En résumé
Objectivement, PES 2019 est un bon jeu de foot, capable de délivrer d’excellentes sensations, notamment dans les petits périmètres. Le problème, c’est que son grand-frère l’était déjà et que cru 2019 ne lui apporte finalement pas grand-chose de significatif. En livrant cette suite qui repose grosso-modo sur les mêmes forces et faiblesses, une suite sans folie donc, Konami donne un peu l’impression d’être arrivé au bout de ce qu’il avait à proposer, d’être incapable de franchir ce palier qui lui permettrait assurément de redevenir un concurrent sérieux à FIFA sur le terrain des ventes. Alors oui, tout est un peu plus fin, un peu mieux fignolé. Maintenant, cela reste insuffisant selon nous pour qu’il mérite d’être porté aux nues.
Note technique
Les plus et les moins
- Globalement joli
- Des animations plus nombreuses pour plus de réalisme
- Des sensations excellentes dans le jeu court
- Un tempo idéal, ni trop lent ni trop rapide
- Une philosophie de jeu basée sur le collectif…
- … mais de laquelle il semble prisonnier
- L’impression que le jeu stagne
- Les déplacements de l’I.A. sont perfectibles
- Le côté téléguidé de la balle
- Des joueurs qui s’épuisent vite
- La perte de la licence de la Champions League
- Un contenu assez pauvre
- Une interface toujours très peu ergonomique
- Les commentaires toujours à côté de la plaque
Notre test détaillé
L’an passé, Konami et sa simulation de foot PES n’ont jamais donné autant l’impression de pouvoir batailler à armes égales avec les FIFA d’Electronic Arts. Nous attendions donc l’arrivée de cette nouvelle édition avec une certaine impatience, convaincus que l’éditeur japonais se serait donné les moyens de ses ambitions pour reprendre le trône qui était le sien à une époque pas si lointaine. Malheureusement, il faut croire que nous étions un peu trop enthousiastes…
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Les mauvaises langues ont pour habitude de se moquer des simulations sportives en qualifiant leurs itérations annuelles de simples mises à jour. Des assertions évidemment fallacieuses, sauf dans quelques cas plutôt rares comme ici avec PES 2019. Peu importe le bout par lequel on le prend, le jeu de Konami peine en effet à sortir de l’ombre de son très réussi prédécesseur.
Le jeu des 7 différences
Visuellement, déjà, il ne faut pas attendre de lui la moindre révolution. Certes, le précédent cru affichait déjà une plastique agréable avec de nombreux athlètes au faciès joliment modélisé, des stades reproduits avec un soin maniaque, et des éclairages plutôt flatteurs. Mais cinq ans après avoir opté pour le moteur Fox Engine, peut-être le moment était-il venu pour la série de passer un cap à ce niveau-là. Hormis les tunnels qui mènent à la pelouse, dans l’arène de certains clubs partenaires, tout ici est affaire de nuances. Les différences entre les deux millésimes PES sont loin d’être flagrantes, et il y a fort à parier que même en les plaçant côte à côte, la plupart des joueurs seront incapables de les différencier.
Cette impression d’être face à un titre qui stagne revient en permanence, même une fois plongé dans le cœur de l’action. Alors c’est vrai, les joueurs ont gagné en naturel. Sur les célébrations lorsqu’un but est inscrit, sur les gestes d’humeur après un tir raté, PES 2019 affiche des comportements plus crédibles. On sent lors de ces petites parenthèses qu’un travail a été fait sur l’animation et les expressions faciales. Mais pour ce qui est du terrain, lorsqu’il s’agit de jouer au ballon, le comportement du cuir comme celui des millionnaires en short est beaucoup trop proche de ce que l’on trouvait dans PES 2018 pour réussir à vraiment nous emballer.
Jusqu’à la caricature
A l’instar de PES 2018, PES 2019 repose sur une vision romantique du football, celle qui prône le collectif coûte que coûte, celle qui privilégie les redoublements de passes et une construction lente et appliquée plutôt que l’exploit individuel. Une vision idéaliste qui se montre à la fois grisante et gratifiante, dans laquelle on se retrouve totalement sur le principe. Le problème, c’est que Konami ne voit le football que par ce prisme-là, quitte à tomber dans la caricature.
Fidèle à ce que propose la série depuis quelques années, PES 2019 impose donc de construire ses actions en partant de derrière, en multipliant les passes courtes, si possible avec un pivot devant et en sollicitant sans cesse le une-deux. Un peu comme s’il nous demandait de jouer une partition de laquelle il est difficile de dévier pour arriver au but. Le jeu a été conçu de telle sorte qu’il n’autorise jamais l’exploit individuel. Si vous attendez d’un jeu de foot qu’il vous permette de débloquer une situation grâce à une mine envoyée depuis l’extérieur de la surface ou qu’il autorise les sprints rageurs le long de la ligne de touche pour créer le décalage, vous pouvez passer votre chemin. Peu importe l’équipe sélectionnée, peu importe les réglages tactiques effectués, PES 2019 impose sa vision un brin réductrice du football.
La fin de l’évolution
C’est un fait, la série de Konami n’a pas beaucoup évolué. Comme c’était le cas la saison dernière, il se dégage des matchs une sorte de faux-rythme. En attaque comme en défense, PES 2019 manque cruellement d’agressivité, de folie, de ce petit quelque chose parfois irrationnel qui fait aimer le ballon rond. Tout y est trop propre, trop lisse, trop bien réglé pour prétendre proposer une vision large de ce qu’est le football. Il faut dire en même temps que l’intelligence artificielle n’aide pas et propose que trop rarement les bons appels. Et outre les déplacements largement perfectibles de nos partenaires, il faut aussi composer avec une balle à la physique certes délicieuse dans les petits espaces, mais dont les trajectoires semblent suivre des rails dès que les distances s’agrandissent. Sur les frappes comme sur les passes, on se retrouve vite limité par ce côté téléguidé, ce qui est forcément frustrant dans la mesure où le problème est connu depuis quelques années.
Un enrobage un peu triste
En fait, Konami donne un peu l’impression de se contenter de sa base de fans et de ne pas aller au-delà. Cela se ressent notamment dans le contenu, qui manque comme toujours un peu de relief. Les retours du mode « Match Aléatoire », qui propose de former aléatoirement deux équipes en fonction de différents critères (joueurs issus de tel championnat, de telle équipe, de telle nationalité, etc.), et du mode « Coopération », avec ses 3 contre 3 décortiqués par toutes sortes de stats, sont appréciables. Pour le reste, notamment pour les joueurs solitaires, le jeu se montre toujours aussi convenu.
Difficile de trouver la motivation de se lancer dans une « Ligue des Masters », tant celle-ci peine à se renouveler. Il faut dire aussi que l’interface laisse toujours autant à désirer et qu’elle ne donne clairement pas envie de s’attarder sur ses menus peu ergonomiques, afin de gérer les finances et les transferts de son club fétiche. Avec la perte de la licence UEFA (la Champions League et l’Europa League rejoignent FIFA dès cette année), on pouvait s’attendre à ce que les développeurs redoublent d’efforts pour rendre leur jeu plus attractif. Hélas, il n’en est rien, sur le fond comme sur la forme, à moins d’être amateur de championnats secondaires et/ou exotiques (Russie, en exclusivité, Danemark, Belgique, Ecosse, Suisse, notamment).
Conclusion
Objectivement, PES 2019 est un bon jeu de foot, capable de délivrer d’excellentes sensations, notamment dans les petits périmètres. Le problème, c’est que son grand-frère l’était déjà et que cru 2019 ne lui apporte finalement pas grand-chose de significatif. En livrant cette suite qui repose grosso-modo sur les mêmes forces et faiblesses, une suite sans folie donc, Konami donne un peu l’impression d’être arrivé au bout de ce qu’il avait à proposer, d’être incapable de franchir ce palier qui lui permettrait assurément de redevenir un concurrent sérieux à FIFA sur le terrain des ventes. Alors oui, tout est un peu plus fin, un peu mieux fignolé. Maintenant, cela reste insuffisant selon nous pour qu’il mérite d’être porté aux nues.