En résumé
De par son intention loufoque de nous mettre la pression toutes les soixante secondes dans le cadre d’un absurde jeu de piste se déroulant dans un univers rétro à souhait, Minit est une expérience unique en son genre. Il n’en demeure pas moins un titre volontairement minimaliste qui ne plaira logiquement pas à tout le monde.
Note technique
Les plus et les moins
- Un concept complètement dingue
- Les multiples références rétro
- Le côté jeu de piste orienté aventure/action
- Le rythme haletant dû aux objectifs chronométrés
- Les personnages loufoques et leurs « voix yaourt »
- La « seconde odyssée » qui relance tout
- Un titre volontairement épuré qui ne plaira pas à tous
- Vraiment très court si on se limite au premier run
Notre test détaillé
Que peut-on faire en à peine une minute ? Rien, ou presque. C’est la réponse que nous serions tentés de donner si nous n’avions pas derrière nous l’expérience Minit, un jeu où chaque seconde compte et dans lequel la notion de vie et de mort est un éternel recommencement.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Derrière son concept complètement fou, Minit convoque l’une des références les plus audacieuses et charmantes que le jeu vidéo nous ait livrée ces dernières années : l’incroyable Half-Minute Hero. D’origine japonaise, ce titre d’une originalité sidérante transposait les routines les plus symboliques du RPG dans un univers en pixel art où le game over surgissait inexorablement toutes les trente secondes ! Une fatalité que l’on pouvait cependant déjouer en usant d’astuces permettant de réinitialiser le décompte afin d’engranger davantage d’expérience (XP) et ainsi venir à bout d’adversaires de plus en plus puissants. Difficile de savoir si Minit trouve là son origine première mais l’analogie semble inévitable, même si les deux jeux n’ont finalement pas grand-chose en commun au-delà de ce timer surréaliste et impitoyable.
Minimalisme positif
Si Minit porte si bien son nom c’est parce que tout en lui trahit une volonté de minimalisme paroxystique. Arborant un rendu monochrome qui rend hommage à toute la production Game Boy du début des années 90, le jeu nous fait voyager dans notre passé de joueur au travers de tableaux épurés évoquant de multiples références rétro. C’est pourquoi il ne fait intervenir qu’un minimum d’indications textuelles visant à nous guider dans ce monde énigmatique découpé en écrans fixes juxtaposés, comme à l’époque du tout premier Zelda sur NES. De simples « voix yaourt », style Animal Crossing, permettent à des NPC que l’on croirait tout droit sortis d’un Rhythm Paradise de s’exprimer. Enfin et surtout, ses règles du jeu se montrent aussi simples que cruelles, régies par un game over inéluctable toutes les soixante secondes !
Chaque seconde compte
Minit revêt ainsi la forme d’un jeu de piste singulier orienté action/aventure dans lequel le joueur doit mettre à profit la seule minute qui lui est attribuée afin de comprendre comment s’enfoncer chaque fois un peu plus dans l’univers du jeu. Il s’agit d’abord d’interpréter correctement les maigres indices livrés par les NPC (personnages non-joueurs), et surtout de comprendre de quelle manière utiliser les précieux objets obtenus en récompense de nos actions, dans le but de révéler de nouvelles voies d’exploration. Inévitablement, la comparaison avec le principe des échanges d’objets de Zelda : Link’s Awakening qui s’étendaient sur toute la durée de l’aventure nous vient naturellement. A mesure que l’on met la main sur un nouvel item, les barrières se lèvent et de nouvelles problématiques s’offrent à nous… et tout cela en une minute chrono.
Un monde à mémoriser
Pour que le concept soit viable, les concepteurs du jeu ont fixé des règles logiques : à partir du moment où le joueur trouve une récompense, celle-ci est acquise définitivement. Par ailleurs, plusieurs bâtiments ou installations peuvent tenir lieu de campements dans le but de nous faire réapparaître un peu plus loin à chaque game over. A terme, et parce que les énigmes impliquent parfois de rallier en moins d’une minute n’importe quel écran du jeu, des téléporteurs deviennent utilisables, facilitant considérablement nos déplacements. Mais encore faut-il parvenir à mémoriser cet univers monochrome au point d’en avoir une visualisation suffisamment nette, aucune carte du monde n’étant bien évidemment accessible durant la partie.
Aventure néo-rétro
De cette expérience à l’ancienne, il ressort des réflexes de progression que bien peu de titres parviennent encore aujourd’hui à solliciter. On se surprend à noter consciencieusement le moindre indice pour savoir où et quand retrouver tel personnage le moment venu. Car l’efficacité du concept de Minit réside aussi dans la fonction insolite des objets trouvés, une tasse à café nous permettant par exemple d’accroître notre force pour déplacer des caisses. L’inventaire accueille ainsi pèle-mêle une épée cassée, un gant de jardinage ou encore une carte de presse… Tout l’aspect recherche caractéristique du jeu d’aventure constitue bel et bien le cœur de Minit, l’action n’étant qu’un enrobage accessoire qui n’intervient que pour pimenter encore un peu plus l’accomplissement des objectifs si atrocement chronométrés.
Des mystères à percer
A l’évidence, Minit n’est pas de ceux qui se livrent au terme d’une seule partie. Au-delà des tâches principales requises pour progresser plus avant, le fait de prendre le temps de résoudre l’une des innombrables énigmes optionnelles incluses en marge de l’aventure peut rapporter gros. C’est d’ailleurs le seul moyen de s’octroyer des cœurs de vie en plus ou des pièces débloquant des objets inestimables. Il faut surtout garder à l’esprit que les énigmes principales qui conduisent à la fin du jeu sont dans l’ensemble assez simples, seule la dernière section dans l’usine venant compliquer la donne. La brièveté du jeu est d’ailleurs son principal défaut, l’aventure pouvant théoriquement se boucler en moins d’une heure à l’issue d’un premier run effectué en ligne droite. Il est donc d’autant plus recommandé de prendre la peine de percer à jour tous les secrets optionnels qu’il renferme, car c’est seulement en visant le 100 % que le joueur peut entrevoir les subtilités les plus amusantes. Le fait de continuer après la fin permet aussi de s’essayer à une « seconde odyssée » qui se déroule dans un monde où tout est disposé différemment, exactement comme dans la seconde quête du tout premier Zelda ! Un challenge qui n’a alors plus rien de comparable, les objectifs étant minutés véritablement à la seconde près dans des contextes autrement plus complexes.
Conclusion
De par son intention loufoque de nous mettre la pression toutes les soixante secondes dans le cadre d’un absurde jeu de piste se déroulant dans un univers rétro à souhait, Minit est une expérience unique en son genre. Il n’en demeure pas moins un titre volontairement minimaliste qui ne plaira logiquement pas à tout le monde.