Test

Test de Death’s Gambit : Oserez-vous jouer avec la mort ?

21 août 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Death's Gambit : Oserez-vous jouer avec la mort ?

En résumé

Même s’il a du mal à dissimuler ses influences, Death’s Gambit étonne par certains de ses choix qui lui octroient une aura assez marginale. Mais une fois sa logique de progression domptée, le titre ne se montre finalement pas si implacable, en raison d’un challenge inégal et de combats beaucoup moins nerveux que prévu.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La D.A. et l'ambiance sonore singulières
  • L'accès libre aux différentes zones, garant d'un challenge modulable
  • Des reliques à cumuler pour bénéficier d'avantages contre les boss
  • La mort qui fait partie intégrante du déroulement narratif
  • Le dilemme que représente l'emploi de l'XP dans l'évolution du personnage
  • L'effort d'avoir inclus un doublage anglais et une traduction française des textes
  • Les challenges supplémentaires du New Game +
Les moins
  • Les déplacements obligatoires au stick
  • Des affrontements moins intenses et techniques qu'escompté
  • L'interface d'inventaire trop confuse
  • La taille réduite des diverses régions du jeu
  • Des boss vraiment inégaux en termes de défi
  • Les contraintes (assumées) liées à la sauvegarde auto et à l'absence de map

Notre test détaillé

Souvent qualifié – y compris par ses propres créateurs – de Dark Souls en 2D, Death’s Gambit n’est pas le premier à transposer la formule de l’action-RPG à la sauce rétro, mais il se singularise d’entrée de jeu par l’importance que la mort revêt dans son déroulement.
(Ce test a été effectué sur Nintendo Switch).

Affligé par le massacre de ses troupes tombées sur le champ de bataille, le général Sorun accepte l’impensable : sceller un pacte de sang avec la Mort personnifiée pour en devenir l’émissaire. Mais jouer avec la Faucheuse ne se fait pas sans risques. Désormais en croisade contre des immortels qui n’ont que faire des règles imposées par la Mort, c’est à travers Sorun que l’on se retrouve à arpenter un monde médiéval-fantastique massivement dominé par le chaos. De manière fortuite, on découvre que l’agonie fait partie intégrante du déroulement narratif, puisqu’il faut parfois trépasser pour découvrir les pans cachés du scénario du jeu.

Death's Gambit

Bien que sa direction artistique en pixel art ne manque pas d’attrait, l’univers du titre se révèle sans doute un peu trop sombre pour lui permettre de se démarquer positivement du début à la fin. Et ce sont finalement les portraits stylés des protagonistes qui retiennent le plus notre attention lors des rares dialogues échangés. Plus convaincante, l’ambiance sonore impressionne davantage et nous amène à souligner l’effort d’avoir pris la peine d’inclure un doublage anglais ainsi qu’une traduction française de l’ensemble des textes du jeu.

Sus aux immortels !

Garant d’un challenge modulable, l’accès libre aux différentes zones hostiles trahit néanmoins assez vite la taille réduite des environnements qui nuit aux fondamentaux de l’exploration. Ces zones, que l’on peut d’ailleurs rallier en un éclair à califourchon sur notre monture, servent en réalité de prétexte à la mise à mort de gardiens plus ou moins imposants et retors. Inégaux, ces boss ont certes de quoi effrayer, mais ils peuvent vite plier sous nos coups pour peu que l’on attende le meilleur moment pour venir les défier. Death’s Gambit incorpore en effet un système de reliques à cumuler en fouillant les environnements du jeu pour bénéficier ensuite d’un pourcentage de dégâts accru lors du combat avec le maître des lieux. L’exploration est donc vraiment récompensée, mais gare aux pièges potentiellement mortels susceptibles d’abréger de manière brutale nos pérégrinations.

Death's Gambit

L’action prise en défaut

Ceux qui s’attendraient à trouver ici un équivalent 2D du gameplay de Dark Souls risquent de trouver la proposition de Death’s Gambit bien imparfaite. Le recours aux combos, attaques spéciales, armes de jet et esquives conduit certes à une gestion primordiale de la jauge d’endurance, mais le tout ne procure pas le degré de tension escompté. Exigeant, mais finalement pas si technique que ça, même s’il est possible de déclencher des contres en utilisant le bouclier, le système de combat manque de nervosité et de précision. Cela rejoint d’ailleurs le choix étonnant d’imposer le stick pour les déplacements ou de faire intervenir des manips peu ergonomiques, notamment lorsqu’il s’agit d’emprunter des échelles. Et ce n’est rien en comparaison de l’interface d’inventaire si confuse où l’on cherche en vain cette fonction de tri qui n’existe pas.

Death's Gambit

L’illusion du phénix

En réalité, il est difficile de définir l’approche à adopter lors des affrontements tant elle dépend de la classe que l’on s’est choisie au départ. Parmi les sept proposées, quelques-unes ont le mérite d’être franchement originales, à l’image de l’acolyte de la mort, du noble ou du chevalier de sang. Et toutes se démarquent logiquement par leurs stats, leur équipement et leur style de combat radicalement distinct lorsqu’on passe de l’une à une autre. La formule de Death’s Gambit ancre finalement davantage sa difficulté dans ses contraintes liées à la sauvegarde automatique imposée et à son absence de map assumée. Mais également au travers de l’importance qu’il y a de revenir sur les lieux de sa mort afin de récupérer cette indispensable plume de phénix qui constitue notre meilleur atout pour survivre dans le monde chaotique du jeu. Utilisables aussi bien pour se soigner que pour nous octroyer des vies supplémentaires, ces plumes peuvent également être sacrifiées en échange d’un gain de puissance. Un dilemme intéressant que l’on retrouve par ailleurs dans la gestion de l’XP qui grimpe rapidement mais qui sert autant pour monter de niveau que dans le but d’acquérir les différentes capacités propres à chaque type d’équipement. Autant de choix stratégiques à effectuer pour espérer venir à bout du soft en une petite dizaine d’heures si tout se déroule sans trop de déconvenues, pour se frotter ensuite aux challenges redoutables du New Game +. Dans un jeu où la mort guette la moindre occasion de nous sauter dessus, un tel optimiste semble forcément assez compromis.

Conclusion

Même s’il a du mal à dissimuler ses influences, Death’s Gambit étonne par certains de ses choix qui lui octroient une aura assez marginale. Mais une fois sa logique de progression domptée, le titre ne se montre finalement pas si implacable, en raison d’un challenge inégal et de combats beaucoup moins nerveux que prévu.

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