Christina Pluhar revisitant Händel, Dee Bridgewater ou Tony Allen replongeant aux racines de leur art et une relève toujours pleine d’audace, s’autorisant tous les défis, même les plus fous : voici notre sélection Classique-Jazz de la rentrée…
Christina Pluhar revisitant Händel, Dee Bridgewater ou Tony Allen replongeant aux racines de leur art et une relève toujours pleine d’audace, s’autorisant tous les défis, même les plus fous : voici notre sélection Classique-Jazz de la rentrée.
Côté classique
Charpentier : La Descente d’Orphée aux Enfers, Sébastien Daucé, ensemble Correspondances
Voyage aux Enfers par Correspondances
C’est avec une heureuse assurance que Sébastien Daucé, organiste et claveciniste de 37 ans, a entraîné son ensemble baroque Correspondances dans les limbes poétiques de La Descente d’Orphée aux Enfers de Marc-Antoine Charpentier. Une pièce d’orfèvrerie encore trop méconnue, composée dans les années 1680, dans l’ombre d’un Lully tout-puissant – écrasant ! – et du lyrisme clinquant de la Cour du Roi Soleil.
Mendelssohn : Violin Concerto, Symphony 5, Hebrides Overture, Isabelle Faust, Pablo Heras-Casado, Freiburger Barockorchester
Deutsche Qualität !
L’allemande Isabelle Faust compte sans doute parmi les violonistes les plus remarquables de sa (jeune) génération. Elle s’attaque ici à Felix Mendelssohn, portée par le Freiburger Barockorchester, conduit par le chef espagnol Pablo Heras-Casado. Au programme, l’Ouverture en si mineur The Hebrides, le concerto pour violon en mi mineur, pièce majeure du répertoire romantique allemand, ainsi que la symphonie n°5, dite Réformation, une œuvre injustement mal-aimée de Mendelssohn lui-même mais à laquelle Faust et Heras-Casado restituent ici toute son expressivité.
Romanza, Anna Netrebko, Yusif Eyvasov
C’est une belle romance !
C’est une véritable déclaration d’amour que délivre ici la soprane Anna Netrebko à son ténor de mari Yusif Eyvasov. Romanza, c’est un cœur « gros comme ça », divisé en 18 morceaux inédits (tous composés spécialement par le compositeur Igor Krutoy) que la diva russo-autrichienne a choisi de rassembler et partager en duo avec son cher et tendre. Un doux pas de deux amoureux, une parenthèse intime et romantique, à l’écart du répertoire lyrique classique.
Händel Goes Wild, Christina Pluhar, L’Arpeggiata
Le Nouveau Voyage de Christina
On ne présente plus Christina Pluhar et son ensemble L’Arpeggiata. Avec Händel Goes Wild, cette spécialiste de musique ancienne nous entraîne dans son nouveau voyage, à la rencontre du compositeur baroque allemand George Friedrich Händel. Le tout en charmante compagnie de la soprano Nuria Rial, du contre-ténor Valer Sabadus et du clarinettiste « jazz » Gianluigi Trovesi. Un voyage au cours duquel, encore une fois, tout est rendu possible par l’instinct visionnaire de Christina. Rien n’est interdit, pas même quelques incartades improvisées autour des chefs d’œuvre du maître.
L’Art lyrique made in France
Si, ces dernières années, la sphère – encore trop souvent fermée – de l’art lyrique consent de plus en plus à ouvrir ses portes, c’est notamment grâce à des trajectoires telles que celle du munichois Jonas Kaufmann, sans doute le plus grand ténor de la scène actuelle. Sur son nouvel album L’Opéra, il s’empare de la langue de Molière (qu’il maîtrise parfaitement) pour rendre un vibrant hommage à l’opéra romantique français : de Giacomo Meyerbeer à Hector Berlioz en passant par Georges Bizet, Charles Gounod ou encore Jules Massenet. Et le ténor d’incarner tour à tour Faust, Don José et autre Werther.
Côté jazz
Cure de jouvence
Il y a peu, le prestigieux label Blue Note accueillait entre ses murs un nouveau batteur fou, un certain Tony Allen. Le « jeune » homme, 76 ans, pionnier légendaire de l’Afrobeat, ancien sideman et grand ami de Fela Kuti, ouvre aujourd’hui sa collaboration avec sa nouvelle maison en sortant The Source. Un disque en guise de retour aux origines, celles du Nigéria, de ces années de jeunesse passées à s’imprégner des coups de baguettes magiques des Art Blakey, Max Roach et autre Kenny Clarke.
Hommage à Stan Getz
Pour Sylvain Rifflet, les lignes du jazz sont faites pour être bousculées. Après son Mechanics, disque déroutant mais fascinant, le saxophoniste poursuite sa quête sonore avec Refocus. Professionnel depuis ses 18 ans, l’artiste n’avait jusque-là jamais osé se confronter à Stan Getz. Mais la chance souriant aux audacieux, Verve (le label de Stan) lui a donné l’opportunité de réaliser son rêve d’ado : marcher dans les pas et souffler dans les notes de son idole et en particulier de son album culte de 1961, Focus. Sylvain en reprend la délicate alchimie, entre impro jazz et rigueur symphonique, tout en en modernisant le langage. Il fallait oser !
Memphis, Dee Dee Bridgewater
Toute la musique qu’elle aime…
… Elle vient du blues. De Memphis, Tennessee. Dee Dee Bridgewater y a vu le jour, y a découvert la « musique du diable ». Son album Memphis résonne comme un authentique voyage dans le temps, sur les pas de ses premiers émois musicaux. Un disque entre héritage et transmission sur lequel Dee Dee rend hommage aux standards blues’n soul que sont les The Thrill is Gone de B.B. King et autre Try a Little Tenderness d’Otis Redding, tout en leur insufflant une énergie nouvelle.
Le sud en héritage
Autre « retour à la maison », celui de Lizz Wright. Dans son nouvel opus Grace, la chanteuse américaine y réinterprète certains des plus grands tubes signés Bob Dylan, Ray Charles, Nina Simone ou Sister Rosetta Tharpe. Une sorte d’émouvant rite de passage à travers lequel Lizz est venu raviver ses origines musicales tout en nourrissant son inspiration. Un fabuleux et gracieux périple au cœur du sud profond des Etats-Unis dont Lizz Wright a confié la production au discret mais très solide songwriter Joe Henry.
Mélodies en Noir & Blanc, Aldo Romano
Nouveau trio pour vieux standards
Le « Noir & Blanc », c’est celui des touches du piano de Dino Rubino. Un jeune prodige italien que le compositeur et batteur confirmé Aldo Romano a choisi de prendre sous son aile pour ce nouvel album. Un duo inédit que vient compléter le contrebassiste Michel Benita, compagnon de la première heure de Romano. Et le « Noir & Blanc », c’est aussi celui de ces standards du jazz, de ces éternelles ballades que le trio a choisi de revisiter. Comme un défi au temps qui passe et une ode à la musique, qui lui résiste.