L’Europe travaille sur une solution de tracking sans données de géolocalisation pour sortir du confinement tout en limitant les risques de propagation du Covid-19. Elle s’appuierait à la place sur le Bluetooth utilisé par nos smartphones et d’autres appareils mobiles.
Alors que le confinement décidé pour freiner la propagation du Covid-19 a été prolongé jusqu’au 15 avril en France, et pourrait l’être davantage encore comme dans les pays voisins, l’Europe réfléchit actuellement à d’autres moyens d’endiguer la pandémie selon Reuters. Sans surprise, les pays asiatiques aujourd’hui sortis, espérons-le du moins, de crise en sont la principale source d’inspiration, mais difficile d’en répliquer les modèles sur le Vieux Continent.
Du tracking sans géolocalisation grâce au Bluetooth
L’utilisation des données de géolocalisation personnelles y apparaît souvent comme un élément clé, comme en Corée du Sud où elles permettent de suivre les porteurs du virus, et la réglementation beaucoup plus stricte de l’UE en matière de respect de la vie privée, avec le RGPD notamment, ne l’autorise pas par chez nous. Mais l’Europe aurait trouvé un moyen de contourner le problème pour accélérer le « déconfinement » de la population tout en limitant les risques de propagation du virus avec le Bluetooth Low Energy (LE).
Le principe est assez simple. Le Bluetooth LE, moins gourmand que le Bluetooth, permet à deux appareils, comme des smartphones, de se connecter lorsqu’ils sont à proximité, et par extension d’en identifier les utilisateurs. Il suffirait dès lors d’une application permettant aux porteurs du Covid-19 de se signaler pour que les personnes à proximité soient informées qu’elles ont peut-être été en contact avec le virus, et puissent s’isoler pour rompre la chaîne de transmission. C’est ce sur quoi travaille déjà un groupe de 130 chercheurs avec leur solution baptisée Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT).
En cours de développement, ce PEPP-PT se présente ainsi comme une solution clé en main dont pourront profiter les pays qui en font la demande. Le site officiel précise en outre que la solution, évidemment conforme au RGPD, devrait fonctionner sur « les systèmes d’exploitation et appareils mobiles les plus utilisés » et peut être déployée sur les infrastructures déjà en place. Reste qu’elle n’est pas encore finalisée, mais Reuters indique qu’elle pourrait l’être dès le 7 avril.
Le Bluetooth efficace, à condition de l’activer
L’agence ajoute toutefois qu’une étude britannique a montré qu’une telle solution ne pourrait être efficace qu’avec 60 % de participation au moins de la population, et évoque d’ailleurs la possibilité d’utiliser des accessoires Bluetooth pour celles et ceux qui n’auraient pas de smartphones. Encore faut-il qu’ils l’utilisent toutefois, et plus généralement que la population joue le jeu. La chancelière allemande, dont le médecin avait été testé positif au Covid-19, a déjà indiqué être prête à le faire « pour aider d’autres personnes », mais pas sûr que tous adhèrent à cet élan de solidarité au vu du nombre de contrevenants aux règles de confinement, en France tout particulièrement.
Dans tous les cas, l’efficacité du PEPP-PT dépendra aussi du nombre de personnes testées, et c’est là un autre problème de poids puisque le dépistage est aujourd’hui réservé à une infime partie de la population en Europe. Il faudra donc aussi plus de tests. En attendant, rappelons que les données de géolocalisation sont tout de même utilisées en France, Orange ayant accepté de fournir celles de ses utilisateurs, après anonymisation, à l’INSERM afin notamment de prédire les risques de saturation des hôpitaux en fonction de l’évolution démographique observée.