On parle souvent de shōnen ou de seinen, peut-être un peu moins de shōjo, cette catégorie de mangas dits « destinés aux jeunes filles ». Aujourd’hui de plus en plus nombreux, ils séduisent pourtant tous les publics, jusqu’aux adultes en quête d’élégance, de finesse et de tendresse. Entre mangas shōjo « historiques » et derniers débarqués en France, petit tour d’horizon subjective de ces agréables « douceurs ».
Sailor Moon, Naoko Takeuchi (1995)
Édité en France pour la première fois en 1995 (suivi de trois autres éditions dont l’Eternal Edition en 2020), Sailor Moon est au shojo ce que Dragon Ball est au shônen : un phénomène générationnel devenu un classique intemporel de la planète shōjo. On y suit les aventures d’Usagi, 14 ans, une ado tout ce qu’il y a de plus banale jusqu’à sa rencontre avec Luna, chatte noire marquée d’un croissant de lune, capable de métamorphoser la jeune fille en Pretty Guardian Sailor Moon, jolie guerrière justicière aux pouvoirs magiques… C’est l’œuvre majeure de Naoko Takeuchi et, au regard de son succès international, le monde du shōjo lui doit beaucoup !
Sakura Card Captor, CLAMP (1999)
L’histoire de Sakura, fillette investie de pouvoirs spéciaux, se retrouvant chargée de réunir des cartes magiques qu’elle a malencontreusement laissé s’échapper du mystérieux Livre de Claw. Cartes, qui aux yeux des hommes, se personnifient en de dangereuses créatures. À la chasseuse de cartes et à Kerobero, son allié en peluche, de les affronter et de les soumettre car, évidemment, il en va de l’avenir du monde ! Là encore, un shojo 100 % Magic Girl. Sakura Card Captor est sans doute l’un des plus grands succès de la fin des années 1990. Celui grâce auquel les dessinatrices du collectif CLAMP ont su gagner le titre de « Reines du manga ».
Nana, Ai Yazawa (2002)
À gauche Nana Komatsu, jeune étudiante rêveuse, rigolote et tête en l’air. À droite Nana Osaki, plus dégourdie, mystérieuse et déterminée. Ces deux Nana-là vont se rencontrer et se lier d’amitié dans un train à destination de Tokyo où elles décident vite de s’installer en coloc’, dans le quartier branché de Shibuya. Ensemble, fortes de leurs différences complémentaires, elles apprendront à faire face aux diverses épreuves de leurs existences. Entre la culture pop kitsch de l’une, le punk rock de l’autre, une passion partagée pour le monde de la mode, Ai Yazawa signe un joli récit autour de l’amour et de l’amitié, de la différence, de la dépendance affective et de la relation à l’autre.
Fruits Basket, Natsuki Takaya (2002)
Contrainte de vivre sous une tente après le décès de sa mère, Tohru Honda, lycéenne, se retrouve accueillie sous le toit de son camarade de classe Yuki, chez la famille Sôma. En échange du couvert et du logis, notre jeune et courageuse héroïne s’engage à assurer les tâches ménagères de la maison. Mais les Sôma gardent entre leurs murs un bien mystérieux secret, tous possédés par les douze animaux du zodiaque chinois… De belles surprises en perspective dans la nouvelle vie de Tohru ! Fruits Basket de Natsuki Takaya est une comédie dramatique touchante et originale, mêlant à merveille romance et fantastique.
Banana Fish, Akimi Yoshida (2003)
Qu’il aura mis du temps à nous parvenir le Banana Fish d’Akimi Yoshida ! Édité en 1985 au Japon, il ne débarque en France qu’en 2003 (et vient tout juste de s’offrir une nouvelle et belle édition en 2021). L’histoire de Ash Lynx, jeune chef de gang d’un clan mafieux du New York des années 1980, dont la vie bascule, un soir, alors qu’un homme agonisant dans la rue lui remet un mystérieux médaillon et lui murmure à l’oreille ces derniers mots : « Banana fish… » Ces mêmes mots prononcés 12 ans plus tôt par Griff, le frère de Ash, avant, lui aussi de mourir sur les terres lointaines du Vietnam… Manga thriller sur fond de romance, shojo flirtant avec le yaoi tout en s’aventurant sur les terres du shonen, Banana Fish d’Akimi Yoshida est un formidable OVNI éditorial en mesure de séduire tous les publics.
Maid Sama, Hiro Fujiwara (2010)
Maid Sama d’Hiro Fujiwara raconte l’histoire d’Ayuzawa Misaki, présidente du conseil des élèves tenant d’une main de fer les jeunes étudiants d’un établissement à la réputation médiocre, fréquenté à 80 % par des garçons. Une gente masculine pour laquelle l’énergique, belle et intelligente Misaki n’a que peu d’estime, alors que sa détermination suscite au contraire l’admiration des jeunes filles. Mais Misaki mène une double vie. Pour subvenir aux besoins de sa très modeste famille, elle est serveuse à mi-temps dans un bar. Son secret est sur le point de s’écrouler – et sa réputation avec – lorsqu’Usui Takumi, son rival masculin pousse un jour la porte de son café… Le début d’une belle et drôle de romance ou quand la rivalité laisse place à une complicité inattendue.
Orange, Ishigo Takano (2014)
La jeune et timide Naho, 16 ans, voit sa vie bouleversée le jour où elle réceptionne une lettre de… Naho, 26 ans, rongée par les regrets. Et son double adulte de lui dérouler alors par le menu les futurs événements de son existence ainsi que des conseils pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Notamment concernant un certain Kakeru, le nouvel élève de sa classe qui ne la laisse pas indifférente… Mais Naho osera-t-elle changer pour modifier son avenir et éviter le pire ? Orange d’Ishigo Takano est un véritable concentré d’émotions, un shojo très touchant à la douceur mélancolique.
Yona, princesse de l’aube, Mizuho Kusanagi (2014)
Qu’elle est belle la vie de Yona ! Heureuse princesse du royaume de Kôka profitant, insouciante, de l’amour de son papa-roi et de la protection de Hak, son garde du corps et ami, le guerrier de la tribu du vent. Tellement insouciante qu’attendant avec impatience le jour de son anniversaire pour pouvoir déclarer sa flamme à son cousin Soo-won, Yona ne voit pas venir la terrible tragédie qui bouleversera sa vie. Brutalement écartée du trône, Yona, la princesse de l’aube devra se battre pour rester en vie et regagner son rang. Mizuho Kusanagi délivre un très joli shojo à l’univers heroic fantasy, entremêlant drame et aventure, le tout avec une pointe de romantisme.
True Beauty, Yaongyi (2019)
Sans cesse moquée par les camarades de son lycée, Ju-kyeong est totalement complexée par son apparence. Aussi lorsqu’elle change d’établissement, elle décide de repartir à zéro et de changer d’apparence à grand renfort de produits cosmétiques et de tutos « beauté ». On la surnomme désormais « Déesse » et elle passe pour la plus jolie fille du lycée. Mais Ju-Kyeong parviendra-t-elle longtemps à garder son secret ? Avec True Beauty, sunjeong manhwa (équivalent sud-coréen du shōjo manga japonais), Yaongyi aborde, l’air de rien, avec toujours beaucoup de légèreté, des thématiques douloureuses telles que le diktat de la beauté, le harcèlement scolaire, la dépression, voire le suicide… Un joli tour de force !
A Sign of Affection, Suu Morishita (2021)
Tandis que revoilà Suu Morishita, duo de mangakas découvert chez nous avec, entre autres, la série Hibi Chouchou. Dans A Sign of Affection, elles retracent l’histoire de Yoki, étudiante tout ce qu’il y a de plus ordinaire mais sourde de naissance, et de sa rencontre avec Itsuomi, jeune et grand voyageur polyglotte mais qui ne connaît rien à la langue des signes. Le jeune homme va pourtant chambouler sa vie. En dépit des difficultés, ces deux-là apprendront à se comprendre et à échanger, animés par leur seul désir d’en savoir toujours plus sur l’autre. Avec beaucoup de douceur et de bienveillance, Suu Morishita aborde le thème de la communication, de la capacité de toutes et tous à trouver sa place dans un monde parfois clivant. Porté par une écriture et un dessin aussi délicat que lumineux, A Sign of Affection est un shōjo 100 % positive attitude !
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