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L’arrestation des artistes iraniens suscite l’émoi du monde la culture

24 décembre 2022
Par Lisa Muratore
L'actrice Taraneh Alidoosti de Leila et ses Frères a été arrêtée en Iran. © Amirhossein Shojaei
L'actrice Taraneh Alidoosti de Leila et ses Frères a été arrêtée en Iran. © Amirhossein Shojaei

Les artistes iraniens sont devenus la nouvelle cible du régime de Téhéran. Parmi eux, l’actrice iranienne Taraneh Alidoosti, dont l’arrestation a récemment provoqué l’émoi du monde du cinéma.

L’actrice Taraneh Alidoosti a été arrêtée le samedi 17 décembre en Iran, après avoir pris position sur les réseaux sociaux contre le régime iranien suite aux manifestations qui secouent le pays depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Connue sur la scène internationale pour avoir joué dans film Le Client d’Asgard Farhadi (Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017), ou encore plus récemment dans Leila et ses Frères, réalisé par Saeed Roustaee, l’actrice avait déclaré en novembre 2022 vouloir rester en Iran quitte à « payer le prix » de son engagement politique.

Le soutien du monde de la culture face aux arrestations massives

Son arrestation a provoqué l’émoi de la communauté internationale, et plus particulièrement du monde du cinéma. Dans un communiqué, publié le lundi 19 décembre, le Festival de Cannes a « condamné fermement » l’arrestation de l’actrice et a demandé sa « libération immédiate. » « Solidaire du combat pacifique qu’elle mène pour la liberté et le droit des femmes », le Festival lui a adressé, lundi, « tout son soutien » sur les réseaux sociaux.

De son côté, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, a ajouté : « Elle pourrait ne pas s’engager, et elle le fait. Depuis quatre mois que l’Iran est en proie à tous ces bouleversements, elle n’a jamais cessé de s’engager. On veut qu’elle sache que nous sommes là, que nous demandons sa libération. Elle fait partie de ces gens qui restent au pays et qui entendent se battre là où ils sont. C’est à la fois formidable et inquiétant pour elle. »

Capture d’écran d’un post de l’actrice Taraneh Alidoosti diffusé sur son compte Instagram le 11 novembre 2022 en soutien aux manifestations. Sur son écriteau est inscrit, en kurde : « femme, vie, liberté ». © Instagram Taraneh Alidoosti

L’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, ou encore le réalisateur Asghar Farhadi ont également affiché leur soutien à l’actrice. La comédienne a notamment salué sur ses réseaux sociaux le courage de la comédienne de Leila et ses Frères, assorti d’une photo où on la voit au côté de la comédienne : « La courageuse actrice d’Iran a été arrêtée. Cette photo a été prise en juillet 2008, juste avant que je ne quitte définitivement l’Iran. C’est la dernière fois que je l’ai vue. »

Les artistes sont en effet la cible du régime iranien depuis plusieurs semaines. Taraneh Alidoosti n’est pas la seule à avoir été arrêtée. Le cinéaste Jafar Panahi, dont le dernier film Aucun Ours est sorti au cinéma le 23 novembre dernier, a été arrêté aux côtés des cinéastes Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad, accusés « d’avoir des liens avec des groupes anti-gouvernementaux et d’avoir commis des infractions à la sécurité ». Avant eux, le chanteur Shervin Hajipour avait été arrêté, avant d’être relâché sous caution.

De son côté, le comédien de théâtre de 26 ans, Hossein Mohammadi, risque d’être exécuté pour avoir prétendument participé à l’assassinat d’un militaire pendant une manifestation à Karadj, prés de Téhéran. Le monde du cinéma et plus largement celui de la culture est donc le collimateur du régime iranien. Face à de telles accusations, le secteur de la culture s’organise afin de manifester son opposition. Après l’hymne pop, Baraye, symbole de la lutte en Iran, et les vidéos d’actrices se coupant les cheveux face caméra, c’est le photographe JR qui avait exprimé son soutien aux femmes iraniennes avec un collage géant à New York.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste