Entretien

En rayon avec… Eric Toledano

03 avril 2024
Par Mélanie Carpentier
En rayon avec... Eric Toledano
©DR

Formant depuis 20 ans un binôme avec Olivier Nakache, Éric Toledano incarne le cinéma populaire français du XXIe siècle. De « Nos jours heureux » à « Intouchables », en passant par « Le Sens de la fête », prochainement projeté à la 25e édition du Festival Music & Cinéma Marseille (1er au 6 avril), le duo a réinventé la comédie. Eric Toledano évoque pour nous ses principales références.

Est-ce qu’on peut avoir une idée de films à partir d’une musique, d’un morceau ? 

Cela arrive souvent qu’un morceau inspire une atmosphère favorable à l’écriture d’une scène, et c’est souvent le cas dans notre filmographie, notamment avec des artistes qu’on a fini par contacter. C’est le cas évidemment d’Avishai Cohen pour Le Sens de la Fête, mais aussi de Ludovico Einaudi pour Intouchables ou Samba. C’est le cas aussi des Grandbrothers qui ont inspiré la bande originale de Hors Normes. Nombre de leurs morceaux ont inspiré des scènes et nous ont permis de décrire une ambiance ou de nous en rapprocher. Je pense qu’une musique peut être, par ses paroles, ses sonorités, par les souvenirs qu’elle évoque, le déclencheur d’un sujet de film. 

Écrivez-vous en musique ? Et si oui, quels morceaux vous inspirent ? 

Oui, nous écrivons en musique, car cela nous met chacun dans notre bulle. Puisqu’on est dans le même bureau, ça nous permet de nous concentrer sur la partie à écrire, que l’on se partage après, lors de nos réunions communes. De plus, pour nous, la musique et le cinéma sont totalement indissociables. Une scène peut être mieux écrite sur fond d’un bon morceau de jazz ou parfois même d’autres thèmes de films, mais qui nous rapprochent du résultat qu’on aimerait voir aboutir. 

Le morceau du Sens de la Fête que vous préférez ?

The Wedding Song, car c’est un morceau qui a été spécialement créé pour le film et qui est le fruit de tous les mélanges qu’on aime chez Avishai Cohen : du jazz et d’autres instruments qui viennent s’y marier comme le oud, la darbouka, plusieurs percussions différentes. De plus, ce morceau conclut le film et c’est sûrement celui qui amène le plus d’émotion, mais tous les titres d’Avishai ont de l’importance et ont aidé à écrire le film. Je pense notamment à Remembering, Nunu ou encore Seven Seas.

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Si votre vie était un film ?

Ce serait une comédie italienne, Le Fanfaron, de Dino Risi. Les héros traversent un moment à deux et ça finit mal, un peu comme la vie.

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Un album ? 

Breakfast in America de Supertramp, car c’est celui qui nous a fait découvrir le rock des années 70.

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Un artiste disparu avec qui vous auriez aimé dîner ?

Chet Baker, parce qu’il nous a apporté beaucoup de bonheur et qu’il nous a aidés à écrire. On aurait parlé de jazz, de sensations, de création, de l’Amérique. On aurait parlé de mille choses.

Un film qui remet en cause vos certitudes ? 

Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola, pour la fragilité des personnages, leur trajectoire et leur humour.

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Une réplique inspirante ?

Dans ce même film : « Tu te rends compte que notre avenir est derrière nous. On voulait changer le monde, mais c’est le monde qui nous a changés ».

Le film faute de goût que vous revendiquez ?

C’est un film qui s’appelle Je vais craquer, de François Leterrier avec Eddy Mitchell, Anémone, Nathalie Baye, et surtout Christian Clavier. C’est l’adaptation d’une BD de Gérard Lauzier, La Course du rat. Le film a peut-être mal vieilli, mais ça nous plaît. Il y a quelque chose qui représente son époque, et c’est une œuvre peu connue de Christian Clavier, mais qui a toute sa place dans sa filmographie.

La VHS que vous conservez coûte que coûte ?

C’est celle de Midnight Express d’Alan Parker. J’avais l’affiche dans ma chambre quand j’étais petit et la musique est restée ancrée en moi, c’est une histoire et un film qui m’ont marqué. 

La série qui a su réinventer un genre ?

Deux séries liées à nous de façon, je l’espère, pas trop égocentrique. La première, c’est En Thérapie, adaptée de la série israélienne BeTipul, car elle a su réinventer un genre où tout se passe entre seulement deux personnes. Mais aussi la dernière que nous avons produite récemment : La Fièvre diffusée sur Canal +, avec Nina Meurisse et Ana Girardot, réalisée par Ziad Doueiri, parce qu’il faut bien faire un peu de pub quand on fait une interview.

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Le premier album acheté dans votre vie ?

A neuf ans, j’ai acheté Grease, qui coûtait 80 francs, en prenant l’argent dans une boîte de mon père. Je l’ai écouté, et quand mes parents sont rentrés, ils m’ont dit « Pourquoi tu l’as acheté ? » et… on l’a rapporté chez le disquaire en bas de chez moi…

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Le dernier craquage Fnac ?

A la Fnac, j’ai l’habitude de traîner dans les rayons littéraires longtemps et d’acheter des livres. J’ai des piles et des listes de livres que je n’ai pas encore lus. Il faut que j’en aie une bonne dizaine d’avance, c’est une névrose. En ce moment, je suis très philo donc j’ai acheté L’Irréversible et la Nostalgie de Vladimir Jankélévitch.

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Article rédigé par
Mélanie Carpentier
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Journaliste
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