En résumé
Même s’il requiert un certain temps d’adaptation avant de révéler toute son efficacité, Gunhouse réunit tous les ingrédients nécessaires à la mise en place d’un bon puzzle game. L’aspect tower defense vient pimenter agréablement l’ensemble en donnant une raison d’être à cet assemblage de blocs et en conférant au titre un rythme haletant !
Note technique
Les plus et les moins
- Hybridation réussie entre deux genres a priori peu complémentaires
- Une excellente mécanique de puzzle game qui rend vite accro
- Les variations de l'arsenal permettant de tester de nombreuses configurations d'attaque/défense
- Une direction artistique unique en son genre, entre Parodius et Cuphead
- Ambiance délirante servie par des musiques signées Disasterpeace (Fez, Hyper Light Drifter...)
- Une version au contenu enrichi, agrémentée d'un mode Hardcore
- Un manque de renouvellement global sur le long terme
- Pas de challenge multijoueur
Notre test détaillé
Passé relativement inaperçu sur smartphones et PlayStation Vita aux États-Unis, le très audacieux Gunhouse a pris une bonne résolution pour l’année 2018 : élargir sa cible et s’attaquer aux consoles de salon ! Sans surprise, c’est la Switch, nouvelle reine des jeux indépendants, qui ouvre le bal, avec un portage hypnotique qui risque de vous scotcher pour une durée déraisonnable devant votre écran.
Développé par le studio Necrosoft, Gunhouse interpelle immanquablement par ses visuels chargés à outrance, au point que l’on se demande rapidement de quoi il retourne. Ce n’est qu’en scrutant minutieusement les détails qui composent les graphismes pour le moins explosifs de cette production d’un autre genre que l’on comprend peu à peu ce qui se trouve en face de nous, non sans un brin d’étonnement.
Apocalypse visuelle organisée
Derrière l’anarchie ambiante qui semble caractériser les parties de Gunhouse, se cache en réalité un concept hybride orchestré aussi finement que l’exige n’importe quel puzzle game digne de ce nom. La partie droite de l’écran est en effet remplie de symboles colorés qui trahissent des mécaniques de type puzzle sans lesquels le titre basculerait immédiatement dans une logique de tower defense. Car c’est une invasion frénétique de sprites gigantesques qui survient sans discontinuer depuis la gauche de l’écran dans le seul et unique but de prendre d’assaut notre fragile édifice… soit la définition même du tower defense. En d’autres termes, Gunhouse est un mix détonant entre deux genres que tout a priori oppose, mais qui fait pourtant ici des étincelles.
L’apologie du rectangle
Bien que reposant sur une prise en main extrêmement simple, Gunhouse ne s’apprivoise pas aussi facilement que n’importe quel clone de Tetris ou Candy Crush, car il exige de désapprendre ce que l’on sait déjà dans le but de dompter une nouvelle forme de logique. La difficulté première vient donc du fait qu’il convient d’oublier des années d’automatismes d’assemblage de briques sur Tetris et consorts pour assimiler de nouveaux réflexes de résolution. Gunhouse nous demande en effet de constituer uniquement des blocs carrés ou rectangulaires en poussant les rangées horizontales d’une pile, de manière à faire chuter les blocs qui se trouvent au-dessus. En schématisant un peu, on peut comparer cette phase de réapprentissage à la gymnastique cérébrale requise, par exemple, lorsqu’on s’essaye aux mécaniques d’un jeu comme Terra Battle. C’est en tâtonnant que l’on comprend comment regrouper efficacement les différents blocs pour en construire de plus gros, ces derniers ayant évidemment bien plus d’impact que les simples carrés de deux blocs sur deux.
Du puzzle au tower defense
Déroutant au début, le gameplay devient alors extrêmement plaisant et intuitif, le joueur pouvant, à partir de là, se focaliser pleinement sur la stratégie. Car former des blocs n’est pas une fin en soi dans Gunhouse, l’objectif étant de s’en servir de munitions contre les assauts des créatures qui déboulent par intermittence depuis la gauche de l’écran. C’est là que la profondeur du titre se dévoile pleinement puisque c’est en jouant sur l’emplacement des blocs formés que l’on peut décider de l’utilisation que l’on souhaite faire de ces derniers. Envoyés sur la gauche de l’édifice, ils deviendront des munitions pour nos canons, mais leur position (basse, moyenne, haute) dépendra de l’endroit où les blocs en question auront été constitués. Envoyés vers la droite, ils serviront à déclencher des pouvoirs spéciaux totalement délirants aux effets plus ou moins dévastateurs selon la taille des blocs formés.
Sur le papier, on dispose donc de tout ce qu’il faut pour repousser efficacement n’importe quel assaut ennemi, mais c’est sans compter sur la frénésie avec laquelle se déroulent les parties ! A vrai dire, et à moins de mettre le jeu en pause, on n’a guère le temps d’admirer l’efficacité du monster design cartoonesque, à mi-chemin entre Parodius et Cuphead, tant le rythme effréné des assauts nous oblige à nous concentrer sur la partie puzzle. Car on ne dispose en réalité que de quelques secondes pour dresser les défenses de notre forteresse en rétablissant un maximum de canons et d’attaques spéciales afin de repousser chaque vague d’assaillants et surtout éviter que ces derniers ne repartent avec leur précieux butin : d’innocents petits orphelins… Pourquoi des créatures extraterrestres voudraient-elles dévorer des enfants terriens ? Nous n’en saurons guère plus à ce sujet, sinon à travers quelques bribes de textes inter-niveaux qui ne font qu’épaissir encore un peu plus cet embryon de scénario volontairement absurde et nébuleux.
Concentration, optimisation, addiction
Il faut dire que Gunhouse assume totalement son approche décalée dans chacun de ses aspects créatifs, y compris dans sa bande-son signée Disasterpeace (Fez, Hyper Light Drifter…) qui flirte parfois avec les délires musicaux d’un Danganronpa. Une absurdité qui met d’autant plus à l’épreuve notre concentration alors même qu’il nous faut tenir de longues minutes sans faiblir pour venir à bout des boss les plus endurants. Le salut viendra heureusement de la nature évolutive de notre arsenal que l’on pourra diversifier et optimiser via la monnaie du jeu, à moins que l’on ne préfère conserver celle-ci pour renforcer notre propre résistance. Les possibilités offertes en termes de configuration de l’arsenal incitent indéniablement à persévérer, d’autant que l’on gagne de l’argent même en cas d’échec. Difficile donc de décrocher une fois les mécaniques assimilées, surtout que, à défaut de proposer le moindre défi multijoueur, la version Switch profite d’un contenu enrichi et d’un mode Hardcore redoutable.
Conclusion
Même s’il requiert un certain temps d’adaptation avant de révéler toute son efficacité, Gunhouse réunit tous les ingrédients nécessaires à la mise en place d’un bon puzzle game. L’aspect tower defense vient pimenter agréablement l’ensemble en donnant une raison d’être à cet assemblage de blocs et en conférant au titre un rythme haletant !