
Il y a déjà eu un album hommage à Daniel Balavoine en 2016. Pour être honnête – sans sous-estimer l’engagement des artistes présents sur cet album -, il ne vaut pas Une journée avec Balavoine qui ajoute à la force de l’œuvre de Balavoine une réelle démarche et recherche artistiques. Partons au cœur de cet album en rencontrant sa directrice musicale, Nach !
Le 6 décembre dernier était diffusée l’émission Une journée avec Daniel Balavoine. Dans les rues de Biarritz, Nach déambulait, faisant remonter les souvenirs et redécouvrir l’univers musical de l’artiste. En parallèle, elle avait invité une multitude d’artistes d’horizons divers et de générations différentes. On pouvait y croiser son père et son frère, Louis et Mathieu Chédid, mais aussi les comédiennes Sandrine Kiberlain et Claire Keim, la famille Souchon (Ours et Pierre), Jospeh Kamel, Emma Peters, Jeanne Cherhal, Solann, Aurélie Saada, Tété, les Québécois Robert Charlebois et Pierre Lapointe, le rappeur Youssoupha, le guitariste classique Thibault Cauvin ainsi que la Malienne Fatoumata Diawara ; chacun reprenant seul ou à plusieurs un titre et expliquant leur rapport à l’œuvre de Daniel Balavoine…
Le soir dans l’ancien casino de Biarritz a été donné un concert. C’est cela que vous retrouverez gravé sur l’album qui porte le même nom que l’émission, disponible le 17 janvier dans les bacs.
C’est Nach qui a choisi les chansons et les artistes. Totalement investie dans le projet et habitée par l’œuvre de Balavoine, elle a su provoquer chez les artistes une réincarnation personnelle de l’œuvre chantée. Parfois frileux à reprendre un artiste dont la voix et la tessiture étaient assez uniques et complexes, Nach a su les convaincre qu’au contraire, c’est leur personnalité et leur voix qui donneraient toute la beauté à ces reprises. Le but n’était pas de faire du Balavoine comme Balavoine, mais juste d’insuffler sa manière d’être et de chanter dans une chanson. On doit dire que tout cela est parfaitement réussi.
Difficile de faire ressortir un titre plus que l’autre, car chacun des artistes a vraiment su apprivoiser l’art de Balavoine et le mettre en valeur.
On pourrait choisir le duo Louane et Louis Chédid avec La vie ne m’apprend rien, celui de Nach et Robert Charlebois sur Vendeurs de larmes, Lipstick polychrome avec Gaëtan Roussel et Solann ou Arthur H, Dieu que c’est beau par Joseph Kamel et Emma Peters…
… Mais aussi Lady Marlène avec Martin Luminet et Elodie Frégé, Tous les cris les S.O.S lu par Cyril Dion, ou bien encore Quand on n’a plus rien à perdre avec Aliocha Schneider et Aurélie Saada. Dommage que la version de Nach sur Evidemment, chanson écrite par Michel Berger et chantée par France Gall, ne soit pas apposée en clôture de cet album.
Comme Balavoine a été un enfant des Beatles, les artistes sur cet album sont à leur manière les enfants de Balavoine.
Peu d’artistes ont construit une carrière si riche en si peu de temps. Peu d’artistes ont su traverser les époques et les générations avec leurs hymnes à la fois coups de griffes et coups de poing, mais aussi et surtout invitations à sauver l’amour, si je peux paraphraser le titre d’une de ses chansons.
Voici ce que disait François Mitterrand à propos de Daniel Balavoine : « J’ai d’abord apprécié le chanteur de la colère, et de la tendresse, qui avait su trouver des mots et des sons en accord avec les sentiments de la jeunesse de son temps. J’ai ensuite rencontré et apprécié le révolté et l’homme de cœur, celui qui avait mis toute sa notoriété au service de la plus grande cause, celle de la justice et de la lutte contre la faim dans le monde. La jeunesse de France n’oubliera pas de sitôt celui qui lui a donné une si grande leçon de vie en allant au bout de ses passions. » (Pour Paroles et Musique n° 66, juin 1987)
Que dire de plus à part vous inviter à vous replonger dans l’œuvre de cet artiste exceptionnel et écouter ces enfants de Balavoine reprendre avec beaucoup de ferveur, d’émotions et de douceur, celui qui incarna la liberté et le renouveau de la chanson française.
Rencontre avec Nach à propos d’Une journée avec Balavoine
Le 6 décembre dernier était diffusée une émission sous votre direction musicale Une journée avec Balavoine, une sorte de balade à travers la vie et l’univers musical de Daniel Balavoine à Biarritz. Dans cette émission, plusieurs artistes d’horizons divers reprenaient quelques-uns des titres emblématiques du chanteur. Comment est né ce projet et pourquoi ?
J’ai été contactée par France Télévisions il y a un an qui m’ont proposé d’assurer la direction musicale et la programmation de ce projet de documentaire musical autour de l’œuvre de Daniel Balavoine. J’ai tout de suite été séduite par l’idée de réécrire les arrangements de ce répertoire mythique et sublime, et très excitée à l’idée de collaborer avec tous ces artistes merveilleux.
Comment s’est fait le choix des artistes ? Ont-ils répondu sans réfléchir à ce projet ?
J’ai imaginé la plupart des versions et ai proposé aux artistes les chansons et les arrangements. La plupart des artistes ont embarqué très rapidement et avec enthousiasme dans cette belle aventure qui est aussi devenue un album live.
Le 14 janvier 1986, Daniel Balavoine disparaissait au Mali. Vous êtes née un an après. Quel est votre premier souvenir de Daniel Balavoine ?
Mes premiers souvenirs sont sa voix et ses mélodies résonnant dans le salon familial. J’ai toujours été frappée par la puissance et le charisme de cet artiste.
Qu’est-ce qui vous touche chez l’artiste ? Avez-vous des points communs avec lui ?
Ce qui me touche le plus est l’engagement qui se dégage de lui et de sa personnalité. L’engament sans faille dans tout ce qu’il fait, quand il chante, quand il écrit, quand il est sur scène, quand il prend la parole. Cette urgence de vivre et d’exprimer.
Qu’est-ce que la femme que vous êtes, apprécie chez l’homme qu’il était ?
La femme que je suis apprécie son authenticité, son intégrité, son talent et son humanité.
Qu’est-ce que vous avez envie que l’on retienne de cet artiste à la carrière assez courte en fait ?
J’aimerais qu’on retienne son talent immense, son engagement social et poétique, et évidemment ses chansons qui traversent les décennies et résonnent toujours aussi fort aujourd’hui.
S’il était encore vivant, que chanterait-il ? Que ferait-il selon vous ?
Je pense qu’il aurait produit beaucoup de musiques. J’ai été très surprise, en retraçant le fil de sa carrière et en me replongeant dans tout sa discographie, de découvrir le nombre de chansons considérables qu’ils avaient écrites en si peu de temps. Je pense qu’il avait une énergie créative assez surdimensionnée.
Un dernier mot sur ce projet ou sur Daniel Balavoine ?
C’était un projet passionnant, exigeant et très prenant. Je suis très fière de cette émission et de cette album live dans lequel j’ai mis, aux coté de tous ces merveilleux artistes, tout mon cœur et mon énergie. Je suis honorée d’avoir pu côtoyer de plus près ce répertoire extraordinaire et collaborer avec tous ces artistes qui ont sublimé l’œuvre de cet artiste unique.
Le 24 janvier, une nouvelle édition de l’album Peau Neuve de Nach sortira. Ne gâchez pas votre plaisir. Cet album est un bijou et Nach, une artiste de talent. C’est dit.