En résumé
Les multiples améliorations apportées ces derniers mois par le biais de mises à jour et tout le contenu additionnel du season pass n’y changeront rien : Final Fantasy XV reste aujourd’hui encore un jeu très décevant. S’il est possible d’y prendre du plaisir grâce à son monde ouvert et ses combats réussis, son scénario sans queue ni tête et sa narration complètement ratée font qu’il restera dans les mémoires comme un épisode indigne de la grandeur de la saga. À moins d’un miracle avec les trois DLC prévus l’an prochain, on peut parler d’un sacré gâchis au regard du temps et des sommes investis dans son développement.
Note technique
Les plus et les moins
- Une belle amitié virile entre quatre potes
- Des héros attachants
- L’orientation open world
- Des combats efficaces, simples d’accès et très esthétiques
- Plutôt joli dans l’ensemble
- Une bande-son très réussie
- Scénario bordélique et narration vraiment loupée
- La dernière ligne droite du jeu vraiment atroce
- Un monde ouvert qui sonne un peu creux
- Un méchant risible, dont les motivations sont floues
- Des quêtes annexes redondantes
- Les temps de chargement qui rendent le fast travel pas si fast
Notre test détaillé
Une partie de la presse et des joueurs n’ont pas manqué de le souligner lors de sa sortie : Final Fantasy XV est un jeu qui porte les stigmates d’un développement compliqué et étalé sur une bonne décennie. Square Enix le sait, c’est pourquoi il s’est attaché à tenter de rectifier le tir au cours de l’année écoulée par le biais de mises à jour gratuites et d’extensions payantes. Ce travail de fond a-t-il permis à cet épisode décrié de renouer avec la qualité de ses prestigieux aînés ? Malheureusement, la réponse est non.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)
Accompagné de ses fidèles camarades Gladiolus, Prompto et Ignis, Noctis, Prince de Lucis, prend la route pour se rendre sur les lieux de son mariage. Officiellement, il s’agit d’une union arrangée qui doit servir à apaiser les tensions entre son royaume et l’Empire expansionniste de Niflheim. En réalité, l’amour est sincère et le jeune homme est impatient de retrouver sa promise, Lunafreya, avec qui il a partagé une partie de son enfance. Malheureusement, comme dans tout RPG qui se respecte, les noces ne seront jamais célébrées. Peu après son départ, Lucis se fera envahir, son père, le Roi Régis, sera assassiné, et le traité de paix jamais signé.
Ambition et cross-media
De ces évènements tragiques qui servent de point de départ à l’aventure, le jeu ne montre pas grand-chose. Un choix surprenant, qui s’explique en fait par le caractère cross-media de Final Fantasy XV. En effet, si la chute de Lucis est à peine évoquée à l’écran, un film d’animation intitulé Kingsglaive: Final Fantasy XV se charge de la mettre très joliment en images. Pour bien avoir en tête le contexte de cette nouvelle aventure, il est donc impératif de le visionner. Jeter un œil à Brotherhood: Final Fantasy XV, un anime en cinq épisodes disponibles gratuitement sur YouTube, est également recommandé dans la mesure où il revient sur les liens qui unissent Noctis à ses trois compagnons de route.
Naufrage narratif
Face à la taille pharaonique du jeu, à la renommée de la saga, et au regard des moyens mis en œuvre pour développer son univers, on pourrait penser que Final Fantasy XV multiplie les scènes épiques pour dépeindre un conflit géopolitique à la fois complexe et insoluble. Malheureusement, il n’en est rien. Il a beau mettre les petits plats dans les grands, cet épisode est un véritable naufrage narratif. Le développement du jeu ayant été chaotique, on sent que des coupes ont été faites un peu n’importe où et un peu n’importe comment quand le moment est venu de l’abréger. Le résultat prend du coup des allures de vrai massacre, avec une narration qui regorge de trous, d’incohérences, et de personnages supposément importants qui sont complètement éjectés du récit. Autant dire que les enjeux finissent très vite par s’évanouir, et la trame par perdre tout intérêt.
Les derniers chapitres, plus linéaires pour justement mieux accentuer la montée en puissance du scénario, n’y changeront rien et ne feront au contraire que confirmer la faiblesse d’écriture de cet épisode.
Road trip et bromance
Dommage, car avant d’arriver à ce constat d’échec, Final Fantasy XV est un jeu qui parvient à se montrer particulièrement attachant. Un road trip entre potes qui fleure bon l’aventure et la liberté, dans lequel a été insufflé un vrai esprit de camaraderie comme le soulignent si justement les nombreuses répliques que les quatre gaillards s’échangent à longueur de journée. Au volant de la Regalia, la voiture royale, Noctis et son escorte sont lancés dans une vraie épopée sauvage qui les obligera par exemple à s’arrêter au coucher du soleil pour éviter de tomber nez à nez avec les redoutables créatures qui rôdent la nuit, à camper pour assimiler les points d’expérience gagnés durant la journée ou encore à prendre un repas pour bénéficier de divers bonus qui rendront la journée suivante moins périlleuse.
Le concept fonctionne, l’alchimie entre les différents protagonistes opère malgré leurs accoutrements improbables, et pendant une bonne partie de l’aventure, le plaisir est réel. Les combats, magnifiquement chorégraphiés et simples d’accès, se montrent hypnotiques. Et si le monde ouvert que propose le jeu n’est pas le plus riche ni le plus intéressant qu’il nous ait été donné de voir ces dernières années, son exploration est toujours un minimum récompensée, que ce soit par le biais de panoramas renversants ou par la découverte de donjons optionnels parfois très réussis.
Corrections vaines et acharnement thérapeutiques
Final Fantasy XV est un jeu généreux et pétri de qualités, mais qui se loupe donc sur un point fondamental pour un RPG narratif : le récit. Les différentes mises à jour sur lesquelles Square Enix planche depuis un an n’ont pas modifié la donne. Cette volonté de vouloir à tout prix « corriger » le jeu par le biais de rééquilibrages et de cinématiques supplémentaires même un an après la sortie en est même exaspérante dans la mesure où l’on ne voit pas trop à qui sont destinées ces différentes modifications. Leurs apports ne sont pas suffisamment importants pour bouleverser l’expérience et rendre le titre radicalement meilleur aux nouveaux joueurs. Quant à ceux qui ont déjà fini le jeu, ils sont très certainement déjà passés à autre chose.
Les trois DLC consacrés à chacun des partenaires de Noctis ont d’ailleurs confirmé toutes les difficultés que rencontraient les développeurs à combler efficacement les trous laissés par le scénario. Ces extensions offrent bien quelques réponses aux disparitions et autres ellipses que la quête principale imposait, mais ce qu’ils ont à raconter s’avère beaucoup peu trop léger pour qu’ils se montrent indispensables. Une manque d’inspiration qui n’incite pas à l’optimisme quant au futur du jeu. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’aventure Final Fantasy XV n’a pas encore dit son dernier mot. Motivé par on ne sait quelle raison, Square Enix a d’ores et déjà annoncé la production de trois nouveaux contenus additionnels pour 2018. À ce stade, on peut parler d’acharnement thérapeutique, car l’éditeur japonais a livré un jouet cassé et il le sait. Mais plutôt que de faire profil bas et de passer à autre chose, il s’échine à essayer de donner de la grandeur à un épisode qui n’en aura jamais.
Conclusion
Les multiples améliorations apportées ces derniers mois par le biais de mises à jour et tout le contenu additionnel du season pass n’y changeront rien : Final Fantasy XV reste aujourd’hui encore un jeu très décevant. S’il est possible d’y prendre du plaisir grâce à son monde ouvert et ses combats réussis, son scénario sans queue ni tête et sa narration complètement ratée font qu’il restera dans les mémoires comme un épisode indigne de la grandeur de la saga. À moins d’un miracle avec les trois DLC prévus l’an prochain, on peut parler d’un sacré gâchis au regard du temps et des sommes investis dans son développement.