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Test de Unravel Two : Un numéro d’équilibristes en duo

13 juin 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Unravel Two : Un numéro d'équilibristes en duo

En résumé

Surgissant précisément là où on ne l’attendait pas, Unravel Two se hisse avec maestria parmi le haut du panier des titres dont le génie s’articule autour d’une progression en duo. Charmant et passionnant d’un bout à l’autre, le voyage a pour seul véritable défaut de s’achever un peu trop rapidement, même s’il renferme de nombreux défis annexes destinés à mettre à l’épreuve notre maîtrise du gameplay.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La réalisation et le gameplay en fils de laine, toujours aussi efficaces
  • Une progression désormais articulée autour d'un duo
  • L'approche coopérative qui n'interdit pas les parties en solo
  • Le ralenti et les astuces facultatives pour éviter de rester bloqué
  • La rapidité des « retry » et des temps de chargement
  • Ambiance musicale remarquable, surtout dans les derniers environnements
  • Plusieurs types de défis optionnels ardus et quantité de secrets à dénicher
Les moins
  • Rien de fondamentalement inédit dans la formule
  • Sept niveaux principaux, c'est un peu court
  • L'intrigue nébuleuse, trop secondaire

Notre test détaillé

Révélé début 2016, le premier Unravel en avait ébloui quelques-uns avec ses décors saisissants de réalisme où l’on voyait déambuler un étrange protagoniste composé de simples bouts de ficelles. Lancée deux ans plus tard sans que rien n’ait filtré concernant son développement, sa suite voit les choses différemment en se recentrant sur les possibilités de gameplay offertes par la nature si particulière de Yarny et d’un invité surprise.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Comme le souligne très justement l’équipe de Coldwood dans un message laissé à l’attention du joueur lors du défilement des crédits de Unravel Two, la vie est une histoire de liens que l’on tisse en permanence autour de nous sans que l’on que nous ayons une emprise totale dessus. Certains se défont parfois indépendamment de notre volonté, tandis que d’autres nous permettent de nous relever lorsque nous tombons, pour nous tirer vers le haut. Derrière Unravel Two, il y a donc d’abord cette idée de présenter l’espoir comme une étincelle susceptible d’être ravivée à n’importe quel moment de notre vie pour peu que l’on mette de côté notre individualisme. Et si le « Two » de Unravel 2 est écrit en toutes lettres, c’est bien pour insister sur l’expérience de partage que se propose de nous offrir cette suite placée sous le signe de la coopération.

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Plus jamais seul

Ce qu’il reste de Unravel Two une fois le voyage terminé, c’est la difficulté à imaginer ce qu’aurait pu être le soft sans la présence d’un second petit bonhomme de laine aux côtés de Yarny. Aussi impensable qu’un ICO dépossédé de sa fragile Yorda, la progression en duo devient une évidence dans Unravel Two lorsqu’on voit tout ce que cela apporte au concept initial. Comme si le premier volet n’était finalement qu’une ébauche du second, toute la palette de mouvements de notre protagoniste ne semble en effet prendre son sens qu’en présence d’un allié. Voilà pourquoi Unravel Two affiche en permanence ses deux héros à l’écran, nous incitant fortement à venir le découvrir en coopération avec un autre joueur, même si l’aventure reste parfaitement jouable en solo. Dans ce dernier cas de figure, ce n’est pas l’I.A. qui contrôle le deuxième personnage, mais le joueur qui prend en charge alternativement les deux poupées de laine, portant dans ses bras l’individu inerte ou les dirigeant tous les deux individuellement. Insistons sur le fait que, si l’expérience perd forcément un peu de son charme dans cette configuration, cela n’altère en rien le plaisir de jeu qui se révèle parfaitement calibré pour les deux types de propositions.

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Joindre les deux bouts

Il faut dire que la nature même des protagonistes de laine offre un éventail de possibilités très intéressant en choisissant de souder chacun des membres du duo par le centre de leur pelote, tel un cordon ombilical. Individuellement, les deux personnages sont capables de projeter des bouts de ficelle façon lasso afin d’interagir avec l’environnement en tirant par exemple des branches vers eux, en formant des « ponts-trampolines » ou en s’accrochant à des prises pouvant faire office de balançoires aériennes. Mais si la progression repose toujours sur des astuces de gameplay aux fortes consonances plate-forme, l’union permanente et forcée des deux héros ouvre de tout nouveaux horizons au travers d’une mise en situation extrêmement diversifiée. On assimile alors bien vite les principes de l’alpinisme en duo, utilisant les bouts de laine pour descendre en rappel, prendre de la vitesse ou se hisser sur des rochers autour desquels on aura formé des boucles en se servant de l’autre Yarny comme d’un contrepoids. Essentiellement basé sur la physique sans jamais atteindre un niveau de complexité rebutant, le jeu met en place des puzzles intuitifs qui alternent avec des situations reposant davantage sur des notions de timing pour faire subitement grimper la tension. C’est le cas des scènes de poursuite, ou des moments où l’on est traqué par des créatures sombres avec lesquelles tout contact est mortel.

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Question d’ambiance

Unravel Two n’est pas pour autant un « die & retry » dans lequel la mort nous guetterait en permanence. Le soft mise au contraire sur une construction des niveaux assez facile à lire, qui évite l’écueil du « par cœur » et garantit une progression fluide, sans pour autant basculer dans un excès de facilité. Tout est mis en œuvre pour permettre à chacun d’entre nous d’aller jusqu’au bout, quitte à recourir à des indices facultatifs ou à une fonction de ralenti, elle aussi totalement optionnelle. On se surprend alors à parcourir l’aventure d’une seule traite, chaque niveau étant source d’émerveillement visuel et ludique, auréolé d’une atmosphère sonore magnifique. Très fines, les compositions musicales savent retenir notre attention par des variations auxquelles on ne s’attend pas forcément, ce qui compense la trop grande discrétion des bruitages et le mutisme des personnages. Se matérialisant de manière encore plus ténue au travers de présences fantomatiques censées nous éclairer sur les dessous de l’intrigue, la narration reste très largement en arrière-plan, comme si l’important ne résidait pas dans les raisons de notre périple, mais dans son déroulement brut.

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Y revenir

S’il n’y a rien de fondamentalement nouveau dans la formule de Unravel Two, le sentiment que nous laisse le jeu reste étonnamment fort, se rapprochant par là des expériences livrées par des pointures comme Limbo, Inside ou Little Nightmares. Sans jamais réellement s’assombrir, le propos renferme quelque chose de suffisamment inquiétant pour nous garder attentifs de bout en bout. Et les sept niveaux paraissent finalement un peu courts au regard de la qualité intrinsèque de l’aventure. Reste heureusement l’envie de partager l’expérience en formant de nouveaux duos dans l’optique de partir en quête des nombreux bonus dissimulés à travers les différents tableaux, ou de relever les défis proposés en marge du scénario avec des récompenses intéressantes à la clé. Parvenir à boucler chaque niveau sous les limites du chrono et sans jamais mourir réserve alors un challenge autrement plus délicat !

Conclusion

Surgissant précisément là où on ne l’attendait pas, Unravel Two se hisse avec maestria parmi le haut du panier des titres dont le génie s’articule autour d’une progression en duo. Charmant et passionnant d’un bout à l’autre, le voyage a pour seul véritable défaut de s’achever un peu trop rapidement, même s’il renferme de nombreux défis annexes destinés à mettre à l’épreuve notre maîtrise du gameplay.

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