Prise en main

Prise en main du Huawei Mate 50 Pro : des handicaps au départ… pour un surdoué de la photo

02 décembre 2022
Par Georges Prat
Le Huawei Mate 50 Pro.
Le Huawei Mate 50 Pro. ©Huawei

Le Mate 50 Pro est le nouveau porte-étendard de Huawei. Il ne manque pas d’arguments, à commencer par sa partie photo très réussie, mais il lui manque la 5G. Une absence de taille, comme celle d’une version complète d’Android. Mais, cette fois, des alternatives performantes existent.

En résumé

Le Huawei Mate 50 Pro souffre des mêmes limites que ses aînés lancés depuis quelques années. Malgré tout, le tableau n’est pas aussi catastrophique que certains le laisseraient entendre. S’il n’y a malheureusement rien à faire pour pallier l’absence de 5G, les brides logicielles se contournent désormais assez facilement. Le nouveau fleuron de la marque est particulièrement doué en photo et son écran semble des plus réussi. Rien à dire également sur son autonomie solide et sa fluidité générale.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un très bel écran
  • De la puissance
  • Un trio de caméras très au point
  • Autonomie solide
  • Vitesse de charge satisfaisante
Les moins
  • Absence de la 5G
  • Le brin de complexité supplémentaire induit par l’absence des services Google
  • Dalle OLED se passant de LPTO
  • Encoche imposante

Notre prise en main détaillée

L’histoire de Huawei est loin d’être un long fleuve tranquille. Tout allait pour le mieux jusqu’au début de l’année 2018, quand une avalanche de sanctions prise par l’administration Trump s’est abattue sur le constructeur. Nous ne jugerons bien entendu pas de leur bien-fondé, mais, depuis, les smartphones de la marque chinoise ne peuvent ni disposer d’une version complète d’Android ni embarquer la 5G.

Deux limites loin d’être anodines, et que l’on retrouve sur le tout nouveau Mate 50 Pro. Celui-ci est proposé en une seule configuration comprenant 8 Go de RAM et 256 Go de mémoire interne. Deux couleurs sont au programme : noir ou, comme la version entre nos mains, argent. Le tout est commercialisé autour des 1 200 euros, un tarif plaçant résolument le Mate 50 Pro dans le très haut de gamme.

Prise en main réalisée avec un smartphone prêté par la marque.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

Design et ergonomie

Avec son écran géant de 6,74 pouces, le Mate 50 Pro est un grand smartphone de 162,1×75,5×8,5 mm. Des mensurations que l’on pourrait mettre en parallèle avec celles du Samsung Galaxy S22 Ultra, qui dispose d’un écran de 6,8 pouces et est donc un peu plus encombrant avec ses 163,3 x 77,9 x 8,9 mm. Le Mate 50 Pro pèse 205 g contre 228 g pour son concurrent. L’iPhone 14 Pro Max et ses 240 g occupent seuls la première place sur ce point. La marque met en avant la largeur raisonnable de son nouveau bébé, qui permet logiquement de conserver une prise en main sûre et confortable.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

Huawei a opté pour un écran incurvé qui lui permet d’annoncer le taux d’occupation exceptionnel de 91,3 %. C’est bien évidemment propice à une immersion maximale, bien que l’expérience soit un peu gâchée par la large encoche entaillant la dalle. Dommage : à l’heure où Apple fait le chemin inverse sur ses iPhone 14 Pro, cela peut être perçu comme un retour en arrière.

Pour rappel, le Mate 40 Pro avait réussi à caser la caméra frontale et la caméra TOF 3D dans un large poinçon, mais son successeur nous réserve quelques surprises à ce niveau-là… Plus bas sur l’écran – un peu trop bas sans doute – prend place un lecteur d’empreinte digitale plutôt efficace.

Huawei Mate 50 Pro
Une grande encoche qui rappelle les iPhone 13 et antérieurs.©L’Éclaireur

L’arrière reste fidèle au « design symétrique » de la marque avec un bloc photo circulaire au sein duquel sont disposées en carré trois grandes caméras. Oui nous avons bien dit trois ! Malgré les apparences, le quatrième cercle n’en est pas une. La coque en verre satiné est plutôt rebondie, améliorant encore le confort de prise en main. Les traces de doigts finissent par s’accrocher, mais l’échéance est longtemps repoussée.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

Le Huawei Mate 50 Pro se passe de prise casque, mais il est possible de glisser une carte mémoire en lieu et place d’une seconde carte SIM. Attention, il ne s’agit pas d’une microSD, mais d’une NM Card, un format utilisé seulement par les smartphones Huawei ! C’est plus cher, plus dur à trouver et cela n’existe pas en plus de 256 Go.

Huawei Mate 50 Pro
Le Mate 50 Pro aux côtés du Mate 40 Pro.©L’Éclaireur

La qualité de fabrication est indéniable et le tout est certifié IP68.

L’écran

Huawei a opté pour une dalle au format 19,5/9e basé en toute logique sur la technologie OLED. La définition est plutôt raisonnable : 1 212×2 616 pixels contre par exemple 1 440×3 088 pixels pour le S22 Ultra. Cela donne une densité de pixels de 428 ppp, largement suffisante pour apprécier tous les détails qui s’afficheront. Cet écran propose une fréquence de rafraîchissement maximale de 120 Hz, mais, en se passant de la technologie LPTO, son mode dynamique ne peut descendre sous les 60 Hz. Le confort n’est pas impacté, mais on aura vu plus efficient en matière de consommation d’énergie.

Huawei Mate 50 Pro
Huawei permet à l’utilisateur d’avoir un contrôle total sur les paramètres d’affichage de son smartphone.©L’Éclaireur

En attendant les mesures menées par le Labo, nous avons apprécié une dalle lumineuse offrant de belles couleurs et un contraste très élevé, OLED oblige. Le Huawei Mate 50 Pro dispose d’un bel écran.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

Qualité audio

Comme tout haut de gamme qui se respecte, le Huawei Mate 50 Pro embarque deux haut-parleurs que nous ne manquerons pas de soumettre aux tests du Labo. En attendant, la puissance nous a semblé satisfaisante, avec toutefois un déséquilibre de rendu entre le transducteur du bas et celui du haut. Un phénomène somme toute plutôt logique, car il s’agit de deux composants de taille différente. Celui du bas nous semble offrir un son plus riche et équilibré. En l’absence de prise casque, vous devrez utiliser le Bluetooth 5.2 ou l’USB-C.

Performances et interface

Le Huawei Mate 50 Pro parvient, malgré les sanctions américaines, à bénéficier du processeur Qualcomm Snapdragon 8+ Gen1, la puce pour mobile Android la plus puissante du moment. Pour rappel, elle renferme au total huit cœurs physiques, dont un Cortex-X2 capable d’atteindre une fréquence de 3,19 GHz ! Couplé à 8 Go de RAM, ce processeur octroie au smartphone une réactivité impossible à prendre en défaut à l’usage. Le Mate 50 Pro est à l’aise dans toutes les situations que nous avons rencontrées, y compris lorsqu’il s’agit de jouer. Cependant, avant de nous faire un avis définitif, nous attendrons que le Labo le soumette aux très exigeants tests de performance qu’il a développés.

Nous n’avons pas constaté de chauffe excessive par ailleurs.

Huawei Mate 50 Pro
EMUI 13 est finalement assez proche en termes d’ergonomie d’un smartphone Android classique.©L’Éclaireur

Le Huawei Mate 50 Pro ne peut accéder à une version complète d’Android avec toutes les couches logicielles Google (gestion des DRM, par exemple), les applications telles que le Play Store, Google Maps… La marque déploie depuis quelques années maintenant un système d’exploitation maison baptisé HarmonyOS, mais, malheureusement les smartphones commercialisés en dehors de la Chine n’y ont pas encore droit.

Huawei Mate 50 Pro
Il est possible en quelques clics d’accéder à toutes les applications – ou presque.©L’Éclaireur

Huawei opte pour un autre plan pour exister dans nos contrées : une version AOSP (Android Open Source Project) d’Android 12, c’est-à-dire une déclinaison minimale du système sur laquelle vient s’ajouter la surcouche maison, EMUI 13.

En matière d’interface, rien de véritablement déroutant. Nous retrouvons nos réflexes très rapidement, les contrôles gestuels sont là et l’ergonomie générale se rapproche beaucoup d’un Android classique. Pour installer des applications, il faut passer par l’AppGallery ou effectuer directement des recherches dans Petal Search. Il s’agira parfois d’app écrites spécifiquement pour les smartphones Huawei, parfois d’APK à télécharger ou enfin de simples raccourcis vers une version web. La plupart du temps, l’opération est à la portée de tout le monde – ou presque.

Avec l’application Gspace, il est possible d’aller encore plus loin en retrouvant le Play Store et l’immense majorité des applications proscrites. Certes, nous avons constaté quelques bugs, quelques versions trop vite obsolètes… mais les choses avancent. Certainement parfois aux limites de la légalité. Malgré tout, l’acheteur de ce Mate 50 Pro devrait avoir conscience qu’il n’aura pas un smartphone Android comme les autres.

Communications

Pour contourner les sanctions américaines, encore, Huawei a dû amputer la plateforme Qualcomm de la 5G. Il faudra donc faire sans, et là le débat fait rage. Certes, au quotidien une bonne 4G se montre suffisante et il est difficile de se rendre réellement compte de la différence. Mais les opérateurs ne vont plus investir dans le réseau 4G. Si vous captez mal dans une zone, il y a peu de chance que cela s’améliore. De plus, cela rendra la revente de votre smartphone très difficile dans deux ou trois ans.

Bien entendu, pour le reste, tout est là : le wifi 6, le Bluetooth 5.2 et le NFC. Le Labo nous indiquera après avoir effectué ses tests si ce mobile dispose d’une partie radio efficace. Notons la présence d’un port infrarouge pour notamment les applications de télécommande universelle et d’un GPS double bande censé améliorer la précision.

Huawei Mate 50 Pro
OK, on a vu plus gracieux…©L’Éclaireur

Photo

Huawei réunit désormais, depuis l’arrêt du partenariat avec Leica, la partie photo de ses smartphones sous la bannière Xmage, qui s’organise en quatre parties : le système optique, la structure mécanique, les capteurs et les traitements numériques.

Force est de constater que la marque n’a rien perdu de sa capacité d’innovation puisqu’elle introduit ici la première caméra sur smartphone disposant d’une ouverture variable mécaniquement sur dix niveaux, pour une plage allant de f/1,4 et f/4.0. Une prouesse de mécanique de précision dont hérite la caméra principale grand-angle. Elle dispose par ailleurs d’un capteur de 50 mégapixels Sony. Comme de coutume, la technologie du pixels binning est activée par défaut. Elle réunit les pixels par groupe de quatre pour obtenir au final des photos de 12,5 mégapixels, aux photosites plus larges.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

La seconde caméra est un téléobjectif optique x3,5 affichant une ouverture f/3,5 et mettant en œuvre un capteur de 64 mégapixels. Voilà qui rappelle le Honor Magic 4 Pro. Enfin, le troisième module est un ultra grand-angle f/2,2 qui se contente d’un capteur de 13 mégapixels. Une petite déception a priori.

Huawei Mate 50 Pro
L’ouverture variable offre un flou d’arrière-plan très naturel.©L’Éclaireur

En attendant les résultats des mesures du Labo, nous n’avons pu résister à la tentation d’essayer ce smartphone dans des conditions de prises de vues différentes. L’ouverture variable peut être gérée manuellement en utilisant le mode Pro de l’application, mais aussi automatiquement en laissant le smartphone faire. Le résultat est très séduisant. La photo regorge de détails avec des couleurs naturelles diablement séduisantes. L’autofocus est précis et rapide, pour des clichés nets sur toute leur surface. L’ouverture variable permet à cette caméra de s’adapter facilement à toutes les conditions et apporte un aspect plus naturel aux flous d’arrière-plan. Cette caméra excelle également la nuit. Soulignons la gestion impressionnante des éclairages artificiels, que ce soit au niveau de la couleur ou de l’effet de flare, quasiment absent.

Huawei Mate 50 Pro
©L’Éclaireur

L’ultra grand-angle se montre lui aussi à la hauteur. Il offre un piqué intéressant malgré les 13 mégapixels seulement de son capteur. Les déformations optiques sont jugulées par les traitements numériques et les couleurs s’affichent sur la même base que le grand-angle. En basse luminosité, cette caméra s’en sort plutôt bien. Dotée d’un autofocus, elle est également mise à contribution pour réaliser des photos macros nettement supérieures à la moyenne.

Huawei Mate 50 Pro
Le téléobjectif x10 permet d’apprécier tous les détails des décorations de Noël des grandes maisons de couture parisiennes.©L’Éclaireur

Le téléobjectif x3,5 est tout aussi maîtrisé. Le niveau de détails est excellent et l’image produite particulièrement dynamique. La netteté est bonne et le mode hybride x10 se comporte lui aussi très bien. Ce n’est pas le cas du mode x100 numérique, mais ce n’est pas vraiment une surprise. La nuit, ce téléobjectif est un peu plus à la peine.

La réalisation de portraits profite de l’ouverture variable avec un bokeh offrant un aspect naturel réussi. La caméra frontale de 13 mégapixels permet quant à elle de réaliser des selfies détaillés avec des textures de peau conservant un certain réalisme.

Le Huawei Mate 50 Pro est enfin un très bon caméscope capable de filmer en 4K à 60 images par seconde. Les vidéos sont dynamiques et nettes, avec des couleurs proches de la réalité. La double stabilisation (optique et électronique) affiche une belle efficacité.

Autonomie

Le Huawei Mate 50 Pro s’appuie sur une batterie de 4700 mAh, une capacité somme toute assez classique en 2022. Les tests du Labo nous donneront une idée plus précise de l’autonomie réelle de ce smartphone, qui a résisté au cours de nos deux semaines d’utilisation intensive une bonne journée sans recharge.

Huawei Mate 50 Pro
©Huawei

Huawei fournit un bloc secteur, une bonne nouvelle donc. Celui-ci distille une puissance de 66 W. Là aussi, le Labo nous apportera une mesure du temps de charge exacte. En pratique, nous l’estimons autour de 40 minutes. Une excellente performance, donc. Le Mate 50 Pro supporte aussi la recharge sans fil avec une puissance de 50 W en utilisant le socle de recharge optionnel de la marque.

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Article rédigé par
Georges Prat
Georges Prat
Journaliste