
Une année providentielle pour le secteur des séries TV qui a accueilli bon nombre de projets de grande envergure. Entre des productions arrivées à leur conclusion, d’autres qui semblent en bonne voie pour le succès, et de nouvelles œuvres fraîchement débarquées sur nos écrans, il est temps de dresser un bilan des séries ayant marqué cette année 2022.
House of The Dragon – saison 1
Attendue au tournant par une grande partie des fans de Game of Thrones, après une huitième saison assez problématique, la première saison de House of the Dragon effectue un sans-faute au cours de ses dix épisodes. Le premier spin-off de Game of Thrones confirme avec brio le savoir-faire de HBO en termes de production, d’écriture et de réalisation. Avec ce retour dans les années de règne de la maison Targaryen et la naissance des guerres intestines qui la mèneront à sa chute, cette première saison nous replonge dans la maestria qui a fait les heures de gloire de la série mère. Qu’il s’agisse du casting irréprochable, d’une réalisation magistrale et d’une écriture parfaitement maîtrisée, House of the Dragon s’impose comme la série majeure de cette année.
Better Call Saul – saison 6
Après cinq saisons toutes plus intenses les unes que les autres, la sixième et dernière saison de Better Call Saul vient achever ce show d’une rare qualité, mais également l’univers de Breaking Bad tout entier. Comment résumer la conclusion de cette sixième saison tant celle-ci est riche en ramifications et si dense émotionnellement. Entre la fuite d’Ignacio, la vengeance de Lalo contre Gus Fring et les manigances de Jimmy et Kim contre Howard Hamlin, cette saison conclut à merveille l’ensemble des arcs narratifs débutés depuis toutes ces années et plus encore ! Cette série aura su nous surprendre par l’ambition de son intrigue, mais aussi par la cohérence de son déroulement. Ne souffrant aucune comparaison avec la série dont elle est issue, Better Call Saul clôt le chef d’œuvre de Vince Gilligan et Peter Gould.
Peaky Blinders – saison 6
Après une impressionnante mue au cours de la saison cinq, Peaky Blinders nous revient pour une ultime saison venant achever ce voyage au cœur de l’Angleterre du siècle dernier. Entièrement réalisée par Arthur Byrne, cette sixième saison va puiser dans de nouvelles qualités artistiques de la création de Steven Knight, pour parvenir à une réalisation encore plus noire que les saisons précédentes. Loin des premières rivalités entre gangs, c’est désormais la complexité de l’intrigue et la profondeur des personnages qui sont au centre d’un récit porté avec grand talent par Cillian Murphy, Anya Taylor-Joy et Paul Anderson. La famille Shelby se prépare ainsi à l’avenir à travers une saison aussi puissante que passionnante.
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En thérapie – saison 2
Au lendemain du confinement, le docteur Phillipe Dayan reçoit quatre nouveaux patients dont cette nouvelle saison va s’appliquer à décortiquer le quotidien avec sincérité et ingéniosité. Toujours dans son atmosphère de huis clos de cabinet de consultation, la deuxième saison de En thérapie menée par Frédéric Pierrot et supervisée par Clémence Madeleine-Perdrillat, signe un nouveau succès pour Arte. La réalité des traumatismes est ici est soigneusement représentée par le biais de la fiction. Nous retrouvons une formule intimiste et modeste, mais cette fois accompagnée par une dimension thriller captivante. L’écriture toujours aussi maitrisée permet à Pierrot de donner la réplique à une Mélanie Thierry tout en finesse et à une remarquable Eye Haïdara. Une réussite bienvenue qui sait se renouveler sans trahir son concept initial. L’attente est déjà présente pour une prochaine consultation.
Les Anneaux de Pouvoir – saison 1
Rares sont les séries à attirer autant d’attention. Budget le plus élevé de l’histoire des séries TV ; issue de l’univers de fantasy le plus célère ; produite par une entreprise aux moyens quasi-infinis ; et pourtant… la réussite est loin d’être totale. En dépit d’une esthétique parfaite, seule qualité indéniable de l’œuvre, on ne peut s’empêcher de remarquer le temps occupé par les multiples intrigues dont certaines ne mèneront à rien d’utile pour le récit principal. Tout comme il est difficile d’échapper au jeu des acteurs, investis et talentueux certes, mais trop figés pour emporter le spectateur, à l’image des enjeux trop absents qui paralysent l’aventure durant plusieurs épisodes. Vous l’aurez compris, en dehors de ses gigantesques ressources, la première saison des Anneaux de Pouvoir s’égare dans ses ambitions qu’elle n’arrive jamais à correctement mettre en place. Une déconvenue encore plus douloureuse alors que House of The Dragon sortait au même moment. Cette première saison s’adresse donc aux fans les plus dévots de l’univers de Tolkien, ceux qui avaient accroché à l’une des trilogies de Peter Jackson peuvent passer leur chemin.
Westworld – saison 4
Cette saison 4 propose un tournant aussi assumé que réussi à cette ambitieuse série, souvent jugée confuse auparavant. Ici, le pouvoir philosophique de la science-fiction transparait de manière frappante et avec succès, allié à ses caractéristiques techniques capables de nous impressionner et de nous laisser sans voix. La délicate définition de ce qu’est l’humain, ce qui le caractéristique et où se limite son essence est un terrain existentiel dont Westworld parvient à retranscrire les ambiguïtés, par ses effets spéciaux et sa créativité nouvelle dans cette saison de Richard J. Lewis.
The Time Traveler’s Wife – saison 1
Une rencontre quatorze ans trop tôt, le jour où Clare, âgée de 6 ans, rencontre Henry, le futur amour de sa vie. Avec ses capacités de voyageur temporel, Henry pourra donc forger, quatorze années plus tard, une relation avec Clare qui sera chargée de rebondissements. Une histoire qui n’a que peu d’originalité à offrir en dehors de son maniement temporel, mais qui demeure d’une douceur palpable dans sa simplicité romantique. La romance se substitue aux mystères temporels tant ces derniers, bien qu’amusants, ne sont jamais exploités à leur juste valeur. Le récit et l’histoire d’amour somptueusement portés par Rose Leslie et Theo James, se laisse suivre sans difficultés, en dépit de quelques lourdeurs dont la série aurait pu se passer. A défaut d’être vraiment recommandable, The Time Traveler’s Wife reste donc plus qu’appréciable.
Marie-Antoinette – saison 1
Retour sur la vie tourmentée de la reine de France Marie-Antoinette durant cette première saison se concentrant sur le mariage de la jeune souveraine pour conforter l’alliance franco-autrichienne. Après avoir produit Versailles, Canal+ retourne dans la monarchie française avec une série franco-britannique créée et écrite par Deborah Davis. Comme pour la série Versailles, le château emblématique du pouvoir devient un labyrinthe propice aux complots, aux conspirations et aux commérages. L’atmosphère de prison qui se dégage de chaque pièce de l’édifice se retranscrit parfaitement en images avec une réalisation tantôt étouffante tantôt élégante. Le tout accompagné par une formidable interprétation de Marie-Antoinette par Emilia Schüle, qui parvient à combler les quelques redondances et manque de subtilité de certaines intrigues. Une nouvelle création qui rend justice à l’Histoire de Versailles.
Stranger Things – saison 4
Après une troisième saison en dents de scie, les deux parties de la quatrième saison de Stranger Things nous laissent quelque peu sur notre faim. Six mois après la bataille de Stratcourt, notre bande d’amis se retrouve séparée pour la première fois. C’est au cours de cette période qu’une nouvelle menace surnaturelle fait son apparition. Ce nouveau péril pourrait, semble-t-il, être la clé pour mettre fin aux horreurs de l’Upside-Down. Bien que la mise en scène effectue un bond en avant, cette quatrième saison prolonge les tares que l’on trouvait déjà dans la saison précédente, à savoir une surutilisation des pourcifs propre à son esthétique des 80’s. Trop de maladresses de montages, trop de redondances déjà vues, trop d’écueils auxquels on s’attend et qui arrivent souvent. Une saison qui nous évoque les moments les plus kitsh de Suicide Squad. Les personnages de Millie Bobby Brown, David Habourg et Winnona Ryder demeurent attachants depuis toutes ces saisons, mais ils semblent entravés par l’immobilisme de leurs propres aventures qui les empêche de briller. Une saison en demi-teinte donc, qui ne pourra être sauvée que par son ultime occurrence prévue courant 2023.
Tokyo Vice – saison 1
Savoureuse plongée dans la société nippone, Tokyo Vice, adaptation du livre autobiographique de Jake Adelstein, marque le retour de Michael Mann derrière la caméra. Dans les années 90, Adelstein, journaliste américain, s’installe à Tokyo. Rédacteur pour la rubrique des faits divers, il rencontre Katagiri, inspecteur de police qui va le former aux enquêtes et au monde des Yakuzas. Une série qui correspond bien au style de Mann, pouvant renouer avec une réalisation maitrisée et élégante qu’il affectionne tant. Une atmosphère tendue vient ainsi habiller le récit avec un minimalisme correctement dosé. Cependant, Mann ne réalise que le premier épisode de la série… et cela se ressent. Les autres épisodes laissent place à une réalisation plus convenue qui tente d’émuler maladroitement l’esthétique du cinéaste. Fort heureusement, le récit et les personnages réussissent à combler les lacunes de la mise en scène. intrigante et parfois passionnante, Tokyo Vice offre un spectacle de bonne facture, en dépit de l’absence bien visible de Michael Mann.
Euphoria – saison 2
Toujours dans l’optique de narrer la vie d’un groupe de lycéens submergés par leurs problèmes qu’ils essaient tant bien que mal de noyer dans le sexe, la drogue et l’alcool, la nouvelle saison d’Euphoria explore encore davantage les névroses de la jeunesse dans un monde superficiel et cynique. Cette saison ne diffère que très peu de la première tant la formule instaurée par celle-ci était pertinente pour le récit. En guise de changement, la série nous offre plus d’audace, plus de choquant, mais également plus d’empathie envers ses personnages dans leurs vécues respectifs qui peuvent parfois décontenancer par leur aspect frontalement brutal. L’œuvre de Sam Levinson redouble d’intensité, poussant Zendaya, Maude Apatow, Eric Dane et beaucoup d’autres à donner leur maximum pour donner vie à leur personnage torturé.
The White Lotus – saison 1
Dirigée par Mike White, cette première saison de The White Lotus se concentre sur les malheurs des riches pensionnaires du luxueux White Lotus. Une saison qui s’articule autour d’un décès énigmatique survenu dans l’établissement. A travers ce drame seront brutalement illustrées la réalité des classes et la matérialité d’une société à la dérive. Une mise en scène cauchemardesque aux allures de dénonciations d’un système insensé, tel est le programme de cette première saison. Une œuvre purement politique qui ne tombe pourtant jamais dans la moralisation bête et méchante, mais expose avec force la cruauté et le cynisme froid d’un monde essentiellement tourné vers l’importance de la superficialité. Une première réussite qui a permis à la production d’être renouvelée pour une nouvelle saison, en cours de diffusion sur OCS.
Winning Time – saison 1
Immersion dans le monde du basket, Winning Time, produit par Adam Mckay, s’aventure dans le passé glorieux des Los Angeles Lakers dans les années 80. Une galerie de personnages hauts en couleur avec toutes les légendes de cette équipe mythique. Chaque joueur bénéficie d’une caractérisation limpide, ce qui transforme la série en une magnifique tribune à cette époque bénie pour tous fans de basket. Sans délaisser les néophytes pour autant, le récit se concentre également sur les à-côtés du basket que tout à chacun est en mesure de comprendre et d’apprécier. La complicité avec le spectateur, que l’on pouvait retrouver dans le biopic sur la patineuse Tonya Harding, est également présent et crée un agréable sentiment de confort même si l’on n’a jamais touché un ballon de basket de sa vie. Un retour dans le passé aussi agréable que bien mené, Winning Time est en effet une belle victoire, déjà renouvelée pour une seconde saison.