En résumé
Impossible d’évaluer ces nouvelles versions de Pokémon Soleil / Lunesans prendre en compte le fait d’avoir joué ou non aux originales sur le même support. À moins d’un an d’intervalle, la sortie « ultra » rapprochée de ces éditions vaguement améliorées semble d’autant moins justifiée que celles-ci ne se distinguent pas suffisamment de leurs modèles pour inciter les fans à franchir le pas. Reste donc un jeu qui ne s’adresse finalement qu’à ceux qui avaient échappé à Soleil et Lune l’année passée, les seuls qui seront en mesure d’apprécier le contenu sympathique (mais déjà-vu) de ces épisodes. Les autres pourront logiquement passer leur chemin.
Note technique
Les plus et les moins
- Près de 400 Pokémon disponibles, dont un bon nombre d'inédits sur l'ensemble des deux versions
- Les interactions avec les montures qui donnent lieu à de nouveaux mini-jeux sympa
- Les ajouts narratifs en lien avec l'Ultra-Commando et Necrozma
- L'interface de combat optimisée et la fonction de sauvegarde rapide
- De nouvelles capacités Z à expérimenter et tous les légendaires à capturer
- La collecte des Emblèmes de Dominants à travers toute la région d'Alola
- Un studio photo qui rend un peu moins anecdotique l'utilisation du Poké Scope
- Le contenu post-game étoffé avec le grand retour des antagonistes majeurs de la série
- De « nouvelles » versions au prix fort, moins d'un an après la sortie des originaux sur le même support
- Une trame qui reste beaucoup trop proche de l'originale et toujours aussi balisée
- Trop peu d'améliorations sur le plan technique et des ralentissements injustifiés
- Un terrain de jeu restreint malgré les zones d'Ultra-Dimension
- Les bonus conférés par les Motism'Auras qui rendent le jeu parfois trop facile
- La Place Festival, toujours aussi peu attractive
- L'absence de nouvelles formes Alola et du Pokédex national en dépit des souhaits de la communauté
Notre test détaillé
Moins d’un an après la sortie de Pokémon Soleil et Lune sur 3DS, ce n’est pas une, mais bien deux déclinaisons améliorées que Nintendo se propose de nous faire découvrir à plein tarif sur le même support. Une démarche logiquement accueillie avec une certaine méfiance par les fidèles de la franchise à qui ces versions « ultra » ne semblent définitivement pas destinées.
(Jeu testé en version Pokémon Ultra-Lune sur Nintendo 3DS)
Fort du succès, l’année passée, des versions Soleil et Lune venues fêter le vingtième anniversaire de la franchise Pokémon, Nintendo n’a pas perdu de temps pour en proposer, dans la foulée, des versions améliorées. Si les plus optimistes espéraient qu’il s’agirait de véritables suites, Pokémon Ultra-Soleil et Ultra-Lune s’apparentent, en définitive, davantage à de simples mises à jour. Comprenez par là que, s’il s’agit au demeurant de très bons jeux, ils ne comportent pas suffisamment de nouveautés pour mériter un nouvel investissement de la part de ceux qui possèdent déjà les versions de 2016. De quoi frustrer les inconditionnels qui ne seraient pas encore prêts à faire l’impasse sur un nouveau descendant de la série.
Quand l’histoire se répète
Il faut d’ailleurs souligner que les premiers pas effectués dans ces versions Ultra s’avèrent pour le moins trompeurs, l’introduction du jeu différant sensiblement de Soleil et Lune en nous permettant de récupérer notre Pokémon de départ dans des circonstances assez nouvelles. Dès lors, on se plaît à croire que l’histoire va se distinguer largement de celle de ses modèles, ce qui entraîne une rapide désillusion. Car, en dépit des interventions furtives et inédites du duo de l’Ultra-Commando qui sillonne les dimensions en toile de fond, l’intrigue se révèle bien trop proche de celle que l’on avait pu découvrir dans les versions précédentes. Les véritables nouveaux enjeux se dévoilent en effet beaucoup trop tardivement via les implications du mystérieux Pokémon Necrozma dans l’histoire globale, l’essentiel du scénario n’offrant guère plus de promesses que la perspective d’un périple initiatique enfantin en vue de décrocher le titre de Lauréat du Tour des Îles d’Alola.
La majeure partie de l’aventure s’articule ainsi, comme dans Soleil et Lune, autour des épreuves imposées par les capitaines de chacune des régions du jeu, avec, en point d’orgue, les face-à-face contre les Doyens et les Pokémon Dominants. Dans ces versions Ultra, il devient toutefois possible de partir en quête des Emblèmes de Dominants disséminés aux quatre coins du monde afin de recruter ces Pokémon de taille inhabituelle, capables d’appeler des renforts lorsque vous les combattez.
Les ajouts dispensables
S’il y a bien quelques changements bienvenus dans Pokémon Ultra-Soleil et Ultra-Lune, la plupart d’entre eux restent d’ordre mineur, à l’image des nouvelles interactions possibles avec le Motisma-Dex. Ce Pokédex nouvelle génération qui communique avec nous et nous guide à partir de la carte des environnements insulaires d’Alola nous offre désormais des bonus de stats appelés Motism’Auras qui ont en contrepartie le défaut de rendre le soft un peu trop facile. Pas sûr, donc, qu’il s’agisse d’un réel plus, dans le sens où le Motisma-Dex n’était déjà pas l’élément le plus apprécié des adeptes des versions Soleil et Lune.
Dans le même ordre d’idées, on retrouve le principe du toilettage de Pokémon permettant de remettre nos créatures à neuf à l’issue des batailles en annulant leurs altérations d’état via une interface de soin très enfantine. L’objectif est bien, pour les plus jeunes, de créer un attachement vis à vis de ces Pokémon afin d’optimiser leurs performances en renforçant leurs liens avec eux, exactement comme dans les versions précédentes. Plus inédit en revanche, le studio photo permet à présent de personnaliser les clichés obtenus via le Poké Scope en y ajoutant différents effets pour les partager ensuite avec la communauté. Pas franchement indispensable donc, à l’instar des activités offertes sur la Place Festival, censées renforcer les liens avec les autres joueurs, mais déjà peu plébiscitée par les possesseurs des anciens volets. Cette dernière offre tout de même la possibilité de scanner des QR codes pour dénicher des Pokémon rares et d’utiliser le Magnéto VS pour enregistrer des vidéos de combats afin de les partager sur le net.
Divertissement à l’honneur
Bien qu’il ne comporte que peu de changements par rapport à ses aînés, le gameplay des versions Ultra profite d’une sauvegarde rapide et d’une interface de combat optimisée qui mémorisent les faiblesses des Pokémon, sans toutefois bénéficier d’améliorations réelles sur le plan technique puisqu’on note toujours la présence de quelques ralentissements lors des matchs à quatre créatures interposées. L’ajout de quelques capacités Z nous rappelle aussi que la Force Z est toujours au cœur des affrontements, nous incitant à collecter l’ensemble des cristaux Z pour amplifier les techniques propres à chaque type de Pokémon. Plus intéressant, si l’omniprésence des montures était déjà un atout des versions Soleil et Lune, le fait que certains trajets bien spécifiques donnent maintenant lieu à des mini-jeux inédits est à souligner dans les versions Ultra. Ainsi, le surf à dos de Démanta se traduit par des épreuves de scoring sur les vagues avec des récompenses à la clef et les passages dans l’Ultra-Dimension nous font chevaucher les Pokémon « star » de ces nouvelles versions dans des phases de vol inédites.
Des arguments solides mais tardifs
Dommage qu’il faille attendre quasiment la fin du jeu pour profiter des trouvailles les plus pertinentes de l’aventure, le post-game donnant par exemple accès au véritable challenge du soft via l’agence de combat, mettant en lumière la Team Rainbow Rocket. L’occasion pour les fans d’affronter les antagonistes majeurs de ces vingt dernières années en empruntant des Pokémon puissants et charismatiques. De la même façon, le fait de pouvoir partir en quête de tous les Pokémon légendaires issus des générations précédentes via les Ultra-Brèches constitue l’un des arguments les plus intéressants de ces versions améliorées, même s’il faudra passer par des échanges pour compléter l’intégralité de sa collection. Ultra-Soleil et Ultra-Lune ne se distinguent d’ailleurs pas seulement par leurs Pokémon spécifiques (y compris les Ultra-Chimères) mais aussi par le décalage du cycle diurne/nocturne selon la version, exactement comme dans Soleil et Lune. Par exemple, en jouant sur la version Ultra-Lune durant la journée, les événements se dérouleront essentiellement de nuit, à la faveur de la lune, des étoiles filantes et des éclipses lunaires, et inversement pour la version Ultra-Soleil. Dommage que la présence de 400 Pokémon à capturer n’excuse pas l’absence du Pokédex national et de nouvelles formes Alola pourtant tous deux réclamés par la communauté. Loin de prétendre au statut de suites, Pokémon Ultra-Soleil et Ultra-Lune sont donc des jeux aux allures de versions complémentaires qui, une fois n’est pas coutume, auraient sans doute été bien mieux accueillis sous la forme de simples DLC.
Conclusion
Impossible d’évaluer ces nouvelles versions de Pokémon Soleil / Lunesans prendre en compte le fait d’avoir joué ou non aux originales sur le même support. À moins d’un an d’intervalle, la sortie « ultra » rapprochée de ces éditions vaguement améliorées semble d’autant moins justifiée que celles-ci ne se distinguent pas suffisamment de leurs modèles pour inciter les fans à franchir le pas. Reste donc un jeu qui ne s’adresse finalement qu’à ceux qui avaient échappé à Soleil et Lune l’année passée, les seuls qui seront en mesure d’apprécier le contenu sympathique (mais déjà-vu) de ces épisodes. Les autres pourront logiquement passer leur chemin.