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Natalie Imbruglia : déjà presque 20 ans de carrière

09 mai 2023
Par Manue
Natalie Imbruglia : déjà presque 20 ans de carrière
©dr

Découverte dans le monde entier avec son hit « Torn », Natalie Imbruglia est ce qu’on appelle une « born performer », touchant à tout (musique, cinéma, mode, télévision… Elle revient avec un nouvel album « Male », l’occasion de redécouvrir cette australienne.

Natalie-Imbruglia-left-in-the-MiddleSi le monde a découvert Natalie Imbruglia avec le hit Torn, premier single de l’album Left of the middle, c’est sur le petit écran qu’elle se fait d’abord connaître dans son pays, l’Australie. Elle participe à des publicités (Coca-Cola, Twisties) mais c’est à 16 ans en intégrant le célèbre soap opera Neighbours (qui a vu passer une certaine Kylie Minogue avant elle) que tout commence.  Elle y joue le rôle de Beth Brennan pendant deux ans puis quitte la série.

Retour sur sa carrière

En effet, mêmBeth-Brennane si elle espérait cette notoriété, elle n’y était pas préparée. Dans la rue, le public l’appelait Beth au lieu de Natalie, ne voyant que le personnage et non la personne. Se sentant prise au piège d’un personnage et d’une image, elle décide de tout plaquer pour la grande aventure londonienne afin d’y suivre une carrière de comédienne. Mais cela ne se passe pas comme elle le désire. Sa carrière au théâtre ne décolle pas. En plein doute, elle commence à écrire des chansons. Car si elle veut être comédienne, elle aime aussi chanter. Sans permis de travail, son séjour à Londres devient très compromis et difficile à tenir. Mais elle se dit que si elle obtient un contrat dans une maison de disques, elle pourra rester à Londres.

C’est sur les conseils de son amie Anne Barrett (sa future manager) qu’elle envoie une démo de 4 titres à BMG. La maison de disque la signe immédiatement. Sous la houlette de Phil Thornalley (producteur des Cure) qui l’aide à trouver ses marques, elle enregistre son 1er album. La suite, et bien, c’est la tornade Torn, (une reprise d’Ednaswap), le succès planétaire de l’album Left of the middle et de nombreuses récompenses dans le monde entier. L’australienne est propulsée à grande vitesse dans la notoriété, trop grande vitesse… C’est la confusion dans sa tête. Il y a comme un trop plein. Gagner un prix, c’est agréable, c’est un signe de reconnaissance mais en gagner autant, cela devient surréaliste. Pour refaire tomber toute cette pression, Natalie s’éclipse et prend le temps afin de revenir à la réalité.

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C’est pour cela qu’il faut attendre 4 ans avant qu’elle ne sorte son deuxième album White lilies island, du nom de sa maison sur les bords de la Tamise, près du château de Windsor. Bien qu’un peu différent de Left of the middle, Natalie Imbruglia continue d’offrir une pop à la fois rugueuse et délicate. Comme on pouvait presque s’y attendre, le succès est moins grand. White lilies island ne se vend qu’à 2 petits millions d’exemplaires (excusez du peu !) contre plus de 6 millions pour le précédent. Les singles That dayWrong impression, Beauty on the fire en sont extraits.

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Sa notoriété amène Natalie à participer à divers projets musicaux, notamment des bandes originales de films comme la chanson Identify pour le film Stigmata.

Bien qu’elle embrasse la carrière de chanteuse avec le succès qu’on lui connaît, Natalie Imbruglia n’en oublie pas ses premiers amours. C’est ainsi qu’on la voit tenir le rôle de Lorna Campbell, une agent secrète française  aux côtés de Rowan Atkinson et John Malkovich dans le film Johnny English (que je vous conseille au passage).(1)

Avec son troisième album Counting down the day elle ne rencontre pas le succès escompté, bien que le premier single Shiver soit resté longtemps dans les charts.  Le single Counting down the day ne renverse pas la tendance. La maison de disque ne poursuit pas l’exploitation de l’album. C’est le début d’une phase morne pour Natalie, phase qui atteint son paroxysme avec le quatrième album Come to life pourtant presque son meilleur.

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Elle y collabore avec Chris Martin (Coldplay) qui lui écrit la chanson Fun, lui donne une chanson non utilisée pour l’album Viva la vida de Coldplay, Lukas et co-écrit le titre Want. Dans une interview (Sydney Morning Herald, 14 avril 2009), elle souligne ressentir les mêmes pulsions créatrices qu’à ses débuts. Cependant, malgré un sentiment de liberté et de confiance (et donc de totale sincérité) qui traversent Natalie, cet album est quelque peu un flop. Un best of sorti peu avant qui faisait état d’une carrière de 10 ans annonçait déjà un petit déclin commercial.

                            

On parle chiffres, et chiffres encore, mais le talent d’un artiste ne se mesure et ne se résume pas aux seules ventes, heureusement d’ailleurs.

Qu’y a-t-il de séduisant chez elle ?

La pop de Natalie Imbruglia est à amplitude et couleurs variables. Il n’y a rien de linéaire dans le catalogue de l’australienne. Que ce soit au sein d’un album ou d’un album à l’autre, vous vous promènerez dans des atmosphères différentes même si l’ossature reste résolument pop. En effet, quelle relation peut-on trouver entre la tonalité cool jazz hypnotique de Leave me alone, les vagues à l’âme de Smoke ou Left of the middle et les vibrations dance de Impressed sur le premier album. Sur Come to life, on passe des trempés et rageurs WyutMy god (attention Natalie ne fait pas dans le punk-rock non plus), au mélancolique Fun et l’ensorceleuse rythmique de Want. La pop de Natalie Imbruglia a ce savoureux mélange de noirceur, de mélancolie et de romantisme. Faite de ballades et de rythmes démoniaques, elle mêle énergie et retenue.

Une artiste indépendante

Contrairement à certaines critiques apparues au début de sa carrière disant qu’elle était un pur produit des maisons de disques, Natalie a une vision bien précise de son art. Indépendante, ne se laissant pas dicter ce qu’elle doit faire et quelle direction artistique prendre, Natalie Imbruglia est de ces artistes féminines qui se laissent guider par leur instinct et leurs désirs. Sa chanson Intuition est plus qu’autobiographique et correspond hier comme aujourd’hui à sa personnalité.

C’est d’ailleurs cette indépendance qui lui a valu sa séparation avec sa première maison de disque qui trouvait certaines de ses chansons trop rock et non des hits en puissance. Soucieuse de garder sa liberté artistique (et de maîtriser sa carrière), elle crée son propre label, Malabar Records, étant en total désaccord avec sa maison de disque. Natalie Imbruglia, une belle plastique que l’on peut régenter selon des désirs dictés par le business ? Et bien non. Natalie Imbruglia est une artiste pas un objet commercial. Elle se rappelle (toujours dans l’interview du Syndey Morning Herald) qu’à l’âge de 14 ans, elle est partie à Sydney se chercher un agent afin de trouver des contrats. On lui en propose un, celui de chanteuse dans un girl band. Elle refuse net, pressentant qu’elle allait être manipulée. Ce qu’elle voulait, c’est chanter du Joni Mitchell. L’inverse de ce qu’on lui proposait. Si ce n’est pas du caractère ! L’art avant l’argent, déjà à 14 ans.

Un nouvel album

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Son dernier opus en est une preuve supplémentaire. En effet, quoi de plus courageux que de sortir après un long moment d’absence, un album de reprises, comme celles qu’elle a réalisées sur Male. Aucun tube vraiment en puissance dans cet album. Il va à contre-courant de l’industrie musicale actuelle qui cherche avant tout la facilité. Encore une fois, cette attitude ne m’étonne pas. Dans une interview au moment de la sortie de son deuxième album, une journaliste lui demandait, « et si ce nouvel album ne rencontrait pas le succès de « Left of the middle » ? » Elle répondait (avec un certain aplomb mais en toute sincérité) qu’elle serait certes déçue mais qu’elle en ferait un autre. Ce ne sont donc pas les échecs qui la stoppent. Natalie sait qu’elle est faite pour ce métier et veut absolument faire ce métier (chanteuse, actrice, …) et ce contre vents et marées. A « born performer » comme disent les anglo-saxons. Et le plaisir avant tout.

Une touche à tout de talentNat Lausanne

Chanteuse, actrice, mannequin à ses heures, créatrice d’une ligne de cosmétique naturel en Australie (Iluka), jury à X Factor, ambassadrice pour la campagne visant à l’éradication de la fistule obstétricale (intervenant même à Genève dans le cadre de la journée « End fistula »), Natalie Imbruglia touche à tout avec passion et cœur.  

Succès ou pas, elle continue sa route… Sur son pied gauche est tatoué depuis très longtemps, dans l’écriture japonaise Kanji : courage. Et si cela résumait Miss Imbruglia ?

(1) – Elle renouvèle l’expérience cinématographique en 2009 pour le film australien Closed for winter.

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Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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