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Test Labo du Sony Alpha A7R III : un hybride à la hauteur des reflex professionnels

19 juin 2018
Par Romain Challand, Marielle Masounave
Test Labo du Sony Alpha A7R III : un hybride à la hauteur des reflex professionnels

En résumé

À défaut de surprendre, Sony continue de pleinement satisfaire avec son offre hybride, dont cet A7R III est un fier représentant. Il hérite un peu de l’ADN de l’Alpha 9, offrant quelques progrès ergonomiques, même si sa compacité est moindre lorsqu’il est associé à l’objectif FE 24-70 f/2.8 GM. Il gagne en outre une autonomie largement améliorée. L’Alpha 7R III offre des performances de tout premier ordre, comme une résolution exceptionnelle permettant de très larges recadrages, une qualité optique sans défaut, et un rendu des détails tout à fait excellent. Le système autofocus amélioré de ce produit est un plus, avec un Eye AF toujours aussi plaisant, tandis que sa réactivité est très bonne.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Recadrage possible jusqu’à 74 % pour un 20 x 30 cm
  • Excellente restitution des détails
  • Qualité optique irréprochable
  • Vidéo 4K sur la totalité du capteur
  • Viseur 100 %
  • Bonne gestion du bruit en sensibilité élevée
  • Autonomie plus que doublée depuis l’A7R II
  • Système AF amélioré depuis l’A7R II
Les moins
  • Optique disproportionnée par rapport au boîtier
  • Molettes crantées trop proches des bords
  • Inclinaison de l’écran de seulement 41 degrés vers le bas

Notre test détaillé

Successeur de l’Alpha 7R II, spécialiste de la résolution au sein de la gamme Alpha, le Sony Alpha 7R III continue de faire doucement évoluer cette catégorie de produits. Passé par notre Labo, ce boîtier hybride plein format nous a révélé ses secrets.

sony a7R III

© Labo Fnac

En préambule, rappelons que nos mesures ont été faites en mode programme et en laissant l’appareil effectuer ses propres réglages. Bien que ce test s’adresse plutôt à un profil amateur débutant, les résultats obtenus restent valables si vous êtes plus expérimentés. Sachez toutefois qu’ils sont susceptibles d’être optimisés en mode manuel.

Le Sony Alpha 7R III est donc le troisième modèle de la série Alpha 7R, lui-même issu de la famille Alpha 7. Sony décline en effet sa série Alpha 7 dans des versions S et R, chacune ayant sa particularité. Les modèles S (pour Sensibilité) se caractérisent par la promesse de performances soignées en basse lumière, tandis que les modèles R (pour résolution) offrent des capteurs dopés aux mégapixels. L’A7R III intègre quant à lui un capteur CMOS Exmor R plein format de 42,4 mégapixels (7952 x 5304 pixels), associé à un processeur d’image Bionz X, permettant notamment de shooter des fichiers RAW en 14 bits. Ce boîtier offre une vitesse d’obturation comprise entre 1/8 000 et 30 secondes, une plage de sensibilité jusqu’à 32 000 ISO et extensible jusqu’à 50 – 102400 ISO, ou encore une rafale jusqu’à 10 ips avec suivi AF/AE. Tout comme celui de son prédécesseur, le système autofocus du Sony A7RIII allie un système à détection de phase de 399 points, idéal dans l’obscurité ou en situation de faible contraste, et un système à détection de contraste, généralement plus rapide dans les situations courantes. Ce dernier présente cependant une grosse amélioration avec l’augmentation du nombre de points de détection, passant de 25 à 425 pour l’A7R III. L’appareil autorise également la captation vidéo 4K à 30 images par seconde. Le boîtier dispose d’un viseur OLED de 3,66 millions de points, d’un écran LCD de 1,44 million de points, et deux ports pour cartes SD (UHS-I et UHS-II).

Ergonomie, design et fonctionnalités

La prise en main

La série Alpha a subi des changements depuis le lancement du premier Alpha 7, mais le constructeur japonais a conservé une ossature reconnaissable. L’Alpha 7R III affiche notamment un poids et des dimensions presque identiques à celles de l’A7R II, mais emprunte quelques nouveautés à l’Alpha 9, l’hybride professionnel de la marque. C’est le cas du système d’accès aux ports SD, ou de la molette de sélection du mode qui intègre un bouton de sécurité sur le dessus.

sony a7R III

© Labo Fnac

Puisque nous avons récemment testé le Nikon D850, lui aussi équipé d’un capteur de grande définition (45,4 millions de pixels), il nous apparaît logique de comparer rapidement les deux systèmes en matière de design et d’ergonomie. Il est vrai que l’argument principal de Sony par rapport aux reflex tient à la compacité du système et à sa légèreté. L’A7R III mesure 126,9 x 95,6 x 73,7 mm quand le D850 mesure 146 x 124 x 78,5 mm. Mais c’est surtout en matière de poids que le système de Sony tire son épingle du jeu, avec 657 grammes pour le boîtier, contre 1005 grammes pour celui de Nikon. L’optique testée, c’est-à-dire un 24-70 mm f2.8 dans les deux cas, est également plus légère de 180 grammes (15 %) et un peu plus courte chez Sony. Cependant, l’optique G Master du Nippon paraît disproportionnée par rapport à la taille du A7R III, ce qui est susceptible de gêner un peu la préhension. Sony a toutefois fait le choix d’intégrer l’ensemble des touches sur le côté droit de son appareil, ce qui libère la main gauche pour soutenir l’objectif. Une juste compensation.

sony a7R III

© Labo Fnac

La prise en main globale du produit est plus limitée qu’avec la plupart des reflex, et il n’est possible d’installer que trois doigts sur la poignée qui fait environ 5 centimètres de haut. Cette poignée est toutefois ergonomique et suffisamment creusée pour offrir une préhension sûre. Le bouton de déverrouillage de l’objectif aurait peut-être pu être glissé de l’autre côté, mais son placement près de la poignée permet de changer d’optique tout en sécurisant son appareil. D’ailleurs, l’espace entre la poignée et l’objectif est d’environ 1,5 cm. Ce manque d’espace pourra être gênant dans certains cas, mais il peut également constituer un avantage lors d’une utilisation à une main puisque les doigts sont bien bloqués entre la poignée et l’objectif. Enfin, les molettes crantées (ouverture et vitesse) ne dépassent pas suffisamment du boîtier pour une utilisation optimale. Rappelons que l’A7R III propose désormais un joystick qui permet de sélectionner le point AF désiré. Le bouton d’enregistrement vidéo est également habilement placé à droite du viseur, accessible depuis le pouce de l’utilisateur.

sony a7R III

© Labo Fnac

L’A7R III possède un viseur électronique OLED de 3,6 millions de pixels, et couvrant 100 % du champ. Sony a largement amélioré son viseur depuis le premier Alpha 7, mais celui-ci est toujours moins lumineux et agréable à utiliser qu’un viseur reflex. Cependant, cette visée a l’avantage de présenter un affichage dynamique, permettant de visualiser l’image telle qu’elle sera capturée. L’affichage dynamique en visée oculaire est également pratique en vidéo puisqu’il offre plus de stabilité qu’avec uniquement le LiveView. Le fait que le viseur ressorte laisse aussi plus d’espace pour le nez, qui se retrouve moins collé à l’écran.

sony a7R III

© Labo Fnac

L’écran LCD TFT de 7,5 cm du boîtier offre 1,44 million de points et la possibilité de sélectionner le collimateur AF de manière tactile. Malheureusement, la navigation tactile n’est pas disponible dans les menus, ce qui aurait pourtant permis de gagner du temps dans les nombreux onglets que propose Sony. Il aurait également été appréciable que cet écran monté sur charnière offre une inclinaison supérieure vers le bas puisqu’il faut ici se contenter de 41 degrés. Admettons que vous portiez votre appareil à bout de bras pour photographier ou filmer un concert : l’écran risque d’être sujet à des reflets et de gêner la prise de vue. Vers le haut, l’inclinaison est suffisante, avec environ 107 degrés.

Lors de la présentation du boîtier, Sony a notamment insisté sur l’amélioration de l’autonomie par rapport au modèle précédent. Celui-ci autorise désormais environ 530 prises de vue contre 290 pour le A7R II.

La connectique

Se voulant professionnel, l’A7R III propose une connectique riche. Elle se compose d’un connecteur micro HDMI (type D), d’un port USB-C, d’une prise micro USB, et d’une prise casque (mini jack stéréo 3,5 mm). Une prise microphone est également de la partie, tout comme une prise synchro flash. L’A7R III est également compatible Wi-Fi 802.11b/g/n (bande de 2,4 GHz), Bluetooth (v4.1) et NFC. Ce dernier permet notamment de coupler rapidement le boîtier à un smartphone Android ou iOS, et de piloter à distance la prise de vue grâce à l’application Play Memories. Il est également possible de transférer des images sur le téléphone associé.

sony a7R III

© Labo Fnac

Puisque le système hybride de Sony vise la compacité, le constructeur n’intègre que des ports pour cartes SD. La nouveauté par rapport à l’A7R II, c’est qu’ils sont ici au nombre de deux, dont un compatible UHS-II. Notez que le slot numéro 1, celui situé en bas, est prioritaire.

Résolution

En préambule de cette partie, rappelons que la résolution correspond au plus petit élément pouvant être distingué dans l’absolu par le système de prise de vue. Il s’agit donc d’une qualité intrinsèque au système mesuré qui dépend notamment de l’optique, du capteur et de la fréquence d’échantillonnage. Cette mesure ne dépend donc pas des conditions de prise de vue. On peut calculer au préalable la résolution théorique en divisant par deux la dimension de référence, ici la diagonale.

Dans l’absolu, la résolution mesurée du A7R III associé au FE 24-70 mm f2.8 GM est, au 28 mm, égale à la résolution théorique. La promesse est donc parfaitement tenue. En revanche, on mesure une qualité décroissante en augmentant la focale. À la focale max, 70 mm, la promesse n’est plus tenue qu’à 80 %. Ce qui reste cependant très bon.

Pour évaluer la qualité d’image, nous avons choisi une retranscription de nos mesures basée sur la perception humaine et sur une situation concrète d’utilisation. L’unité utilisée dans nos tests est le nombre de cycles par degré. Cette unité est une manière d’exprimer la résolution par rapport à une situation donnée : ici, une image tirée sur un 20 x 30 cm, observée à 30 cm par notre œil étalon. D’un point de vue schématique, on peut représenter un cycle par un noir + un blanc. Le nombre de cycles par degré correspond alors au nombre de noir et blanc discernables dans 1 degré.

Du fait de sa définition, l’A7R III nous promet dans cette situation une résolution de 695 cycles par degrés équivalente à un recadrage sans perte visible de qualité d’au moins 75 % pour une image tirée en 20 x 30 cm. D’après nos mesures, vous pouvez sans problème recadrer jusqu’à 74 % et donc ne garder qu’environ ¼ de l’image. Ce n’est qu’au-delà qu’une dégradation visible de l’image pourrait être constatée. En matière d’homogénéité, l’A7RIII est excellent et la qualité est constante en tous points de l’image, quelle que soit la focale.

Sensibilité

SONY a7RIII scene test

La scène test de notre Labo, photographiée ici à 28 mm (500 Lux) © Labo Fnac

Pour nos tests, nous avons choisi un niveau d’éclairage de 500 Lux, correspondant au niveau d’éclairement d’un salon en lumière tamisée. C’est aussi l’éclairement préconisé pour lire. Et comme pour le Nikon D850, appareil en face duquel il vient se placer en raison de son prix ou de la taille de son capteur photo, l’A7R III est tout simplement excellent quelles que soient les situations. Tous les éléments de notre scène test ont été restitués avec brio.

Si en termes de restitution des détails, il nous est bien difficile de désigner un gagnant, l’A7R III se montre plus constant d’une focale à l’autre. En revanche, en JPEG, les couleurs sont plus saturées et les détails accentués. Ainsi certaines matières hautes en couleur semblent manquer de détails (cf. feutrine rose) et d’autres paraissent artificielles (cf. ardoise).

En résumé, les performances du couple testé sont excellentes, et on souligne ici aussi la pertinence des réglages automatiques de ce Sony Alpha 7R III.

SONY a7RIII

Restitution des fibres et tissus © Labo Fnac

SONY a7RIII

Restitution des détails de la végétation © Labo Fnac

Qualité optiques

Globalement, l’aberration chromatique n’est pas invisible, mais elle est négligeable. En effet, au 70 mm et en bordure d’image, on note une déviation maximale de 0,8 mm pour un cadrage à 100 % sur un 20 x 30 cm. La distorsion géométrique est à tendance barillet, mais elle est globalement imperceptible. Le système testé ne présente aucun astigmatisme, défaut optique qui a pour effet, rappelons-le, de déformer l’image, entraînant par exemple la confusion de lettres proches telles que le H et le M ou le Q et le O.

Vidéo

Sony propose un enregistrement vidéo en 4K à 30 images par secondes et sur toute la surface du capteur avec son A7R III. Il autorise la captation en Full HD à 120p sans recadrage, et propose en outre plusieurs profils, dont les S-Log3 et HLG. Le produit ne va toutefois pas jusqu’à titiller les cadors de la discipline, comme le GH5, qui permet de shooter en 4:2:2 10 bits.

Conclusion

À défaut de surprendre, Sony continue de pleinement satisfaire avec son offre hybride, dont cet A7R III est un fier représentant. Il hérite un peu de l’ADN de l’Alpha 9, offrant quelques progrès ergonomiques, même si sa compacité est moindre lorsqu’il est associé à l’objectif FE 24-70 f/2.8 GM. Il gagne en outre une autonomie largement améliorée. L’Alpha 7R III offre des performances de tout premier ordre, comme une résolution exceptionnelle permettant de très larges recadrages, une qualité optique sans défaut, et un rendu des détails tout à fait excellent. Le système autofocus amélioré de ce produit est un plus, avec un Eye AF toujours aussi plaisant, tandis que sa réactivité est très bonne.

Article rédigé par
Romain Challand
Romain Challand
Journaliste
Marielle Masounave
Marielle Masounave
Responsable des tests photo
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