En résumé
Fruit du travail d’un seul homme, The Next Penelope est une petite prouesse ludique qui nous scotche à l’écran pour peu que l’on adhère à son incroyable alchimie. Empruntant autant à F-Zero qu’aux Micromachines ou à l’univers du dessin animé Ulysse 31, ce jeu de course narratif offre un challenge de taille à ceux qui ne redoutent ni la vitesse ni les prises de risques inconsidérées.
Note technique
Les plus et les moins
- Le mix F-Zero/Micromachines/Mega Man/Ulysse 31
- Un gameplay fin et exigeant, servi par des vibrations HD
- Le choix des upgrades via l'XP et la redistribution autorisée
- Différentes approches possibles en fonction des pouvoirs utilisés
- Les embranchements et raccourcis à dénicher dans les niveaux
- La tension liée à la gestion des capacités qui pompent la jauge de vie
- Le multi à quatre sur un même écran
- Pas suffisamment de stages pour tenir sur la durée
- La vue rapprochée peu adaptée aux combats de boss à 360°
- Le « par cœur » qui prend un peu trop le pas sur l'habileté
- La difficulté unique et les stages bonus inaccessibles avant la fin du jeu
Notre test détaillé
Marchant sur les traces d’Eric Chahi (Another World) en son temps, le jeune développeur français Aurélien Regard a porté seul son projet The Next Penelope pour en faire l’un des piliers de la vitrine des jeux indépendants sur PC. Nombreux étaient donc ceux à attendre sa venue sur console, et ce jour est enfin arrivé !
Bien que tristement annulé sur Wii U, le portage de The Next Penelope sur console Nintendo a connu des incertitudes pour finalement renaître avec éclat sur Switch. Proposé en version dématérialisée uniquement, le titre profite des spécificités de la machine pour renforcer sa dimension immersive à l’aide de vibrations HD et ajoute un certain nombre de missions bonus. Il intègre par ailleurs, comme dans l’original, un mode multijoueur à quatre participants sur un même écran, construit sur le modèle des Micromachines. La caméra suit alors uniquement le premier joueur et élimine impitoyablement tous les pilotes qui sortent de l’écran, ce qui donne lieu à une succession de manches aussi courtes qu’intenses.
Le roi est mort, vive la reine !
Mais la franchise Micromachines n’est pas la seule source d’inspiration de The Next Penelope, dont le titre lui-même est loin d’être anodin. Et si le véritable héros de l’Odyssée d’Homère n’était pas Ulysse, mais son épouse Pénélope, que l’on croyait sagement restée à Ithaque pour tisser un linceul qu’elle défaisait chaque nuit afin de repousser ses innombrables prétendants ? Parce qu’il se situe dans un cadre de S.F. librement inspiré du dessin animé Ulysse 31, le titre nous présente une Pénélope nettement moins passive qui décide d’embarquer à bord de son vaisseau pour aller chercher elle-même son époux aux confins de la galaxie. Entre les mauvaises rencontres effectuées sur les différentes planètes et la menace permanente que constitue la horde de prétendants à ses trousses, Pénélope devient alors l’héroïne de sa propre histoire.
La victoire à tout prix ?
Le background mythologique donne logiquement lieu à des affrontements contre des boss qui s’inspirent du bestiaire de la Grèce antique. Les sirènes et le Minotaure en sont un bon exemple, chacun de ces boss proposant un défi bien particulier qui confère à The Next Penelope un renouvellement salvateur en termes de gameplay. Car, sur le papier, le titre se borne surtout à mettre en scène des courses futuristes qui empruntent autant à Micromachines (pour sa perspective en vue aérienne) qu’à F-Zero (pour sa dimension belliqueuse et sa gestion du turbo).
C’est d’ailleurs bel et bien cette dernière influence qui fait du soft d’Aurélien Regard l’un des jeux de course les plus addictifs de sa génération, en mettant constamment le joueur en proie à un dilemme cornélien. Capable de recourir à un nombre conséquent de pouvoirs tous plus utiles les uns que les autres mais puisant systématiquement dans la jauge d’énergie du vaisseau, le joueur doit rester suffisamment lucide pour ne pas provoquer lui-même sa mort en abusant inconsidérément de ses capacités. Ainsi, comme dans F-Zero, la victoire ne tient souvent qu’à l’utilisation d’un boost de dernière minute qui peut avoir des conséquences désastreuses en engendrant une collision mettant à mal la résistance du bolide. Tout cela engendre une tension permanente qui vient s’ajouter à l’incroyable défi que constitue la traversée de cette galaxie mythologique où la persévérance et la maîtrise des skills sont de rigueur.
Des courses de type « die & retry »
Auréolé d’un character design hommage aux coproductions franco-japonaises de l’animation des années 80, The Next Penelope n’a pas grand-chose à envier au sublime Cuphead en termes de challenge. Si la victoire n’a rien d’impossible, elle s’obtient uniquement au mérite et grâce à une connaissance parfaite des circuits et des possibilités conférées par l’arsenal du vaisseau. En cela, le titre emprunte aussi à Mega Man sa liberté d’exploration des niveaux, le fait d’acquérir les pouvoirs dans un certain ordre étant une donnée stratégique à prendre en considération pour optimiser ses chances de venir à bout des défis imposés.
S’appuyant sur un gameplay fin et exigeant, le titre donne tout de même peut-être un peu trop d’importance au « par coeur » tant il ne laisse pas le droit à l’erreur et à l’improvisation. En proie à une accélération constante, le vaisseau ne nous donne en effet aucun moyen de freiner, nous obligeant à réagir à une vitesse folle pour terminer les courses en un seul morceau. Surtout, l’obligation de finir en tête nous incite fortement à faire preuve d’agressivité dans le but d’éloigner nos concurrents en abusant des pouvoirs débloqués au fil du jeu, même si cela vire très souvent au suicide, l’énergie du vaisseau diminuant alors à vue d’œil. On savoure alors chaque victoire comme rarement dans un jeu vidéo !
Tout problème a une solution
À la vitesse et à l’adversité s’ajoute également la perversité des circuits qui exigent une maîtrise parfaite du pilotage, et ce en dépit d’une perspective aérienne extrêmement proche du vaisseau. On comprend alors mieux l’intérêt de répartir astucieusement l’XP obtenue en choisissant les bonnes améliorations au bon moment, sachant que l’on peut redistribuer librement tous nos points entre chaque série de niveaux terminés. On pourra ainsi décider d’accentuer la manœuvrabilité du vaisseau et d’éloigner légèrement la perspective pour traverser plus facilement les étapes impitoyables de l’Achéron, ou, à l’inverse, renforcer le bouclier et la vitesse de pointe dans les épreuves de course pure. Il est tout de même regrettable que le manque de lisibilité induit par cette vue rapprochée rende la plupart des combats de boss très aléatoires. Difficile en effet d’anticiper les déplacements libres à 360° dans des arènes fermées lorsqu’un boss passe la plupart du temps hors de l’écran.
Heureusement, certaines épreuves cachent des raccourcis salvateurs qui remotivent lorsqu’on en a assez de recommencer quinze mille fois le même défi, comme si le créateur du jeu avait finalement eu pitié de ses cobayes. Dommage enfin que le titre ne dispose pas d’un contenu plus étoffé en solo, ne proposant qu’une seule difficulté et un éventail de stages bonus axés sur le scoring qui ne sont malheureusement accessibles qu’à la toute fin du jeu.
Conclusion
Fruit du travail d’un seul homme, The Next Penelope est une petite prouesse ludique qui nous scotche à l’écran pour peu que l’on adhère à son incroyable alchimie. Empruntant autant à F-Zero qu’aux Micromachines ou à l’univers du dessin animé Ulysse 31, ce jeu de course narratif offre un challenge de taille à ceux qui ne redoutent ni la vitesse ni les prises de risques inconsidérées.