En résumé
Apothéose d’une série encore trop méconnue du public européen, Persona 5 est un chef-d’œuvre indiscutable qui éblouit par son audace, sa fraîcheur et son efficacité. Pour peu que l’on prenne le temps de s’approprier les ficelles des phases de gestion de vie qui rythment le quotidien de notre lycéen à Tokyo, on ne trouve rien à jeter dans ce titre qui constitue l’un des meilleurs représentants du RPG à la japonaise.
Note technique
Les plus et les moins
- Un JRPG ultra moderne doté d'une direction artistique audacieuse et d'une bande-son explosive
- Une reconstitution sympa des principaux quartiers de Tokyo
- L'ambiance survoltée des combats en dépit du système au tour par tour
- L'exploration des Palaces, prenante, ingénieuse et diversifiée
- Les possibilités induites par la gestion et la fusion des Persona
- Le scénario captivant soutenu par un casting de héros attachants
- La difficulté ajustable pour un challenge approprié à chacun d'entre nous
- Une durée de vie insolente qui reflète l'incroyable richesse du titre
- La gestion du quotidien qui occupe une place prépondérante et pourra lasser par son côté routinier
- Pas de traduction des textes en français
Notre test détaillé
Franchise incontournable de la scène rôliste au Japon, la saga Persona a tout de même dû attendre la sortie de ses épisodes 3 et 4 pour réellement commencer à intriguer les joueurs européens. Avec Persona 5, on pourrait bien parler de véritable prise de conscience tant cet outsider du JRPG semble fasciner un public autrement moins confidentiel qu’à ses débuts.
Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.
Narrée à la manière d’un long flashback destiné à nous expliquer pourquoi nous débutons l’aventure menottes aux poignets dans une sinistre salle d’interrogatoire, l’histoire de Persona 5 s’apparente au récit fantasmé de la vie d’un adolescent japonais. À l’instar des autres volets de la série, le titre se démarque de la plupart des autres JRPG en laissant une place prépondérante à tout ce qui constitue le quotidien réaliste de ses protagonistes. Autrement dit, pas question d’aller jouer les héros dans les donjons sans accepter de consacrer aussi de nombreuses heures à la construction de l’identité du personnage principal en participant activement à la gestion de ses journées de lycéen.
Un an à Tokyo
La vie scolaire fait partie intégrante de l’aventure et s’échelonne sur une année complète, chaque jour étant l’occasion d’organiser nos activités de la façon la plus pertinente possible afin d’optimiser au mieux le temps libre qui nous est imparti. Pourquoi ne pas en profiter par exemple pour explorer les quartiers sympas de Tokyo en quête d’un divertissement utile ou d’un petit boulot gratifiant ? Ou s’occuper de façon à améliorer nos statistiques de base ? Voire s’entraîner dans des mini-donjons générés aléatoirement afin de gagner un peu d’expérience en vue des prochains combats à livrer ?
La plupart du temps, on préférera tout de même développer nos relations avec des proches, nos choix de réponse s’avérant alors déterminants dans l’évolution de notre lien affectif avec chacun d’entre eux. À terme, renforcer nos amitiés permettra également de booster nos affinités avec les différents types de Persona que l’on sera amené à recruter durant l’aventure si nos négociations portent leurs fruits.
Cambrioleurs de l’esprit
Le terme de Persona désigne la représentation surnaturelle d’un fragment de l’identité des héros du jeu qui, dans la vie réelle, sont presque tous des laissés-pour-compte. Les lycéens se servent de leurs Persona respectives pour lutter contre les démons qui infestent l’inconscient collectif dans des donjons qui prennent ici l’appellation de Palaces. Pour schématiser, il s’agit d’une réalité alternative matérialisant le subconscient des individus les plus pourris de la société.
Via une application smartphone dont ils ignorent la provenance et qu’ils ne peuvent supprimer, nos lycéens sont à même de pénétrer dans ces sordides Palaces pour assainir les représentations malsaines des démons qui y prolifèrent en nombre. L’objectif de ces jeunes justiciers rebaptisés les « Phantom Thieves » est donc surtout de donner une leçon au boss des lieux pour tenter de ramener l’individu corrompu à la raison.
Persona 5 offre ainsi une forme de rédemption à ceux qui s’enrichissent sur le dos des autres ou qui abusent d’autrui, livrant là un message d’espoir laissant entendre que n’importe qui peut finir par changer. Se déroulant en temps limité sur une période plus ou moins longue selon le nombre d’incursions que l’on choisit de consacrer à son exploration, la découverte des Palaces n’est pas seulement l’occasion de tester les capacités de nos Persona en livrant bataille contre des monstres susceptibles de rallier nos rangs. Elle fait aussi intervenir un soupçon d’infiltration en incitant notre groupe de voleurs à surprendre les monstres pour prendre l’initiative en évitant au maximum de faire grimper le niveau d’alerte du donjon.
Des combats parfaitement huilés
Comme dans les précédents volets de la série, les joutes se livrent au tour par tour et reposent sur l’analyse méthodique des points faibles de chaque démon pour renforcer les capacités de nos Persona. Par l’intermédiaire d’Igor, le patron de la Velvet Room, le système de fusion des Persona, qui entraîne l’exécution définitive de chaque entité, permet d’engendrer de nouvelles Persona encore plus puissantes et disposant de capacités magiques renforcées.
D’une richesse époustouflante, ce système est un véritable délice pour les amateurs de RPG qui prendront plaisir à exploiter au mieux toutes les subtilités des fusions dans le but de s’octroyer une équipe polyvalente capable de parer à toute éventualité. Visuellement hypnotique, le titre brille par sa direction artistique ultra moderne, ses menus dynamiques et la qualité de son character design. En dépit d’un système de combat au tour par tour qui pourrait sembler daté, les affrontements affichent une atmosphère survoltée qui fait plaisir à voir. S’étalant bien souvent sur plusieurs étages propices aux énigmes farfelues, l’exploration des Palaces constitue le point d’orgue de cette aventure qui ne trahit des baisses de rythme que durant ses phases de gestion du quotidien.
Les anglophobes regretteront probablement la longueur des développements narratifs non traduits en français, même si ceux-ci s’incorporent de manière fondamentale dans le système de jeu. Ce cinquième volet n’en constitue pas moins une fenêtre d’entrée idéale pour découvrir la franchise, son niveau de difficulté ajustable permettant aux néophytes comme aux joueurs confirmés de savourer la finesse de son gameplay durant plusieurs dizaines d’heures de jeu.
Conclusion
Apothéose d’une série encore trop méconnue du public européen, Persona 5 est un chef-d’œuvre indiscutable qui éblouit par son audace, sa fraîcheur et son efficacité. Pour peu que l’on prenne le temps de s’approprier les ficelles des phases de gestion de vie qui rythment le quotidien de notre lycéen à Tokyo, on ne trouve rien à jeter dans ce titre qui constitue l’un des meilleurs représentants du RPG à la japonaise.