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Test de Kingdom New Lands (PS4) : De la simplicité naît la complexité

21 janvier 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Kingdom New Lands (PS4) : De la simplicité naît la complexité

En résumé

Désormais accessible aux joueurs PS4, Kingdom arrive avec le bagage complet de l’extension New Lands, sans oublier la sixième île du récent DLC Skull Island. Se hissant fièrement parmi les jeux les plus exigeants de la scène indépendante, il séduira ceux qui n’ont pas peur de se retrousser les manches pour percer à jour les innombrables subtilités d’un titre, certes redondant, mais qui ne les prend jamais par la main.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La logique d'un STR en scrolling 2D rétro aux allures de conte de fées
  • Un aspect gestion si simplifié qu'il en devient extrêmement ardu
  • Tout découvrir par soi-même et apprendre de ses erreurs
  • Une bande son enchanteresse qui ne lasse jamais
  • Le DLC Skull Island inclus de base
Les moins
  • La frustration de devoir tout reprendre à zéro à chaque fois
  • La redondance du concept, malgré la génération procédurale des environnements
  • Le sentiment qu'on ne dispose pas d'assez de solutions viables pour s'en sortir en dehors du schéma prévu par les concepteurs

Notre test détaillé

Avec un retard certain sur les machines concurrentes, la PS4 s’essaye enfin à la survie rétro de Kingdom New Lands, un jeu de stratégie dont l’apparente simplicité dissimule un game design d’une rare finesse.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)

Après un détour fin 2017 sur Switch, la version améliorée de Kingdom rejoint finalement le catalogue des titres dématérialisés sur PS4, sans oublier d’embarquer au passage le contenu de son récent DLC Skull Island qui rajoute une sixième île aux territoires à explorer. Rappelons que, sous ses airs de conte de fées pixellisé faussement gentillet, le concept de Kingdom New Lands est implacable. Bien que dominant tout son petit monde du haut de sa monture, le souverain que l’on incarne se retrouve livré à lui-même sur une île quasi déserte. Pour survivre aux assauts répétés des monstres nocturnes qui en veulent à sa couronne, il ne peut guère compter sur ses aptitudes (inexistantes) au combat, ne disposant en tout et pour tout que de ses talents de fin gestionnaire pour s’en sortir.

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En clair, hormis jeter généreusement des pièces autour de lui, notre souverain ne possède aucune faculté digne d’être rapportée ici. Il lui faut donc trouver le moyen de faire fructifier ses ressources pécuniaires avec parcimonie dans le but de s’entourer au plus vite d’une petite communauté capable de repousser les hordes d’agresseurs. À terme, si tant est que sa stratégie tienne la route, il pourra envisager de fuir cet endroit maudit par voie maritime, moyennant la construction coûteuse et laborieuse d’un navire…

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L’art de tout découvrir par soi-même

Indéniablement, tout le charme de Kingdom New Lands réside dans sa dimension énigmatique et impénétrable, l’absence totale d’indications sur ce que l’on peut ou sur ce que l’on doit faire étant une invitation limpide à l’autonomie. Le titre regorge ainsi de petites subtilités que l’on ne découvre bien souvent que par hasard. Les premières parties sont par conséquent des parties de pure observation au cours desquelles on apprend de nos erreurs pour percer toujours un peu plus à jour la logique de survie imaginée par les développeurs. À chaque lever de soleil, on ignore si ce que l’on va réussir à bâtir durant la journée ne sera pas réduit à néant pendant la nuit, ou si les gens que l’on aura formés ne vont pas périr avant d’avoir pu rentabiliser l’investissement qu’ils nous ont coûté.

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Car tout se paye dans Kingdom New Lands, non seulement le développement des constructions, mais surtout le travail des unités assignées chacune à des tâches cruciales. La population étant extrêmement limitée sur cette île fantôme, mieux vaut calculer avec exactitude le nombre d’archers, d’artisans et autres fermiers dont on risque d’avoir besoin dans les prochaines heures si l’on ne veut pas se retrouver dans une situation sans issue. Un souverain ruiné est bien peu de choses, devenant aussi inutile qu’une couronne posée sur le crâne d’un joueur uniquement assoiffé de gloire et d’aventures.

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Échange aventurier contre banquier

Car Kingdom New Lands est tout sauf un jeu d’exploration, délaissant la perspective aérienne classique des STR pour adopter un scrolling dont le but est clairement de piéger quiconque s’égarerait un peu trop loin vers l’inconnu. Certes, en l’absence de map, le fait de repérer l’antre des ennemis, de localiser d’importants butins ou d’enrôler des villageois potentiels détermine grandement nos chances de réussite, mais chaque sortie un peu trop audacieuse est tout autant susceptible d’avoir des conséquences désastreuses. Sachant que notre monture s’essouffle après seulement quelques foulées de galop, que notre maigre sac de pièces d’or constitue notre unique arme et que la fortification du château requiert de longues journées de labeur, la prise de risque ne se voit récompensée que lorsqu’elle est pleinement mesurée.

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L’ombre du die & retry

Kingdom New Lands nous apprend ainsi à tirer la leçon de nos erreurs en testant différentes logiques de développement jusqu’à ce que l’on comprenne comment ne pas se retrouver dans le rouge en dépensant nos pièces trop rapidement, dans des tâches moins urgentes qu’elles ne le semblent. C’est d’ailleurs à la fois le principal atout et le principal défaut de ce titre qui donne l’impression de ne pas offrir suffisamment de moyens pour nous permettre de nous en sortir autrement, qu’en suivant à la lettre la logique envisagée par les concepteurs du jeu.

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Il est vrai qu’avec seulement cinq îles au compteur (six, en comptant Skull Island), une victoire trop permissive aurait irrémédiablement saboté l’intérêt du soft qui n’a pas seulement pour vocation d’offrir une approche originale du jeu de gestion, mais aussi d’y insuffler une logique de die & retry qui rebutera forcément les moins persévérants. Sur ce point-là, on déplore que la génération aléatoire des environnements ne renouvelle finalement que trop peu les méthodes de survie, une fois qu’on en a saisi les subtilités. Enfin, dernier regret, même si cette version PS4 arrive bien tardivement comparée aux autres supports, elle n’inclut pas pour autant le fameux mode coopératif annoncé par les développeurs comme étant la feature majeure de l’épisode à venir : Kingdom Two Crowns.

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Conclusion

Désormais accessible aux joueurs PS4, Kingdom arrive avec le bagage complet de l’extension New Lands, sans oublier la sixième île du récent DLC Skull Island. Se hissant fièrement parmi les jeux les plus exigeants de la scène indépendante, il séduira ceux qui n’ont pas peur de se retrousser les manches pour percer à jour les innombrables subtilités d’un titre, certes redondant, mais qui ne les prend jamais par la main.

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