Avec « Le Fil », adapté d’une affaire judiciaire véridique, Daniel Auteuil livre son cinquième film en tant que réalisateur. L’occasion de revenir sur une carrière déjà légendaire, faite de rôles majeurs dans de nombreux genres et d’un passage réussi derrière la caméra.
Les Sous-doués passent le bac
C’est par la comédie que Daniel Auteuil a fait son apparition auprès du grand public, en débutant dans de petites productions typées (Les Héros n’ont pas froid aux oreilles, Clara et les chics types ), mais aussi en tant qu’« héros ». Preuve en est avec Les Sous-doués passent le bac, succès de 1980 dans lequel il incarne un lycéen débrouillard, gaffeur, tricheur et dragueur, redoublant pour la quatrième fois : un rôle fantasque admiré par un large public.
Pour 100 briques, t’as plus rien
Réussite significative du tandem Jugnot-Auteuil, Pour 100 briques, t’as plus rien incarne la comédie « sociale » des années 1980. Inénarrable chronique d’un tandem de chômeurs fauchés préparant un braquage de banque, ce film vaut pour la complicité entre ces deux personnages principaux et son caractère parodique du genre policier.
Jean de Florette / Manon des Sources
Tournée sous la forme d’un diptyque (Jean de Florette/Manon des sources), l’adaptation par Claude Berri de deux scénarios de Pagnol a été l’un des plus grands succès du cinéma français des années 1980. Daniel Auteuil y tient son premier vrai rôle dramatique en interprétant le personnage d’Ugolin, neveu du Papet (Yves Montand) avec qui il fomente un complot contre Jean de Florette (Gérard Depardieu) dans une Provence digne des romans de Giono. Ce personnage de paysan ambigu, épris de Manon (Emmanuelle Béart, compagne d’Auteuil à l’époque), a valu à l’acteur son premier César (il obtiendra le deuxième en 2000 avec La Fille sur le pont). Du reste, Daniel Auteuil sera marqué à vie par l’univers de Pagnol, si bien qu’il passera à la réalisation en 2011 de La Fille du puisatier puis des deux volets de la trilogie marseillaise (Marius et Fanny).
Un cœur en hiver
Deuxième participation de Daniel Auteuil à un film de Claude Sautet (après Quelques jours avec moi en 1988), Un cœur en hiver figure parmi les plus beaux rôles dramatiques du comédien. La personnalité froide et comme retirée du monde de son personnage de luthier offre une composition remarquable aux spectateurs qui se perdent dans le puzzle mental de ce film. Ce derner, magnifié par les interprétations d’Emmanuelle Béart et d’André Dussolier, donne à voir les trois acteurs au cœur d’un sombre triangle amoureux.
La Reine Margot
Daniel Auteuil, par son sens de la nuance et sa faculté à transmettre des émotions par le regard, nous offre une palette de jeux d’une grande variété. Dans La Reine Margot, il incarne le mari délaissé du personnage éponyme (Isabelle Adjani), qui livre au mitan des années 1990 une prestation d’une grande justesse. Au milieu d’un casting XXL (Vincent Pérez, Jean-Hugues Anglade, Dominique Blanc, Jean-Claude Brialy), Auteuil excelle en incarnant un Henri IV d’une profonde modernité.
Lucie Aubrac
Retrouvant Claude Berri qui l’avait mis en scène dans Jean de Florette, mais aussi Patrice Chéreau réalisateur du film La Reine Margot, Daniel Auteuil se diversifie le temps d’un nouveau rôle historique avec Lucie Aubrac, dans lequel il incarne le résistant et mari du rôle-titre (Carole Bouquet). Dans ce récit réaliste racontant la vie d’un couple proche de Jean Moulin, Auteuil affirme d’autant plus sa persona filmique.
36 Quai des Orfèvres
Pour son deuxième long-métrage, 36 Quai des Orfèvres, l’ancien policier Olivier Marchal réalise un film XXL autour de la rivalité entre deux chefs de service de la police parisienne. Opposé à Gérard Depardieu, Daniel Auteuil y campe pour la première fois le rôle d’un flic au bord de la crise de nerfs, trahi et accusé à tort. Entre Serpico et Heat, la composition de l’acteur s’avére être l’une des plus sombres de son répertoire.
Dialogue avec mon jardinier
Daniel Auteuil est également un homme de duo. En 2007, Dialogue avec mon jardinier lui a permis d’en former un nouveau, avec Jean-Pierre Darroussin. Narrant les retrouvailles de deux camarades d’école, l’un artiste et l’autre jardinier, ce film de Jean Becker fait place à l’hédonisme et au retour vers la nature, deux thèmes qui caractérisent le cinéaste. Auteuil y trouve là un emploi d’artiste névrosé puisant dans ses racines une nouvelle sérénité.
Le Brio
Âgé de 67 ans en 2017, Daniel Auteuil joue du choc des générations en étant confronté à Camélia Jordana dans Le Brio, ou la rencontre difficile entre une étudiante en droit et son professeur pétri de préjugés racistes. Dirigés par Yvan Attal, les deux acteurs se livrent à un fameux numéro de duettistes, sur fond de concours d’éloquence et de récit métaphorique sur le vivre-ensemble et les rapports de classe et d’origine dans la société française.
Amoureux de ma femme
Après trois films adaptés de Pagnol, et avant Le Fil, Daniel Auteuil a choisi une pièce de boulevard moderne, L’Envers du décor de Florian Zeller, pour tourner sa première comédie en tant que réalisateur. Amoureux de ma femme, porté par le quatuor Depardieu, Kiberlain, Ugarte et Auteuil raconte les fantasmes d’un homme effacé confronté à la nouvelle compagne de son meilleur ami. De quoi offrir un spectacle inédit dans la carrière de cette légende vivante du cinéma français.
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