En résumé
Tel un vieux grincheux désireux de récupérer sa part du gâteau, Wario revient avec sa hotte de micro-jeux irrésistibles sans s’embarrasser de fioritures. Moins exigeant que par le passé, ce nouveau WarioWare ne comporte pas grand-chose d’inédit, mais ses défis annexes révèlent tout son intérêt une fois l’histoire terminée.
Note technique
Les plus et les moins
- 300 micro-jeux combinant tous les styles de contrôle
- Des situations grotesques et absurdes à souhait
- Certaines idées vraiment inspirées pour les niveaux de boss
- Des missions propices à la quête du highscore
- Un vrai challenge en mode Défis (à débloquer)
- La myriade de récompenses à déverrouiller
- Les scènes intermédiaires doublées, inutiles
- Les « Continue » qui sabotent le challenge
- Obligation de posséder un exemplaire par joueur en mode Duel
- La durée de vie trop faible malgré les défis optionnels
Notre test détaillé
Il est toujours si tentant de foncer rejoindre Wario dans ses micro-jeux absurdes qu’on en oublierait presque que l’anti-héros a jadis démarré sa carrière dans le domaine plus conventionnel de la plate-forme. Rendez-vous incontournable des amateurs de défis absurdes, WarioWare est de retour après plusieurs années d’absence.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo 3DS.)
C’est sous la forme d’un best-of exclusif à la portable de Nintendo que WarioWare se rappelle à nous, quinze ans après les débuts de cette franchise pas comme les autres. À l’époque, le concept des micro-jeux empilés à un rythme infernal dans le non-sens le plus total était pour le moins révolutionnaire, la simplicité des défis n’ayant d’égale que l’addiction coupable engendrée. Effectuer une action basique en moins de cinq secondes a beau sembler difficilement viable comme principe de base, le fun propre à la série accompagne toujours aussi efficacement cet épisode qui, en contrepartie, ne cherche pas vraiment à surprendre.
Menu best-of
La mise en avant par Nintendo de la réunion de 300 micro-jeux dans la cartouche de WarioWare Gold ne doit pas faire oublier que la majorité de ces défis reste déjà connue des habitués. Piochées librement dans les différents opus de la franchise, ces épreuves abritent tout de même quelques inédits et le roulement aléatoire des mini-jeux implique plusieurs sessions répétées avant de dévoiler la totalité du contenu. D’abord répartis en catégories relatives aux contrôles sur lesquels ils reposent, les défis sont jouables tantôt avec les boutons de la console, tantôt avec le gyroscope ou l’écran tactile, passant allègrement de la reconnaissance de mouvements à la détection des tracés effectués au stylet. Passé un certain stade de la progression, tous ces concepts se trouvent mélangés aléatoirement dans une nouvelle série d’épreuves qui intègrent, en prime, de nouveaux mini-jeux basés sur le souffle. Le micro est alors mis à contribution pour solliciter les réflexes et la vigilance du joueur, obligé de rester à l’affût de tout changement dans les contrôles utilisés.
Frénésie addictive
La viabilité du concept de WarioWare s’explique par la frénésie avec laquelle s’enchaînent tous ces micro-jeux, le joueur n’ayant que cinq secondes pour résoudre une situation donnée sans trop d’indications. Résumé en une injonction aussi basique que sibylline (du style « découpe », « aligne », « évite »…), l’objectif est toujours excessivement simple mais il ne manque jamais d’interloquer par l’absurdité des situations présentées. Faisant tout pour nous déstabiliser, le titre vaut surtout lorsqu’on s’y essaie pour la première fois alors qu’on ne connaît pas encore le principe des mini-jeux. La difficulté ne réside alors pas tant dans la résolution des défis que dans leur compréhension, fortement compromise par la limite de temps excessive. Cinq secondes pour comprendre qu’il faut déposer du dentifrice sur une brosse à dents, asperger un hamburger volant de ketchup ou attraper une tartine qui décolle d’un grille-pain, ce n’est pas du luxe…
Le goût du grotesque
Au-delà de cette frénésie captivante, WarioWare se démarque toujours autant par ses scènes divinement stupides qui font tout pour nous perturber. D’une diversité visuelle étonnante, le titre ne s’embarrasse pas de fioritures, préférant miser sur la laideur grossière des personnages mis en situation dans le but innocent de nous faire rire. Et ça fonctionne ! Aussi bêtes que drôles, les micro-jeux font même parfois preuve d’une inspiration de haut vol, comme lorsqu’ils nous font travers un niveau de Super Mario Bros. imprimé sur un cylindre à l’aide des fonctions gyroscopiques de la console. Brillant ! D’une manière générale, ce sont surtout les niveaux des boss qui restent le plus facilement en mémoire, proposant des challenges plus originaux sur une durée étendue à plusieurs dizaines de secondes.
Des changements discutables
Profitant pour la première fois de séquences intermédiaires doublées en français, WarioWare Gold se montre moins efficace sur son enrobage narratif qu’il eût été préférable de sacrifier sur l’autel de l’instantanéité des micro-jeux. Trop longues et rarement drôles, ces scènes auraient sans doute fonctionné davantage avec les voix japonaises ou peut-être sans aucun doublage. Surtout qu’elles ne servent qu’à présenter des protagonistes dont on n’a que faire depuis le début de la série. Soulignons tout de même, pour l’anecdote, que le soft comporte un mode bonus permettant de s’essayer soi-même au doublage en enregistrant sa propre voix sur les cinématiques du jeu. Original.
Mais la principale entorse effectuée par cet épisode concerne la possibilité d’activer très facilement des « Continue » qui sabotent complètement le challenge et la durée de vie du titre. Le joueur qui vient de perdre sa dernière vie peut maintenant reprendre directement à la dernière épreuve d’une série en échange de quelques piécettes symboliques. Résultat, on perd toute la tension qui faisait le sel des anciens volets où il fallait tout recommencer une fois le quota de vies évaporé. Trop permissif, WarioWare Gold nous autorise même à recourir aux amiibo pour augmenter notre pécule à l’infini…
Plaisir éphémère
Tout ceci met hélas en péril la durée de vie qui s’effeuille beaucoup trop rapidement, malgré l’ajout de nouvelles propositions. Totalement optionnelles, des missions annexes sont là pour nous pousser à la réalisation de scores élevés, même si la formule s’apparente finalement à de simples objectifs de trophées/succès rapportant des pièces. En terminant le jeu une fois, on débloque tout de même le gros morceau du jeu, à savoir son mode “Défis”, qui fait intervenir de nouvelles variantes de règles, plus exigeantes et donc nettement plus intéressantes. On y retrouve d’ailleurs la séquence de cache-cache impliquant de cacher la console sous le lit pour éviter de se faire surprendre par une maman au regard mortel. Plus inédite, la variante Wario Deluxe nous oblige à nous concentrer malgré les handicaps infligés par Wario à l’écran, handicaps que l’on peut réduire à l’aide du gyroscope.
Un contre-la-montre original nous invite même à lever ou abaisser la console pour ajuster la vitesse de jeu afin d’atteindre l’objectif sans prendre de risques inconsidérés. En mode “Non-Stop”, l’absence de pause intermédiaire fait que l’on enchaîne deux fois plus d’épreuves en passant de l’écran supérieur à l’écran inférieur sans la moindre interruption ! Enfin, ceux qui souhaitent défier d’autres possesseurs du jeu en local peuvent se tourner vers le mode Duel, également livré en bonus. Bien que toutes ces variantes, ajoutées à la perspective de débloquer la totalité des récompenses, compense un petit peu la faible durée de vie du titre, WarioWare Gold aurait tout de même gagné à distiller davantage sa progression, sur le modèle de l’excellent Rhythm Paradise Megamix que l’on conseillera en priorité aux possesseurs de 3DS.
Conclusion
Tel un vieux grincheux désireux de récupérer sa part du gâteau, Wario revient avec sa hotte de micro-jeux irrésistibles sans s’embarrasser de fioritures. Moins exigeant que par le passé, ce nouveau WarioWare ne comporte pas grand-chose d’inédit, mais ses défis annexes révèlent tout son intérêt une fois l’histoire terminée.