En résumé
Se démarquant habilement des schémas habituels du J-RPG grâce à ses mécaniques de gameplay singulières, sa narration non linéaire et son système de succession audacieux, Romancing SaGa 2 est un titre fascinant qui exige toutefois un investissement total de la part du joueur. Son caractère punitif le réserve en effet à un public bien délimité qui l’abordera comme une étape clé d’un pèlerinage effectué sur les traces du RPG d’autrefois.
Note technique
Les plus et les moins
- Une franchise culte qui gagne à être davantage connue en Occident
- Des choix narratifs qui influent sur le déroulement de l'aventure
- Un système de jeu audacieux qui se démarque des schémas habituels des J-RPG
- Le confort apporté par l'option de sauvegarde rapide
- La réalisation graphique et sonore retravaillée
- Une traduction anglaise impeccable
- Les divers ajouts de contenu par rapport à l'original de 1993
- Quasiment identique au remake sorti sur smartphones en mai 2016, mais pourtant plus cher
- L'obligation de saisir par soi-même les mécaniques singulières du gameplay
- La fréquence des combats, pourtant non aléatoires, qui peut devenir usante
- Le caractère punitif du système de jeu
Notre test détaillé
Incontournable dès lors que l’on s’intéresse au patrimoine du jeu de rôle japonais, l’histoire de la longue série des SaGa est encore largement méconnue du public européen, et pour cause : elle nous est restée interdite d’accès durant plus de vingt ans. Disponible en anglais depuis mai 2016 sur smartphones, le remake de l’un des opus les plus réputés de la franchise s’invite à présent sur une panel de machines bien plus étendu.
(Ce test a été effectué sur une Nintendo Switch.)
Découvrir Romancing SaGa 2 sur consoles de salon est une chance pour les amateurs de rétro gaming qui savent qu’il est question d’un pilier du J-RPG. Sorti initialement en 1993, Romancing SaGa 2 n’est pas seulement le deuxième volet d’une trilogie réputée de la Super Famicom (la Super Nintendo japonaise), c’est aussi le cinquième opus de la grande famille des SaGa qui a démarré sur Gameboy et qui fut rebaptisée Final Fantasy Legend aux États-Unis.
Concernant l’Europe, l’histoire de la franchise s’avère nettement plus courte, aucun de ses membres n’ayant eu les honneurs d’une distribution sous nos latitudes avant Romancing SaGa 2 en 2016. Mais alors que l’on craignait que Square Enix ne limite la localisation du remake aux catalogues iOS et Android, voilà que les autres portages (Switch, PS4, Xbox One, Vita, PC) parviennent à présent jusqu’à nous !
Un jeu à prendre au sérieux
En dépit de sa refonte graphique et sonore, Romancing SaGa 2 assume clairement ses presque 25 ans d’âge. S’il n’a ainsi que peu de chances d’attirer à lui les dernières générations de joueurs, il possède en revanche bien des arguments pour séduire le passionné de J-RPG old school en quête d’un défi digne de ce nom. Car, même au sein de sa propre catégorie, Romancing SaGa 2 a aussi de quoi rebuter l’amateur non averti par sa très grande non-linéarité, ses mécaniques de gameplay inhabituelles et sa difficulté parfois excessive. C’est bien simple, même au sein du remake, les indications dédiées aux ficelles du système de jeu sont inexistantes et l’on est contraint de tout découvrir par soi-même, souvent à ses propres dépens. Un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains, donc, même si la traduction des textes en anglais et la présence d’une sauvegarde rapide sont là pour s’assurer que les joueurs ne se décourageront pas trop vite devant cette expérience d’un autre âge.
Et pour motiver ses adeptes, le remake embarque un lot d’ajouts intéressants, à commencer par un donjon supplémentaire, un scénario additionnel, un New Game + permettant de transférer ses acquis vers une nouvelle partie, et deux nouvelles classes de personnages : ninja et devin.
Histoire de générations
Le concept de Romancing SaGa 2 repose en grande partie sur le passage de relais régulier entre plusieurs générations d’empereurs ayant entre leurs mains les clés du destin du royaume d’Avalon. Au fil des aléas de l’histoire qui nous est contée, les protagonistes viennent en effet à mourir, cédant la place à leurs héritiers. Mais la particularité du titre ne s’arrête pas là. À travers l’héritage de leurs ancêtres, les nouveaux élus, que l’on a d’ailleurs généralement la possibilité de choisir entre plusieurs profils de classes distinctes, reçoivent une partie du savoir acquis par leurs pères. Par conséquent, loin de redémarrer à zéro, le joueur voit transférés les sorts et l’équipement de ses précédents empereurs à leurs héritiers désignés pour prendre la tête de l’équipe.
Là encore, le titre nous laisse libre de choisir les alliés qui composeront notre groupe et d’effectuer toutes sortes de choix de dialogues qui influeront directement sur le déroulement du scénario. Un tour de force qui se retrouve aussi dans la manière, très libre, d’aborder certaines situations, par exemple lorsqu’il nous faut infiltrer une forteresse en optant pour plusieurs approches bien distinctes. Quant au château d’Avalon, il s’agrandit à chaque fois que l’on investit une certaine quantité d’or dans le développement de nouvelles structures, ce qui est évidemment conservé d’une génération à l’autre.
Evolution personnalisée
Sur le plan narratif, nos empereurs seront amenés à lever progressivement le voile sur la vraie nature des « Sept Héros » légendaires, disparus après avoir sauvé le monde de jadis. Mais avant de parvenir jusque-là, il va falloir surmonter la difficulté légèrement exacerbée du titre et dompter les nombreuses singularités de son système de jeu. Car, dans Romancing SaGa 2, pas question de voir des points d’expérience traduire directement la montée en puissance des personnages.
Dans l’esprit d’un Final Fantasy II, le titre mise plutôt sur un apprentissage progressif des compétences qui s’effectue à mesure qu’on utilise les différents pouvoirs et techniques à notre disposition. Outre sa classe (soldat, mage, archer…), chaque protagoniste se distingue par l’équipement que le joueur choisit de lui assigner, l’utilisation répétée d’une hache le rendant par exemple de plus en plus aguerri dans la maîtrise de cette arme. Sachant que l’arsenal utilisable se révèle aussi étendu que celui des magies et des techniques martiales qu’il est possible de débloquer à chaque nouveau degré de maîtrise, on comprend vite que notre manière d’aborder les combats déterminera directement l’évolution de chacun de nos héros.
Un MdJ (maître du jeu) sans pitié
Tout aussi pertinente, la notion de formation permet d’adopter différents schémas techniques afin de protéger nos unités les plus vulnérables d’une mort qui s’avérerait critique. En effet, Romancing SaGa 2 intègre un système de points de vie (un quota de LP) qui diminue à chaque fois qu’un personnage est tué au combat. Et même s’il ressuscite automatiquement à la fin de la bataille (tant qu’il lui reste des points), le mal est fait : une fois le stock de LP à zéro, vous pourrez dire adieu à votre héros ! Sans rentrer davantage dans les détails du système, il est évident que les règles inhabituelles de Romancing SaGa 2 ont de quoi déstabiliser, surtout que le challenge global se révèle pour le moins élevé. À vrai dire, on comprend vite pourquoi le titre nous fait la grâce de régénérer nos héros à chaque fin de combat, tant l’adversité menace de décimer notre équipe à chaque confrontation.
Bien que les rencontres ne soient pas aléatoires, le fait de voir évoluer les ennemis sur le terrain ne suffit pas à éviter la profusion de combats qui rythme notre progression dans les donjons, les monstres se ruant en nombre pour nous encercler et réapparaissant à chaque changement de salle. Pire encore, ils se renforcent à mesure que l’équipe elle-même s’aguerrit, les monstres de base étant rapidement remplacés par d’autres, plus redoutables, afin d’opposer toujours une adversité digne du statut de nos héros. Dans ces conditions, seule l’envie de mieux connaître ce chaînon du J-RPG déterminera votre capacité à aller jusqu’au bout des dizaines d’heures de challenge que réserve cette aventure définitivement rétro.
Conclusion
Se démarquant habilement des schémas habituels du J-RPG grâce à ses mécaniques de gameplay singulières, sa narration non linéaire et son système de succession audacieux, Romancing SaGa 2 est un titre fascinant qui exige toutefois un investissement total de la part du joueur. Son caractère punitif le réserve en effet à un public bien délimité qui l’abordera comme une étape clé d’un pèlerinage effectué sur les traces du RPG d’autrefois.