock, Jimi Hendrix s’apprête à marquer l’histoire. Sur les 500 000 personnes présentes sur le site, seuls 30 000 chanceux sont restés pour assister au concert du guitar hero. À l’occasion d’un des plus grands rassemblements pacifiques de l’histoire, l’Américain commence à jouer le Star Spangled Banner, l’hymne américain, avec son instrument fétiche.

https://www.youtube.com/watch?v=Am7qzzgGOGU&ab_channel=CasperEatwell

Pendant quatre minutes, le musicien se lance dans une version hallucinée du morceau écrit par Francis Scott Key en improvisant et en maltraitant sa guitare. Jimi Hendrix pousse son instrument dans ses derniers retranchements, recréant alors des bruits de bombe et d’explosion. Avec son jeu révolutionnaire, le guitariste rappelle alors l’engagement des États-Unis au Vietnam, et le critique avec son art : la musique.

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3 L’invincible Bob Marley, 1976

En 1976, la Jamaïque traverse une période trouble. Un an avant les élections, les supporters du parti de gauche du People’s National Party (PNP) affrontent ceux du Jamaica Labour Party (JLP). Après la déclaration de l’état d’urgence en juin, le ministre de la Culture décide d’organiser un grand concert afin d’apaiser les tensions, et demande à la légende Bob Marley de participer. Prévu en décembre, le concert gratuit Smile Jamaica accueille près de 80 000 spectateurs et s’attend à voir le roi du reggae. Seulement, deux jours plus tôt, Bob Marley est victime d’une tentative d’assassinat alors qu’il répète avec son groupe des Wailers.

Touché au corps par des balles, le chanteur récupère et promet de jouer « au moins un morceau » au Smile Jamaica. Alors que la foule s’attend à une annulation, Bob Marley monte sur scène. Malgré une blessure au bras qui l’empêche de jouer de la guitare, le chanteur donne près d’1h30 de concert, devant un public en délire. Bob Marley ironise même sur l’attaque en montrant les stigmates de l’attaque et en déclarant « Bang bang, I’m OK ».

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4 Kurt Kobain met fin aux rumeurs, 1992

Un an après la sortie du classique Nevermind (1991), Nirvana est sur le toit du monde. Pourtant, des journaux rapportent que l’addiction à l’héroïne de Kurt Cobain pourrait bientôt entraîner la dissolution du groupe. Pour sa deuxième participation au Reading Festival, des rumeurs commencent même à dire que Nirvana ne jouera pas comme prévu sur scène, en ce soir du 30 août. Alors que 60 000 personnes attendent dans la fosse, Kurt Cobain apparaît enfin, vêtu d’une blouse d’hôpital et en fauteuil roulant.

Le bassiste, Kris Novoselic, prend alors la parole, déclarant que le chanteur allait réussir à performer « grâce au soutien de toute sa famille ». Kurt Cobain se lève péniblement, chante un peu, puis s’écroule par terre. Mettant fin au canular, le chanteur se relève, prend sa guitare, avant de se lancer dans un concert d’une énergie rare, terminé par la destruction de tous les instruments.

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5 Le retour de l’homme en noir, 1994

En 1994, Johnny Cash a 62 ans et sa carrière semble derrière lui. Pourtant, le producteur Rick Rubin propose à la légende de la country d’enregistrer une série d’albums intitulée American Recordings. Ces nouvelles collections de morceaux marquent le retour de Johnny Cash, notamment grâce au tube Hurt (2002), jusqu’à sa mort en 2003. En 1994 donc, le festival de Glastonbury propose à « l’homme en noir » de se produire sur scène, devant un public beaucoup plus jeune que d’habitude. Guitare en main, l’Américain monte sur scène et lance le célèbre « Hello, I’m Johnny Cash », avant de commencer le classique Folsom Prison Blues (1950).

Avec une set-list couvrant l’intégralité de sa longue carrière, Johnny Cash donne un concert mythique, rejoint sur scène par sa femme June pour les duos Jackson (1963) and If I Were a Carpenter (1968). Ce triomphe devant un jeune public en délire, le countryman le décrira plus tard comme « l’apogée de sa carrière ».

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6 Deux jeunes garçons dans le vent, 1995

En 1995, les organisateurs des Trans Musicales de Rennes découvrent le maxi d’un duo parisien qui n’a pas encore sorti d’album. Le festival décide alors de faire venir les deux DJ, en ce mois de décembre où la France manifeste contre le plan Juppé. À cause des grèves, la venue du duo semble compromise et le cocréateur du festival, Jean-Louis Brossard, annonce aux médias l’annulation du concert. Au dernier moment, un vol Paris-Rennes est trouvé, les deux musiciens pourront donc bien assurer leur prestation.

Sur la scène de l’Ubu, le duo joue un concert mémorable, armé de ses nombreuses consoles et machines. Deux ans après cet évènement historique, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo publient Homework (1997) et connaissent un succès mondial qui ne les quittera jamais. Daft Punk est lancé.

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7 Jay-Z se moque d’Oasis, 2008

En 2008 avec Jay-Z, le mythique festival britannique de Glastonbury programme pour la première fois un rappeur en tête d’affiche. Habitué des prises de position excessives, Noel Gallagher d’Oasis n’avait alors pas fait d’exception au sujet de la venue du rappeur américain. Le guitariste avait critiqué la programmation, déclarant que le hip-hop n’avait pas sa place durant ce rassemblement vieux de 38 ans.

En 2008, pourtant, les succès de T.I., Lil Wayne et de Kanye West prouvaient que le rap avait depuis longtemps détrôné le rock, et ça, Jay-Z l’avait compris. Sourire au lèvres, le rappeur arrive sur scène avec une guitare électrique alors que retentissent les premières notes de Wonderwall (1995), le tube d’Oasis. À la surprise générale, Jay-Z commence à chanter la célèbre ballade en écorchant les paroles, l’air goguenard. Quelques secondes plus tard, le rappeur entame 99 Problems et lance un concert historique. Ce soir là, il a gagné de la plus belle des manières.

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8 Paris, Rock en Seine et la mort d’Oasis

Digne représentant avec Blur de la britpop, Oasis a été, pendant toute son existence, aussi connu pour sa musique que pour ses frasques. Si les frères Noel et Liam Gallagher se sont souvent étripés en public et en privé, le dénouement a tout de même été pour le moins étonnant. Alors que le groupe de Manchester doit monter sur la scène de Rock en Seine, ce 28 août 2009, la stupeur règne lorsque l’organisation du festival annonce sur scène l’annulation du concert, mais aussi la fin du groupe. L’annonce est confirmée dans la soirée par Noel Gallagher lui-même, déclarant « qu’il ne peut plus travailler avec son frère ».

Quelques minutes avant de monter sur scène, les deux Mancuniens se sont violemment battus en coulisse, détruisant une guitare au passage. La raison ? Un Liam Gallagher ivre, incapable de chanter et qui demande à imposer le logo de sa ligne de vêtements sur les affiches du groupe. Si les deux frères ne sont aujourd’hui toujours pas réconciliés, la guitare détruite de ce fameux soir a quant à elle été vendue 385 500 euros en mai 2022.

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9 La musique pour combattre la barbarie, 2016

Le 14 juillet 2016, 86 personnes sont tuées, renversées par un camion sur la Promenade des Anglais, à Nice. Trois semaines plus tard, un public anxieux et réduit rejoint le festival Les Plages électroniques à Cannes, à une trentaine de kilomètres de la tragédie. Pour les organisateurs aussi, l’ambiance est tendue. Le festival vit une année difficile financièrement et doit accepter les sentinelles de la garde nationale, les snipers dans l’espace VIP, les blocs de béton qui ferment toutes les rues…

Pour le concert de clôture, le Français DJ Snake assure derrière les platines, devant un public pas totalement rassuré. Pour la première fois de sa carrière, l’artiste termine son set par La Marseillaise, reprise en cœur par les quelques 10 000 festivaliers. Un moment beau et triste pour la dixième édition de la beach party électronique.

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10 La catastrophe Fyre Festival, 2017

Une île paradisiaque des Bahamas, des visuels partagés par des influenceurs comme Kendal Jenner ou Bella Hadid… La campagne de promotion du Fyre Festival promettait une expérience unique, une alternative à Coachella pour les célébrités d’Internet.

La programmation de l’évènement avait annoncé des concerts de Blink-182, Major Lazer, Migos, ou encore Tyga. Dans les coulisses, les organisateurs font preuve d’un tel amateurisme que les travaux sur l’île ne commencent que deux mois avant l’arrivée des festivaliers. Le jour J, près de 5 000 personnes qui arrivent sur les lieux du Fyre Festival, victimes de pluies diluviennes qui tombent sur les tentes de fortune montées pour l’occasion.

Avec un billet dont le prix était situé entre 1 000 et 12 000 dollars, les festivaliers ont rapidement documenté le fiasco, partageant les photos des sandwichs industriels distribués pour le repas. Les problèmes de sécurité et de nourriture ont raison du festival, officiellement annulé le lendemain de son inauguration. Pour avoir créé cet événement frauduleux, l’entrepreneur Billy McFarland a été condamné à six ans de prison et 26 millions de dollars d’amende pour “fraude et escroquerie”.

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