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Test de The Way Remastered : Ferait-il fausse route ?

24 avril 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de The Way Remastered : Ferait-il fausse route ?

En résumé

Si l’idée de nous renvoyer aux confins de l’imaginaire pour un voyage nostalgique dans l’esprit d’Another World avait de quoi séduire, The Way Remastered cumule trop d’imperfections pour remplir pleinement son contrat. Moins cinématographique et dépaysante que prévue, l’aventure s’avère surtout inutilement complexe et beaucoup trop contraignante pour que l’on retienne autre chose que ses séquences les plus éprouvantes. Difficile, dans ces conditions, de se laisser porter par son atmosphère pourtant si singulière.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un game design retravaillé et légèrement moins pénalisant sur Switch
  • Une ambiance et une D.A. fortes en émotions
  • Atmosphère musicale soignée avec ajout de voix en anglais
  • Nouveaux effets visuels et vibrations HD propres à cette version
Les moins
  • Déséquilibre entre la réactivité exigée et la lourdeur des contrôles
  • Une progression très old school qui rebutera les allergiques du die & retry
  • La logique des énigmes, pas toujours facile à suivre
  • Un game design inutilement complexe qui dessert l'expérience de jeu
  • L'entraide avec la créature alien sous-exploitée
  • Scénario complètement en retrait
  • Un bug bloquant présent au lancement (correctif en approche)

Notre test détaillé

Passé relativement inaperçu sur PC et Xbox One, The Way revient tenter sa chance sur Switch dans une édition légèrement repensée. Lointain cousin des chef-d’œuvres intemporels que furent Flashback ou Another World en leur temps, ce jeu d’action-aventure en pixel art nous embarque pour une expérience S.F. plus éprouvante qu’enivrante.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Si l’envie de s’affranchir de la mort est une thématique récurrente dans le domaine du jeu vidéo, elle n’est employée dans The Way qu’en guise de point de départ pour une expérience nostalgique. Nostalgique car ouvertement conçue dans le but de suivre les traces laissées par des précurseurs tels Eric Chahi et son « autre monde » dans lequel l’imaginaire, l’écriture et la mise en scène prenaient le pas sur le simple divertissement.

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Out of this World

Au-delà de son aspect visuel qui lui rend bien évidemment hommage, la prise en main de The Way suffit déjà à raviver des souvenirs inscrits dans le vécu des adeptes d’Another World, notamment à travers les postures du protagoniste humain et son extrême vulnérabilité. Confronté à la mort de son épouse, cet homme ne peut accepter la perte définitive de sa bien-aimée et décide de partir en quête de la vie éternelle sur une lointaine planète. Mais même si cet ancien membre d’une équipe d’exploration spatiale n’en est pas à son premier voyage dans l’espace, c’est sa propre mort qui pourrait bien l’attendre au bout du chemin…

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Lost in Space

Car si les premières minutes de jeu ne laissent guère de place au danger, l’atterrissage sur la planète alien se révèle nettement plus propice aux mauvaises rencontres. Armé alors d’un simple pistolet laser, notre explorateur est tout sauf un surhomme et la profusion de pièges en tous genres justifie amplement la présence de nombreux checkpoints. Susceptible d’agoniser à la moindre blessure et s’écrasant comme une flaque à chaque saut un peu trop ambitieux, ce protagoniste aux aptitudes physiques limitées nous invite à doser au pixel près chacun de nos mouvements, quitte à recommencer plusieurs fois les mêmes passages vicieux. D’une manière générale, les responsables de The Way Remastered se sont tout de même efforcés de rendre la découverte du titre légèrement moins pénalisante sur Switch, repensant certaines énigmes pour limiter le caractère frustrant et décourageant des séquences les plus abusées. Pour autant, le titre reste résolument exigeant, aussi bien dans ses phases d’action/plate-forme que dans sa logique de progression qui ne prend jamais le joueur par la main.

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Reconnecter le cerveau

Jusque-là, rien de bien grave. L’atmosphère fonctionne plutôt bien sur les plans graphiques et sonores, et l’ajout de voix anglaises et de vibrations HD propres à la Switch renforcent l’immersion dans cet univers insolite et dangereux. Mais on ignore encore que le soft est sur le point de négocier un virage brutal en termes de game design, une orientation radicale qu’il conservera jusqu’à la fin. En effet, une fois le pistolet aux oubliettes, la dominante action disparaît pour laisser place à une succession ininterrompue d’énigmes dont la résolution repose sur l’usage de pouvoirs surnaturels. The Way Remastered perd alors une bonne partie de son charme en nous confrontant à des casse-têtes pénibles qui nous sortent complètement de l’atmosphère d’étrangeté qui planait jusque-là.

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On ne compte plus le nombre de blocs à pousser ou de séquences piégées à mémoriser par cœur pour pouvoir progresser plus avant. La télékinésie, la téléportation et le bouclier réfléchissant les lasers à la manière d’un miroir ne font que nous ramener à des routines de gameplay usées jusqu’à la moelle dans le domaine des jeux vidéo. Qui plus est, le manque de précision lié à l’usage du stick lorsqu’il s’agit de manipuler des objets à distance ou de renvoyer des rayons à l’aide du bouclier nuit à ce portage console. S’ajoute à cela une logique de résolution vraiment difficile à suivre ou trop tortueuse pour que l’on ait plaisir à raisonner sans que la plupart des casse-têtes ne deviennent systématiquement usants.

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L’homme contre la machine

Seules les phases en extérieur ou faisant intervenir des soupçons d’entraide par l’intermédiaire d’une créature alien amicale nous motivent encore à aller jusqu’au bout, même si cet aspect-là reste largement sous-exploité. On en vient donc assez vite à regretter que l’ensemble du game design ne soit pas calibré à l’image des trois premières heures de l’aventure… soit juste avant qu’un bug bloquant ne fasse basculer le titre dans les affres de la pénibilité. Car ce portage Switch souffre effectivement d’un bug critique qui, non seulement fait crasher le titre, mais détruit de manière irrémédiable notre sauvegarde automatique ! Le joueur victime du bug se voit alors contraint de tout recommencer à zéro… à moins qu’il ne parvienne, comme ce fut notre cas, à contourner le crash en suivant la procédure (en temps limité !) recommandée par les développeurs et publiée dans les notifications de la console. Ce qui sabote toutefois entièrement l’intérêt du combat de boss durant lequel le bug survient. A terme, une mise à jour devrait être déployée pour remédier à ce malencontreux problème, mais une chose est sûre : jouer à The Way Remastered se mérite !

Conclusion

Si l’idée de nous renvoyer aux confins de l’imaginaire pour un voyage nostalgique dans l’esprit d’Another World avait de quoi séduire, The Way Remastered cumule trop d’imperfections pour remplir pleinement son contrat. Moins cinématographique et dépaysante que prévue, l’aventure s’avère surtout inutilement complexe et beaucoup trop contraignante pour que l’on retienne autre chose que ses séquences les plus éprouvantes. Difficile, dans ces conditions, de se laisser porter par son atmosphère pourtant si singulière.

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