En résumé
Si Survive est loin d’être la catastrophe redoutée, il est difficile de le qualifier de bon jeu pour autant. Car derrière des mécaniques solides et une progression qui peut se montrer captivante à plusieurs égards, se cache un jeu répétitif, mal équilibré et dénué de toute ambition narrative. Le fait qu’il porte le nom de Metal Gear sans en avoir la légitimité est évidemment un facteur aggravant. Même s’il faut lui reconnaître une certaine élégance sur ce point, dans la mesure où il ne singe pas le travail de Hideo Kojima et ne touche ni aux personnages ni à l’histoire imaginés par celui-ci.
Note technique
Les plus et les moins
- Les mécaniques de survie, assez pertinentes
- Développer et gérer sa base a quelque chose de prenant
- Une montée en puissance palpable
- De vraies montées d’adrénaline face aux hordes de zombies
- Un scénario qui ne touche ni à la saga ni à ses personnages
- Les premières heures fastidieuses
- Un avatar qui a faim et soif en permanence
- Des missions qui se ressemblent toutes, c'est lassant
- Aucune ambition narrative
- La cendre, qui rend le jeu visuellement encore plus triste qu’il ne l’est
- Le multi beaucoup trop timide pour être intéressant
Notre test détaillé
Metal Gear Survive est sans doute le seul jeu au monde à n’avoir suscité que de la haine et du mépris dans les secondes qui ont suivi son annonce. Une réaction particulièrement hostile de la part des joueurs qui s’explique par l’opportunisme de Konami, qui cherche à travers lui à capitaliser sur une série vendeuse après s’être pourtant débarrassé de son créateur, Hideo Kojima, dans des conditions houleuses. Mais au-delà du désamour – légitime – que le jeu suscite, qu’en est-il réellement de sa qualité ?
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Metal Gear Survive démarre pile à la fin de Metal Gear Solid V: Ground Zeroes. Ça peut être un peu intimidant, dit comme ça. Chez les néophytes, cette continuité chronologique peut même constituer un frein à l’envie de découvrir le jeu. Mais en réalité, connaître les épisodes précédents de la série sur le bout des doigts est tout sauf une nécessité. Metal Gear Survive n’a de Metal Gear que le nom, puisqu’il s’écarte sensiblement de la mythologie qu’a élaborée Hideo Kojima pendant près de trente ans. Ici, il n’est pas question d’incarner Big Boss, Solid Snake, ni aucune autre figure marquante de la saga. Le jeu demande à la place de créer un avatar, lequel sera bien malgré lui propulsé dans une dimension parallèle pour vivre sa propre histoire.
Survivre plutôt que s’infiltrer
Survive est un spin-off qui prend énormément de libertés vis-à-vis de la série, au point d’évoluer dans un tout autre registre que celui dont on avait l’habitude jusqu’à maintenant. En effet, sur la terre inhospitalière où il atterrit, le protagoniste (qui peut être masculin ou féminin) ne sera pas amené à se faufiler dans divers complexes militaires pour accomplir sa mission. Comme son nom le laisse entendre, Survive abandonne l’infiltration au profit de la survie. Concrètement, il s’agira donc de satisfaire les besoins les plus primaires de son personnage – manger et boire – avant d’envisager de partir à l’aventure. Ignorer ce creux dans l’estomac ou cette sécheresse qui s’est installée dans le gosier n’est en effet pas sans conséquence. Dans le premier cas, la capacité maximale de la jauge de vie se retrouvera diminuée. Dans le second, c’est l’endurance qui sera touchée. Enfin, pour la faim comme pour la soif, des troubles de la vue viendront rappeler que la mort se rapproche à grands pas.
Partir à la découverte du monde pour, pas à pas, trouver le moyen de s’en échapper ne se fait pas sans un minimum de préparation. Et c’est d’autant plus vrai que celui-ci est infesté de zombies. Dans Survive, il faut récolter un maximum de matières premières en vue de se fabriquer armes et accessoires. Car si ces morts-vivants – appelés ici « Errants » – ne brillent ni par leur intelligence ni par leur vitesse de réaction, leur nombre peut les rendre particulièrement dangereux. Pour ne pas se retrouver en fâcheuse position, il est donc préférable, dans la mesure du possible, de les éliminer furtivement. Dans la mesure du possible seulement, car l’action prend régulièrement des allures de Tower Defense avec de grosses vagues d’ennemis à contenir. Dans ces moments-là, il s’agit de tirer parti de tous les gadgets mis à notre disposition pour s’en sortir. Le jeu permet en effet de poser différents types de barrières et de pièges, ce qui donne à ces séquences une petite dimension stratégique assez plaisante.
Une montée en puissance prenante
Bien qu’il n’en ait pas forcément l’air, Survive est un jeu âpre, qui exige beaucoup et qui ne donne que très peu en retour. L’absence totale de checkpoint durant les missions le réserve ainsi à un public motivé. De leur côté, les premières heures de l’aventure n’offrent pas d’autres choix que de boire essentiellement de l’eau croupie. Heureusement, à mesure que l’on progresse, le camp de base qui sert de QG se développe. Ce qui permet par exemple de construire des stations d’épuration des eaux pour ne plus avoir à vomir en permanence ou encore des potagers pour pouvoir récolter à intervalles réguliers quelques poignées de patates à cuisiner. Persévérer permet donc de découvrir une montée en puissance assez prenante, ainsi qu’une gestion de la base particulièrement intéressante. Ce n’est pas la possibilité d’assigner différentes tâches aux personnages que l’on sera parvenu à sauver lors de nos excursions qui viendra nous contredire.
Un problème d’équilibrage et d’ambition
Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, Survive n’a rien d’une catastrophe. Bien que relativement classique, sa proposition s’avère solide. Ses mécaniques forment un tout assez cohérent. Et ses contrôles, en grande partie hérités de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, en font un titre assez agréable à prendre en mains. Le problème, c’est que plusieurs défauts plus ou moins importants tirent l’expérience vers le bas. C’est le cas par exemple de sa difficulté, qui s’avère particulièrement mal dosée. Entre les jauges de faim et de soif qui se vident à une vitesse délirante, la rareté des vivres et la lenteur avec laquelle les choses avancent, les premières heures de l’aventure ont tout pour être rebutantes. La « mer de cendres », cet épais brouillard qui recouvre de larges portions de la carte, a aussi tout de la fausse bonne idée. En plus d’imposer un troisième facteur à surveiller – l’oxygène –, celle-ci plonge des décors déjà pas bien attractifs dans une brume aussi déstabilisante que générique. On se retrouve du coup à avancer un peu à l’aveuglette, ce qui a tendance à compliquer les choses de manière assez artificielle et inutile.
Le plus gros défaut de Survive, celui qui l’empêche d’être plus qu’un jeu moyen, tient néanmoins à son manque criant d’ambition. Le scénario n’a rien à nous raconter, alors qu’il s’agit précisément de l’un des points forts des Metal Gear traditionnels. Les différents personnages rencontrés n’ont rien de mémorable. La mise en scène manque cruellement de relief. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeu se révèle particulièrement répétitif. Clairement, les développeurs n’ont pas cherché à apporter la moindre variété ou originalité aux différentes situations rencontrées. Une certaine lassitude finit logiquement par s’installer. Et si une lueur d’espoir semble venir du multijoueur en ligne, on s’aperçoit malheureusement très vite que celui-ci n’est pas taillé pour relever le niveau. C’est vrai jouer en coopération permet de faire évoluer son avatar beaucoup plus rapidement. Mais les missions proposées n’étant que des variantes des phases de Tower Defense que l’on trouve déjà en solo, difficile d’en tirer un plaisir particulier.
Conclusion
Si Survive est loin d’être la catastrophe redoutée, il est difficile de le qualifier de bon jeu pour autant. Car derrière des mécaniques solides et une progression qui peut se montrer captivante à plusieurs égards, se cache un jeu répétitif, mal équilibré et dénué de toute ambition narrative. Le fait qu’il porte le nom de Metal Gear sans en avoir la légitimité est évidemment un facteur aggravant. Même s’il faut lui reconnaître une certaine élégance sur ce point, dans la mesure où il ne singe pas le travail de Hideo Kojima et ne touche ni aux personnages ni à l’histoire imaginés par celui-ci.