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Meta et Pinterest jugés responsables de la mort d’une adolescente britannique

06 octobre 2022
Par Kesso Diallo
Molly Russell a vu des milliers de contenus liés au suicide et à l'automutilation sur Instagram et Pinterest.
Molly Russell a vu des milliers de contenus liés au suicide et à l'automutilation sur Instagram et Pinterest. ©easy camera / Shutterstock

Un juge a déclaré que des contenus en ligne préjudiciables publiés sur Instagram et Pinterest ont joué un rôle dans la mort de Molly Russell à l’âge de 14 ans.

Accusés de nuire à la santé mentale des jeunes, les réseaux sociaux ont fait l’objet de plaintes de la part de parents pour leur rôle dans la mort de leur enfant. Pour la première fois, un juge a reconnu que ces plateformes, avec leurs contenus préjudiciables, avaient contribué à la mort d’une adolescente britannique. Le 30 septembre, le coroner (juge enquêtant sur les décès au Royaume-Uni) Andrew Walker a conclu qu’il n’était pas sûr de qualifier la mort de Molly Russell en 2017, à l’âge de 14 ans, d’un suicide. Selon lui, il s’agit d’« un acte d’automutilation alors qu’elle souffrait de dépression et des effets négatifs des contenus en ligne », rapporte le Guardian.

Meta (ex-Facebook) et Pinterest sont accusés d’avoir « contribué à sa mort de manière plus que minime » avec leurs contenus. L’adolescente a en effet vu plus de 16 000 contenus sur Instagram – réseau social appartenant à Meta – dont 2 100 étaient liés au suicide, à l’automutilation et à la dépression, au cours des six mois précédant sa mort. Plus de 400 images liées à des sujets similaires ont également été trouvées sur son compte Pinterest.

Obliger les réseaux sociaux à privilégier la sécurité

Pour Andrew Walker, les algorithmes des deux plateformes ont transmis à Molly Russell des contenus préjudiciables qu’elle n’avait pas demandé. Il estime, de plus, que certaines des publications « idéalisaient » les actes d’automutilation et cherchaient à décourager les utilisateurs de rechercher une aide professionnelle. Le père de la victime, lui, accuse Meta et Pinterest d’avoir mené sa fille sur une « piste démente de contenus suceurs de vie ». « Il est temps de protéger nos jeunes innocents, au lieu de permettre aux plateformes de donner la priorité à leurs profits en monétisant la misère », a-t-il déclaré. Une accusation qui fait écho aux Facebook Files, avec la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui reproche à la société de privilégier le profit au détriment de la sécurité des utilisateurs.

Le père a par ailleurs appelé le gouvernement à adopter son projet de loi sur la sécurité en ligne, qui exigera, entre autres, que les réseaux sociaux protègent les enfants contre les contenus préjudiciables.

À la suite de la décision du juge, un porte-parole de Meta a assuré que la société s’engage « à faire en sorte qu’Instagram soit une expérience positive pour tout le monde en particulier les adolescents », auprès de Bloomberg. La firme va en outre examiner « attentivement » le rapport complet du coroner. De son côté, Pinterest a affirmé avoir « continué à renforcer [ses] politiques concernant les contenus d’automutilation » au cours des dernières années. Prévoyant également d’examiner avec attention le rapport, l’entreprise a ajouté que « l’histoire de Molly a renforcé [son] engagement à créer un espace sûr et positif » pour ses utilisateurs. Enfin, le juge a indiqué son intention de publier une notice recommandant des mesures afin d’empêcher que cela ne se reproduise.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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