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Test d’A Plague Tale – Innocence : Le temps des cathédrales

15 mai 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test d'A Plague Tale – Innocence : Le temps des cathédrales

En résumé

Bien qu’extrêmement balisée et scriptée au point d’interdire toute sortie de piste, A Plague Tale: Innocence est une aventure qui marque et que l’on a plaisir à parcourir du prologue jusqu’au dénouement. Écrite avec justesse, l’histoire est à la fois touchante et glaçante, la dureté du contexte favorisant la mise en avant des émotions brutes.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Une période sombre recréée sans concession
  • Direction artistique et sonore impeccable
  • Des mécaniques de jeu en adéquation avec la fragilité des personnages
  • Le juste équilibre entre l'approche narrative et la résolution d'énigmes
  • Les possibilités évolutives en matière d'alchimie
  • Un souci d'accessibilité qui ne laissera personne sur le carreau
  • L'accès direct aux chapitres favorise la collecte des secrets a posteriori
Les moins
  • Scripté au point de nous faire quasiment avancer sur des rails
  • Facile en dépit des « retry » inévitables à certains endroits
  • La douzaine d'heures de jeu s'écoule vraiment très rapidement

Notre test détaillé

Revivre les heures les plus sombres de l’Histoire de notre pays à travers les yeux d’une jeune fille résolue à tous les sacrifices pour protéger sa famille. Telle est la proposition des Bordelais du studio Asobo avec A Plague Tale: Innocence, une incursion déchirante dans le Royaume de France moyenâgeux.

Le XIVe siècle. Tandis que la guerre de Cent Ans déchire violemment la France et l’Angleterre, Amicia de Rune a seulement quatorze ans lorsque les soldats de l’Inquisition l’arrachent à ses parents dans des circonstances traumatisantes. Contrainte de fuir avec Hugo, son jeune frère de cinq ans, l’adolescente ignore à cet instant que les hommes sont loin d’être la pire menace à laquelle ils devront faire face durant leur escapade désespérée. Car à cette époque-là, celle que l’on appelle « la mort noire » décime la population sans espoir de survie et des vagues de rats porteurs du mal retapissent les campagnes d’une teinte noirâtre et grouillante.

A Plague Tale : Innocence

La peste noire

Si A Plague Tale: Innocence nous livre une version fantasmée de l’Histoire, auréolée de mysticisme et de magie, son contexte n’en reste pas moins vibrant de réalisme. Écrit avec une constante justesse et servi par une réalisation impeccable, le titre a clairement pour intention première de toucher le joueur sur le plan émotionnel. En nous impliquant dès les premières secondes dans le vécu de ses personnages principaux qui basculent subitement dans l’horreur, le soft laisse entendre que la narration et l’empathie constitueront les clés qui permettront d’apprécier le jeu à sa juste valeur. Et lorsqu’au travers de l’héroïne nous nous accrochons à la main de l’enfant pour s’assurer qu’il ne lui arrivera rien, c’est toute la poésie d’ICO qui nous revient en mémoire.

A Plague Tale : Innocence

Parce que son courage et sa détermination n’en font pas pour autant une guerrière, c’est par la ruse et la discrétion que la jeune Amicia devra trouver les moyens d’échapper à la fois aux rats et à l’Inquisition. Munie d’une simple fronde qu’elle maîtrise à la perfection, l’adolescente possède un talent certain pour se faufiler furtivement dans les environnements, exploitant chaque faille du décor pour tenter de piéger des adversaires beaucoup plus imposants qu’elle. On pourra certes trouver difficilement crédible la perspective de voir des gardes s’écrouler à cause d’un simple jet de pierre expédié à la fronde en direction de la nuque, mais les choses se compliquent tout de même assez vite avec l’apparition de soldats casqués ou lourdement armés.

A Plague Tale : Innocence

Rien ne se perd, rien ne se crée…

Le moindre contact avec un ennemi entraînant immédiatement la mort, les « retry » se révèlent finalement assez nombreux en dépit de la relative facilité du jeu qui résulte de sa linéarité prononcée. En clair, l’aventure se veut tellement scriptée que l’on ne peut jamais s’éloigner du déroulement prédéfini par les concepteurs dans le but de nous inciter à progresser en usant intelligemment des atouts mis à notre disposition. La période historique étant propice aux croyances surnaturelles et à l’alchimie, Amicia dispose par exemple de capacités magiques cumulables avec sa fronde pour lui permettre de se jouer de ses adversaires sans trop forcer. Survivre passe alors par une collecte minutieuse des matériaux éparpillés aux alentours pour les transformer en quelque chose d’utile afin de détourner l’attention des rats ou d’améliorer les capacités de la fronde. Au cœur des mécaniques du jeu, le craft nous permet ainsi de jongler avec un certain nombre d’alternatives inhabituelles pouvant aller de l’extinction des torches aux tirs enflammés en passant par l’utilisation de différents leurres permettant de faire diversion.

A Plague Tale : Innocence

La plume, plus forte que l’épée

La progression apparaît donc comme un vaste enchaînement d’énigmes relativement simples qui consistent à trouver l’art et la manière de franchir les barrages formés par les rats et les soldats en s’aidant de la lumière ou d’autres éléments bien précis. Si l’on peut reprocher au soft son côté résolument scripté, le résultat fonctionne suffisamment bien pour que l’on valide cette approche dans le cadre d’une aventure construite avant tout sur la narration et l’émotion. Les chapitres s’enchaînent sans que l’on ne ressente jamais l’envie de s’éloigner du titre pour vaquer à d’autres occupations. Et même les morts qui s’enchaînent dans les séquences les plus millimétrées ne compromettent pas cette fascination pour le périple des deux enfants motivés par leur seule soif de vivre.

A Plague Tale : Innocence

Roulez jeunesse

Épaulés occasionnellement par une bande de jeunes alliés insolites croisés au détour du chemin, Amicia et Hugo portent sur leurs épaules toute la crédibilité d’une histoire déchirante que l’on regrette forcément de voir arriver à son terme après une douzaine d’heures de jeu. L’accès direct aux différents chapitres incite bien sûr à une redécouverte plus poussée des environnements, mais le risque de parcourir le titre d’une seule traite condamne tout de même son intérêt sur le long terme. A Plague Tale: Innocence n’en reste pas moins le genre d’expérience que l’on peut avoir envie de faire connaître autour de soi, sa grande accessibilité devant permettre même aux joueurs occasionnels d’en voir le bout sans trop de difficultés. Une belle surprise que l’on ne peut donc que vous recommander !

Conclusion

Bien qu’extrêmement balisée et scriptée au point d’interdire toute sortie de piste, A Plague Tale: Innocence est une aventure qui marque et que l’on a plaisir à parcourir du prologue jusqu’au dénouement. Écrite avec justesse, l’histoire est à la fois touchante et glaçante, la dureté du contexte favorisant la mise en avant des émotions brutes.

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