En résumé
En dépit d’arguments moins percutants qu’espéré, One Piece: World Seeker compte tout de même parmi les adaptations les plus en phase avec le manga d’origine. Car si le jeu déroule son contenu sans vraiment faire preuve d’imagination, l’esprit de liberté prédomine et les fans auront à cœur d’aller jusqu’au bout du scénario inédit imaginé pour l’occasion par Eiichirô Oda.
Note technique
Les plus et les moins
- Une aventure inédite scénarisée par Eiichirô Oda
- L'intervention d'un grand nombre de personnages-clés de la franchise
- Une liberté d'exploration appréciable de l'île-Prison
- La personnalisation des aptitudes suivant la logique des fluides
- Une douzaine d'heures de jeu rien que pour la trame principale
- Des missions secrètes à débloquer via le système de karma
- Le défi optionnel (et redoutable) des cartes au trésor
- La taille assez restreinte du monde ouvert
- Un seul personnage jouable, le reste de l'équipage étant sous-exploité
- Une progression qui manque un peu de folie
- Des combats répétitifs malgré la palette de compétences
Notre test détaillé
Dans le prolongement du vingtième anniversaire de la licence, Bandai Namco cède aux sirènes du monde ouvert en livrant une adaptation ambitieuse de l’œuvre de Eiichirô Oda avec One Piece: World Seeker. Un exercice de style délicat qui, s’il est loin d’être totalement maîtrisé, pose les bases d’une formule moderne qui mériterait d’être creusée davantage dans les adaptations à venir.
Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.
En l’espace de deux décennies, le manga régnant de manière incontestée sur la catégorie shônen aura prouvé qu’il n’était pas des plus faciles à transposer en jeu vidéo. Ses arcs narratifs s’enchaînent sans discontinuer depuis les débuts de sa prépublication au Japon en 1997. Alors plutôt que de se hasarder à adapter des péripéties trop bien connues des fans, les responsables de One Piece: World Seeker ont préféré miser sur de l’inédit. Argument de poids en sa faveur, le titre bénéficie par conséquent d’un scénario imaginé exclusivement pour le jeu par Eiichirô Oda, l’auteur du manga. Une aventure impliquant par ailleurs deux nouveaux protagonistes spécialement créés pour l’occasion, avec en toile de fond une crise opposant la Marine à ses détracteurs les plus farouches.
Les contours de l’île-Prison
Si l’on avait toutes les raisons de craindre que le monde ouvert mis en avant dans One Piece: World Seeker soit sans équivalent avec les principales références du genre, il était tout de même grand temps qu’une adaptation du manga le plus porté sur l’exploration relève ce défi. À une échelle nettement plus raisonnable qu’un Zelda: Breath of the Wild, le soft ne recrée évidemment pas la géographie du monde de One Piece, mais trace les contours d’une toute nouvelle carte insulaire dont les différentes régions font écho à celles que l’on peut trouver au détour du manga. Si la téléportation d’une ville à l’autre condamne assez vite toute impression de gigantisme, la liberté d’exploration au sein de l’île-Prison reste franchement appréciable.
L’accent étant mis sur la capacité de Luffy à user de ses bras élastiques pour se projeter rapidement dans toutes les directions, on ne s’étonne pas non plus que les intérieurs des bâtiments ne soient pas modélisés. Le tout manque clairement de finition, mais l’essentiel réside dans les sensations grisantes ressenties dès lors que l’on fait évoluer les manœuvres de déplacements aériens de Luffy pour jouer les Spider-Man dans les environnements du jeu.
Les Mugiwara en grève
Les précédentes conversions vidéoludiques de la série nous ayant habitués à contrôler généralement l’ensemble des membres de l’équipage de Chapeau de Paille, le fait d’incarner uniquement Luffy demeure l’un des plus gros points noirs de One Piece: World Seeker. Assignés à certaines quêtes ou tâches bien précises sur le navire, les Mugiwara sont étrangement sous-exploités dans le jeu, là où une participation plus active de leur part aurait pu apporter un renouvellement salvateur dans le gameplay. Il faut donc se contenter des aptitudes de Luffy qui se déverrouillent librement sur une grille dont le mérite est d’offrir différents styles selon notre manière de jouer. Les compétences liées au fluide perceptif favoriseront par exemple les approches méthodiques basées sur les frappes à distance ou l’infiltration, tandis que le fluide offensif renforcera la résistance de Luffy et sa force de frappe au corps-à-corps. Bien d’autres capacités sont à débloquer en parallèle selon que l’on souhaite bénéficier en priorité d’attaques spéciales dévastatrices ou bien élargir nos capacités de mouvement.
Luffy l’insubmersible
Si l’évolution de Luffy offre un niveau de personnalisation appréciable, cela n’empêche cependant pas les combats de se montrer exagérément répétitifs et relativement faciles, surtout si l’on abuse du tir longue portée ou des équipements multiples. Heureusement, le soft propose pas moins de cinq degrés de difficultés différents pour ajuster le challenge à la volée et faire en sorte que les boss offrent davantage de résistance. Si l’on s’en tient uniquement la trame principale, l’aventure requiert une douzaine d’heures environ pour dévoiler son dénouement, mais il faut y ajouter une kyrielle de quêtes secondaires. Et même si ces dernières ne surprennent que rarement, elles sont un bon moyen de prolonger l’exploration de l’île en visant d’autres objectifs.
Le trésor des pirates
On pourra par exemple tenter de compléter les listes « karma » des protagonistes qui interviennent de manière indirecte au fil de l’histoire, le jeu s’efforçant de mettre ponctuellement en scène un très grand nombre d’individus ayant marqué le développement narratif de la série. Un défi loin d’être anodin dans la mesure où il donne accès à des missions secrètes et à des cut-scenes en lien direct avec les personnages bien connus de la franchise. Sont également incluses des cartes au trésor qui exigent une mémoire visuelle à toute épreuve de la part du joueur, qui doit se contenter de simples croquis pour dénicher leurs emplacements respectifs. Bien que très « scolaire » dans son déroulement, One Piece: World Seeker ne souffre d’aucun défaut suffisamment rédhibitoire pour compromettre l’expérience qu’il propose, mais il lui manque l’étincelle que l’on ressent en présence des grandes épopées vidéoludiques.
Conclusion
En dépit d’arguments moins percutants qu’espéré, One Piece: World Seeker compte tout de même parmi les adaptations les plus en phase avec le manga d’origine. Car si le jeu déroule son contenu sans vraiment faire preuve d’imagination, l’esprit de liberté prédomine et les fans auront à cœur d’aller jusqu’au bout du scénario inédit imaginé pour l’occasion par Eiichirô Oda.