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Meta et Snap poursuivis par une mère pour le suicide de sa fille

24 janvier 2022
Par Kesso Diallo
Une conception avec des effets néfastes sur les utilisateurs.
Une conception avec des effets néfastes sur les utilisateurs. ©Brilliantist Studio / Shutterstock

Addicte aux réseaux sociaux, la jeune fille, qui était suivie par une thérapeute, s’est suicidée à l’âge de 11 ans en juillet 2021.

C’est un fait connu : les réseaux sociaux sont conçus pour inciter les utilisateurs à y rester le plus longtemps possible. Ce modèle est pourtant susceptible de porter préjudice à certains d’entre eux. Tammy Rodriguez, une mère du Connecticut accuse justement Meta, la maison-mère d’Instagram, et Snap, l’entreprise derrière la plateforme Snapchat, d’avoir causé le suicide de sa fille à l’âge de 11 ans. Elle vient de déposer une plainte, estimant que ces deux sociétés, par le biais de leurs réseaux sociaux, ont généré des effets néfastes contre lesquels la préadolescente a lutté pendant plus de deux ans. Souffrant d’une « dépendance extrême à Instagram et Snapchat », elle était suivie par une thérapeute qui affirme n’avoir « jamais vu un patient aussi accro aux réseaux sociaux ».

Sa mère explique que l’utilisation de ces deux plateformes a fait souffrir sa fille de dépression, de manque de sommeil, de troubles alimentaires et d’automutilation avant de mener à son suicide. Elle a également provoqué de l’absentéisme scolaire.

Des réseaux sociaux toujours considérés comme nuisibles

La plainte intervient quelques mois après les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Ancienne employée de Meta, les documents qu’elle a communiqué à la presse ont, entre autres, révélé qu’Instagram nuit à la santé mentale des enfants et adolescents, en particulier des jeunes filles. Depuis, les autres plateformes sont aussi accusées d’être toxiques pour leurs jeunes utilisateurs.

La plainte fait écho à ses accusations. Tammy Rodriguez y soutient que les divers « éléments de conception » d’Instagram « cherchent à exploiter la vulnérabilité des utilisateurs face au design persuasif et à l’accumulation illimitée de récompenses imprévisibles et incertaines », sous la forme de likes et d’abonnés. Elle compare également les « récompenses inconnues et changeantes de Snapchat » à « une machine à sous, mais destinée aux utilisateurs adolescents qui sont encore plus sensibles que les accros au jeu ». Une conception qu’elle juge dangereuse pour la santé mentale des utilisateurs mineurs, dont le cerveau est encore en développement. Le réseau social offrait par exemple des trophées à ses utilisateurs par rapport à leur score (somme des snaps envoyés et reçus). Ils ne sont plus disponibles, mais d’autres récompenses sont toujours présentes sur la plateforme.

La mère reproche aussi l’absence de contrôle parental et le manque de vérification d’âge et d’identité. Contrôler l’accès de sa fille aux deux services était donc quasiment impossible. L’âge minimum pour créer un compte sur Instagram et Snapchat étant 13 ans, la préadolescente était en effet trop jeune pour pouvoir s’y inscrire. D’autre part, ce manque de vérification a permis à des utilisateurs masculins adultes de solliciter la préadolescente pour des contenus à caractère sexuel. Selon la plainte, elle a envoyé des images sexuellement explicites sur Snapchat, qui ont ensuite été récupérées et partagées par ses camarades de classe.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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