Décryptage

Daniel Balavoine : une intégrale pour ne pas l’oublier !

20 novembre 2020
Par Manue
Daniel Balavoine : une intégrale pour ne pas l'oublier !

C’était il y a presque 35 ans, Daniel Balavoine disparaissait dans un accident d’hélicoptère au Mali, sur les terres même de son engagement humanitaire. En même pas 10 ans et 8 albums, il a imprimé la chanson française de sa marque si unique. En cette fin d’année, l’artiste est remis à l’honneur avec la sortie d’une belle intégrale et la découverte d’un titre inédit datant de 1977. De quoi se rappeler combien ce chanteur a été et est toujours si essentiel à la chanson française.

Daniel, le chanteur

Nous sommes en 1963, Daniel Balavoine a 11 ans. Il est dans un pensionnat dont l’ordre l’ennuie profondément. C’est alors qu’il entend, She loves you des Beatles. Son goût pour la musique est né. En 1968, il s’intéresse à la politique et au mouvement de mai de cette même année. Déçu par la forme que prend le mouvement, il se retourne vers sa première passion, la musique.

Après plusieurs petits groupes, c’est avec Présence qu’il commence à se faire connaître, notamment des maisons de disque. Après avoir quitté le groupe, en 1972, été un temps disquaire, la maison de disque Vogue le rappelle en 1973. Un premier 45t naîtra, Viens vite, vite tombé dans les oubliettes.

Daniel participe à l’opéra rock La Révolution française de Claude-Michel Schöenberg et est un temps choriste, notamment pour Patrick Juvet. Alors qu’il lui avait écrit une chanson, Couleurs d’automne, ce dernier l’encourage à la chanter lui-même. De là naît le premier single sous le nom Daniel Balavoine. Le succès n’est pas retentissant mais il fait cependant la connaissance de Léo Missir alors directeur artistique chez Barclay qui le prend sous son aile et enfin celle de Andy Scott, qui sera le réalisateur de tous les albums de Balavoine.

Les deux premiers albums de Balavoine chez Barclay ne rencontrent pas vraiment son public. Pourtant, en écoutant Les aventures de Simon & Gunther, album concept sur Berlin, on décèle un homme avec une vision artistique très poussée, à l’image d’un Bowie. Mais Eddie Barclay s’en énerve un peu et somme l’artiste de produire un album à succès sinon au revoir.

Entre temps, un certain Michel Berger est en train d’écrire une comédie musicale, Starmania, et commence à chercher ses interprètes. Il tombe sur une émission musicale où Daniel Balavoine chante, Lady Marlène, extrait de son album Les aventures de Simon et Gunther.

Lady Marlène, tiré de l’album Les aventures de Simon & Gunther

Là, il reste bouche bée, subjugué par la voix, l’amplitude de sa tessiture. Ça y est Michel Berger a trouvé son Johnny Rockfort.

SOS d’un terrien en détresse, tiré de Starmania

Avant que Starmania ne devienne le phénomène que l’on connaît, Balavoine sort son 3ème album, Le chanteur. Le single du même titre connaît un succès retentissant. En cumulant le succès de Starmania et celui de son propre album, Balavoine accède au rang de chanteur à succès enfin.

Le chanteur, tiré de l’album Le chanteur

La suite c’est 5 albums, une succession de tubes, des tournées à guichets fermés.

Mon fils, ma bataille, tiré  de l’album Un autre monde

Je ne suis pas un héros, tiré de l’album Un autre monde

Vivre ou survivre, tiré de l’album Vendeurs de larmes

Pour la femme veuve qui s’éveille, Loin des yeux de l’occident

Aimer est plus fort que d’être aimé, tiré de l’album Sauver l’amour

Mais la carrière de Daniel Balavoine n’est pas un seul alignement de tubes, aussi puissants et intemporels soient-ils. Non. Daniel Balavoine était un chanteur à part, un chanteur anti-star, un chanteur qui voulait tout sauf faire partie d’un star-system qu’il fuyait. Daniel Balavoine avait en horreur d’être classé chanteur de variétés. Lui, le fan de Queen, de Genesis et en particulier Peter Gabriel, se disait chanteur de rock, un rock mélodique. Lui et les critiques ne se sont jamais vraiment entendus sur ce sujet au grand dam de Balavoine qui se voulait être le Peter Gabriel français.

Balavoine, l’homme engagé

Et puis Daniel Balavoine voulait secouer les esprits endormis. Lui qui un temps se voyait bien à l’Assemblée Nationale, a  toujours concilié son art et son engagement, sa volonté de prendre la parole, de témoigner des injustices qui le mettaient en colère. Il a su se servir de sa notoriété pour être la voix de ceux et celles qui n’en ont pas ou à qui la classe politique ne donne jamais la parole. Souvenez-vous de ce face à face entre François Mitterand et Daniel Balavoine, invité par ce premier pour exprimer la voix de la jeunesse.     

Face à face avec François Mitterand

Et puis la musique, la chanson, à un moment n’ont pas été suffisantes pour exprimer ses convictions et aller jusqu’au bout de celles-ci. A la parole désormais s’ajoute l’action. Il soutient SOS Racisme, les Restaurants du coeur de son ami Coluche. Il initie sur le modèle anglo-saxons, un album pour l’Ethiopie. Il fonde avec ses amis Michel Berger et France Gall, Action Ecole. Il monte un projet Paris du coeur afin d’apporter des pompes à eau en Afrique avec son ami Thierry Sabine. Enfin, pour que tout son travail et tout son engagement ne partent pas en poussières après sa mort, une association porte son nom, Association Daniel Balavoine. « Un homme qui, en 1986, meurt de faim, est une insulte à soi-même, une insulte à l’humanité toute entière. » disait Daniel Balavoine. Le but de l’association : « accompagner les Paysans ayant décidé d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire par leur travail dans la région de Gao. Permettre aux enfants touaregs de recevoir l’éducation scolaire dans le respect de leurs traditions« .

Peu d’artistes ont su si intelligemment pousser des coups de gueule, essayer d’éveiller les esprits à un certain humanisme de l’être humain, à bousculer les politiques de tous bords et surtout mêler paroles et actions. Peu d’artiste ont eu sa droiture.

Peu d’artiste ont construit une carrière si riche en si peu de temps. Peu d’artiste ont su traverser les époques et les générations avec leurs hymnes à la fois, coups de griffes et coups de poing mais aussi et surtout invitations à sauver l’amour, si je peux paraphraser le titre d’une de ses chansons.

Une nouvelle intégrale

Balavoine Integrale-2020C’est pour cela qu’une intégrale est tout à fait utile et évidente afin de ne jamais oublier celui qui a mis beaucoup de lumière et d’amour dans son art et qui se souciait d’abord des autres plutôt que de sa célébrité, de son nombril.

Avec son format à l’italienne incluant un livret de 48 pages richement illustré avec des photos rares, un texte inédit de Bertrand Dicale et une préface de Joe Hammer, cette intégrale, dont toutes les bandes masters ont été nettoyées, re-numérisées et re-masterisées en très haute définition sous le contrôle de Andy Scott, l’ingénieur du son historique de Daniel Balavoine, est un petit bijou à la hauteur de l’artiste.

Vous retrouverez dans ce coffret sa discographie complète ; ses débuts de carrière chez Vogue, les titres enregistrés avec le groupe Présence et Mélodie SA, et bien sûr les nombreux succès emblématiques de l’artiste mais également de nombreuses surprises, un live inédit au Palais des Sports et une musique de film jamais sortie en CD.

J’étais devenu un homme, nouvel inédit datant de 1977

Voici ce que disait François Mitterand, à propos de Daniel Balavoine. « J’ai d’abord apprécié le chanteur de la colère, et de la tendresse, qui avait su trouver des mots et des sons en accord avec les sentiments de la jeunesse de son temps. J’ai ensuite rencontré et apprécié le révolté et l’homme de coeur, celui qui avait mis toute sa notorité au service de la plus grande cause, celle de la justice et de la lutte contre la faim dans le monde. La jeunesse de France n’oubliera pas de sitôt celui qui lui a donné une si grande leçon de vie en allant au bout de ses passions. » (Pour Paroles et musique n°66, juin 1987)

Que dire de plus à part vous inviter à vous replonger dans l’oeuvre de cet artiste exceptionnel.

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Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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