À l’affiche de l’Arche de Noé, de Bryan Marciano qui sort en salles le 22 novembre, Valérie Lemercier a accepté de se prêter au jeu de notre nouveau rendez-vous ‘En rayon’. L’occasion d’évoquer en sa compagnie les films, les séries et les musiques qui l’ont marquée, secouée, attendrie, fait sourire ou rire… C’est parti !
Le film qui marque votre entrée dans le monde des adultes ?
Le tambour de Volker Schlöndorff. Ma mère nous a emmenés le voir. J’étais sans doute trop jeune ; j’ai toujours eu peur de retomber sur une tête de cheval mort échouée sur la plage et remplie d’anguilles vivantes et grouillantes. Ce mélange viande/poisson m’a longtemps fait préférer les bonbons.
Le film qui remet en cause vos certitudes ?
West Side Story ! On ne sait pas comment tant de perfection dans la même œuvre est possible. La musique, les costumes, les chorégraphies…
Le livre pour se la raconter ?
L’homme sans qualités, de Robert Musil. Il est resté au pied de mon lit pendant des années. J’ai cru qu’il fallait réussir à le lire et que celui qui y serait parvenu serait très intelligent. Lire tout Colette est plus facile et passionnant.
Le film plaisir coupable ?
Je ne me suis jamais sentie coupable d’aimer un truc qui ne se fait pas. Je sais que c’est une question qui revient souvent. En fait, j’ai longtemps lutté contre ça. J’ai eu une éducation où il fallait aimer Giulietta Masina et pas Brigitte Bardot, aimer Samuel Beckett et ne pas regarder les publicités.
Une réplique qui vous inspire ?
« Quand quelqu’un frappe quelqu’un avec un objet lourd en verre et qu’il ne meure pas tout de suite, est-ce qu’il peut mourir le lendemain ? » C’est Charlotte Gainsbourg qui dit ça dans L’Effrontée. J’adore ce quelqu’un dont elle parle qui n’est qu’elle-même, qui a pété une mappemonde en verre sur la tête de Jean-Philippe Écoffey.
Une série qui vous a interpellée ?
The White Lotus, de très loin. C’est beau, les acteurs sont tous excellents, à fond dans leurs personnages. C’est cruel, super drôle, actuel, et bien que française, je me reconnais dans tous les personnages, personnel des hôtels et clients. C’est un énorme travail, mais ça donne envie de fabriquer ou de jouer dans une série..
Un générique qui surpasse tous les génériques ?
Le générique dessiné par Saul Steinberg de « Mais qui a tué Harry ? ». C’est bucolique, inoffensif, et soudain, un corps…
L’album culte ?
Percussions de Serge Gainsbourg.
Un morceau qui vous donne la pêche ?
Probablement Fever de Dua Lipa et Angèle. Je l’ai aimé dès les premières secondes. Il donne envie de danser ce qui, au moment de sa sortie était un truc interdit. J’aime le clip, les filles qui la chantent, pourtant je crois n’avoir pas trop compris de quoi ça parlait !
Le premier album acheté dans votre vie ?
Harvest de Neil Young. J’avais suffisamment travaillé dans les champs pour pouvoir m’offrir un électrophone à 410 francs, il m’en restait 40 pour un 33 tours. Je ne sais pas qui m’a conseillé ce disque, j’avais 13/14 ans, j’ai l’impression que c’est le disquaire.
Votre BO de film préférée ?
La BO de The Jungle book. Tous les morceaux se chantent, se dansent. C’est parfait ! On peut même voir sur internet l’enregistrement avec Luis Prima, tous en file indienne dans le studio d’enregistrement
Le bonus track interview des frères Sherman (Richard M et Robert B) sur la fabrication des tubes est très intéressant.
Dans votre arche de Noé, vous n’avez le droit qu’à trois produits culturels ?
Tchekhov, Les Nouvelles. Henri-Georges Clouzot, Quai des Orfèvres et tous les livres de Voutch.
L’Arche de Noé de Bryan Marciano : ça parle de quoi ?
« Une association dirigée par Noëlle (ndlr : Valérie Lemercier) accueille des jeunes LGBT mis à la rue par leurs familles. Tous ont cette furieuse envie d’exister et de trouver leur place dans la société. Ils ont six mois pour obtenir un job, un logement et s’accepter comme ils sont. Une course contre la montre qui oblige également les membres de l’association à affronter leurs propres failles et à se questionner sur leurs motivations à aider les autres. »