Pour célébrer les 70 ans de la Fnac, nous vous invitons à un petit voyage à travers l’histoire de l’enseigne et de ses différentes spécificités. L’occasion de revenir sur les grandes évolutions technologiques de ces 7 décennies, pour les principales catégories vendues dans nos magasins. Dans cet article, place à la révolution du téléphone mobile !
En 50 ans, le téléphone mobile a connu une évolution fulgurante, passant du statut d’objet aussi cher qu’encombrant à celui accessoire indispensable du quotidien. Retour sur les grandes étapes qui ont façonné l’histoire de la téléphonie mobile.
Le 3 avril 1973 est sans doute une date qui finira dans les livres d’histoire. Ce jour-là, Martin Cooper, directeur de la recherche et du développement chez Motorola, passe le premier appel mobile de l’histoire dans une rue de New York. Ce moment historique marque le début d’une révolution technologique qui allait transformer nos modes de communication et nos vies. En un demi-siècle, le téléphone mobile est passé du statut d’objet encombrant réservé à une élite à celui d’accessoire indispensable du quotidien, avec près de 9 milliards de smartphones en circulation dans le monde aujourd’hui, selon le cabinet Statista.
Les balbutiements de la téléphonie mobile (années 80 – début 90)
Dès le début des années 80, les premiers téléphones mobiles commerciaux font leur apparition. En 1983, Motorola lance le DynaTAC 8000X, le premier téléphone cellulaire au monde. Un modèle qui a très vite été surnommé “la brique” en raison de sa taille et de son poids imposants (plus d’un kilo pour 25 cm de haut). Malgré son prix exorbitant et son autonomie limitée à 30 minutes de conversation, ce modèle devient le symbole du boom économique américain, immortalisé dans le film Wall Street d’Oliver Stone en 1987.
Le Motorola DynaTAC. ©Razulation
En Europe, Nokia sort en janvier 1984 l’Actionman, un téléphone mobile fonctionnant sur le réseau NMT 450. Principalement utilisé en voiture en raison de sa batterie encombrante, il reste peu accessible au grand public. En France, c’est le Bi-Bop lancé en 1991 qui rencontre un petit succès dans certaines villes, mais souffre d’une couverture réseau limitée.
S’ils posent les bases de la téléphonie mobile, ces premiers modèles restent contraints par des limitations techniques majeures en termes de poids, d’autonomie et de couverture réseau. Il faudra attendre la miniaturisation des composants et l’amélioration des infrastructures dans la décennie suivante pour voir le mobile se démocratiser.
L’ère des téléphones mobiles compacts (milieu années 90 – début 2000)
Au milieu des années 90, les progrès technologiques permettent de miniaturiser les composants et d’améliorer le design des téléphones portables. En 1994, IBM lance le Simon, premier mobile à écran tactile de l’histoire. Malgré son échec commercial dû à un prix prohibitif et son autonomie limitée à 1 heure, l’IBM Simon a été le premier appareil à combiner les fonctions d’un téléphone, d’un PDA et d’un fax dans un format compact pour l’époque (23 x 6,4 x 3,8 cm pour 510 g). Un véritable couteau suisse high-tech avant l’heure, que certains n’hésitent pas à qualifier de premier smartphone de l’histoire.
De son côté, Motorola frappe fort en 1996 avec le StarTAC, premier mobile à clapet qui popularise ce format compact et élégant. On remarquera au passage que ce StarTAC doit une partie de son nom à l’acronyme « Total Area Coverage » (TAC), que Motorola utilisait déjà pour son DynaTAC évoqué plus haut, pour souligner la capacité de ces appareils à fonctionner n’importe où. En 2005, le magazine PC World a classé le StarTAC comme étant le 6ᵉ appareil électronique le plus important des 50 dernières années. Motorola en a vendu une soixantaine de millions. Un record pour l’époque.
Le Motorola StarTac est l’une des grandes stars de la téléphonie mobile des années 2000.©photostock360
La fin des années 90 voit également l’émergence de modèles iconiques comme les Nokia 3210 et 3310, qui démocratisent encore plus le mobile auprès du grand public. Leur succès s’appuie sur une ergonomie simplifiée, une meilleure autonomie et l’intégration de jeux cultes comme Snake, apparu pour la première fois sur le Nokia 6110. Un jeu devenu si populaire qu’il a eu droit à sa propre légende urbaine. Une rumeur infondée prétendait en effet que Snake avait été secrètement conçu par les militaires finlandais dans les années 1970 pour améliorer la concentration des soldats !
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Le légendaire Nokia 3310. ©Nidnids
Mais revenons à un sujet plus sérieux : au début des années 2000, les téléphones mobiles commencent aussi à intégrer de nouvelles fonctionnalités multimédia. Le Sharp J-SH04 est le premier à proposer un appareil photo numérique intégré en 2000, suivi par l’Ericsson R520M qui inaugure la technologie Bluetooth la même année. En 2005, le Motorola Razr V3, téléphone à clapet ultra-fin avec lecteur MP3 et appareil photo dans un format compact, devient iconique. Cette tendance se confirme avec le LG Chocolate et son design coulissant en 2005, intégrant appareil photo et lecteur audio.
Le Motorola Razr V3 a fait tourner bien des têtes en son temps. ©Michael Kraus
L’ère des mobiles compacts voit donc l’intégration croissante de fonctionnalités multimédia qui annoncent la convergence vers les futurs smartphones. Cependant, l’interface utilisateur reste limitée par les petits écrans et l’absence de connectivité à Internet. La véritable révolution arrivera dans la seconde moitié des années 2000 avec l’avènement des écrans tactiles multipoints et des systèmes d’exploitation mobiles.
La révolution des smartphones (2007 à aujourd’hui)
L’année 2007 est l’une des plus importantes de l’histoire de la téléphonie mobile. C’est en effet cette année-là qu’Apple dégaine son premier iPhone. Ce smartphone révolutionne l’expérience utilisateur comme jamais grâce à son grand écran tactile multipoint et son interface intuitive. Il pave la voie à une nouvelle génération d’appareils qui transforment le mobile en véritable ordinateur de poche. Une révolution qui aurait d’ailleurs dû porter un autre nom. Lors de la présentation du téléphone, Steve Jobs avait déclaré avec sa légendaire assurance : « Nous appelons cet appareil iPhone »… alors qu’Apple n’avait pas encore légalement les droits sur le nom « iPhone ». Un pari risqué, mais ô combien payant, tant ce nom est devenu synonyme de téléphone intelligent.
Steve Jobs lors de l’annonce de l’iPhone en 2007.
Face à cette déferlante, BlackBerry, l’un des grands acteurs de l’époque, tente de résister avec son clavier alphanumérique physique et son système d’exploitation réputé pour sa sécurité et son efficacité, notamment avec le modèle Curve 8300. Mais l’arrivée d’Android en 2008, système d’exploitation open source porté par Google, va redistribuer les cartes et sonner le glas de la vieille garde. Le HTC Dream G1 est le premier smartphone Android de l’histoire. Pour ses grands débuts, il se pare d’un écran tactile coulissant et d’un clavier alphanumérique intégré, très en vogue à l’époque.
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BlackBerry a longtemps su évoluer avec son époque. Mais, tout comme Nokia, la marque a loupé un tournant majeur en ne voyant pas venir l’importance qu’allait prendre les interfaces tactiles multipoints. ©Wisnu Gareng
S’engage alors une course à l’innovation entre les géants de la technologie. Les écrans tactiles ne cessent de s’agrandir, comme sur le Google Nexus One en 2010 ou le Samsung Galaxy Note en 2011, qui inaugure le format « phablette », à mi-chemin entre smartphone et tablette, avec son afficheur de… 5,3 pouces. Une folie pour l’époque. Beaucoup d’observateurs affirmaient d’ailleurs qu’un tel téléphone était beaucoup trop grand et que « ça ne marcherait jamais ».
Apple restera longtemps à l’écart de cette course à la diagonale et préférera riposter en 2010 avec un iPhone 4 au design étourdissant pour l’époque, tout en verre et acier inoxydable. Les années suivantes voient se succéder des innovations matérielles et logicielles : étanchéité et reconnaissance faciale Face ID avec l’iPhone X en 2017, écran pliable avec le Samsung Galaxy Fold en 2019… Les smartphones sont devenus de véritables concentrés de technologie, intégrant des appareils photo ultra-perfectionnés, des assistants vocaux intelligents et une multitude d’applications.
Un impact incommensurable
En un demi-siècle, le téléphone mobile est devenu le symbole de la révolution numérique qui a changé notre rapport au monde et aux autres, pour le meilleur et pour le pire. À la lecture des lignes précédentes, vous aurez déjà compris que l’évolution technologique de la téléphonie mobile s’est faite à marche forcée. Il faut bien réaliser qu’en vingt petites années, nous sommes passées Du Nokia 3310 au Samsung Galaxy Fold.
Mais cela n’est rien comparé à l’’impact sociétal de la téléphonie mobile au fil des ans, transformant profondément nos modes de communication, de travail et de divertissement. D’un simple outil de communication vocal à ses débuts, le téléphone mobile s’est progressivement imposé comme un véritable couteau suisse numérique, nous permettant de rester connectés en permanence, où que nous soyons. Cette connectivité accrue a favorisé l’émergence de nouvelles formes de socialisation, comme les réseaux sociaux mobiles. Cette omniprésence de nos téléphones suscite néanmoins des interrogations légitimes sur notre dépendance croissante à ces appareils et sur les conséquences de cette hyperconnexion sur nos relations interpersonnelles et notre bien-être mental.
Le mobile a également bouleversé le monde du travail, en permettant le développement du télétravail et en brouillant les frontières entre vie professionnelle et vie privée. Sur le plan culturel, il a démocratisé l’accès à l’information et au divertissement, tout en soulevant des questions sur la protection des données personnelles et la propagation des fake news. Enfin, la téléphonie mobile a contribué à réduire la fracture numérique en offrant un accès à Internet abordable dans les pays en développement. Dans beaucoup de ces pays, le smartphone est le seul moyen d’accès au numérique et à internet.
Et demain ?
L’avenir des smartphones s’annonce assez passionnant, avec des innovations technologiques qui ne cessent de repousser les limites. L’une des tendances les plus marquantes est sans conteste l’intégration à marche forcée de l’intelligence artificielle dans nos téléphones portables. Les géants de la tech rivalisent d’ingéniosité pour développer des assistants virtuels toujours plus performants et des fonctionnalités basées sur l’IA qui révolutionnent notre quotidien.
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Par la magie des algorithmes, l’IA pourra analyser nos habitudes d’utilisation et optimiser la performance de nos appareils, offrant ainsi une expérience utilisateur plus fluide et personnalisée. Les smartphones de 2024 commencent déjà à être capables de résumer des textes longs, de transcrire des réunions avec plusieurs interlocuteurs et même de générer du contenu. À l’avenir, L’IA jouera également un rôle crucial dans la sécurité des données, en détectant les comportements suspects et les activités malveillantes.
Le Huawei Mate XT est le premier smartphone au monde qui se plie en trois. ©Huawei
Une autre tendance forte est l’évolution des smartphones pliants, qui deviennent toujours plus fins et sophistiqués. Le récent Huawei Mate XT, qui peut se plier en trois, illustre parfaitement cette course à l’innovation. Avec ses deux écrans OLED, dont un pliable en trois de 10,2 pouces, il offre une expérience visuelle assez folle, tout en restant compact une fois plié. Nous en sommes déjà à la sixième génération de smartphone pliant chez Samsung et il est plus que probable que ces modèles vont gagner en popularité quand ils seront disponibles dans toutes les gammes de prix.
La dernière tendance qui nous semble prometteuse ne tient pas à la technologie, mais à l’environnement. L’un des arguments forts en faveur des iPhone a toujours été leur durabilité dans le temps, avec en moyenne six mises à jour majeures pour chaque iPhone. Du côté des smartphones Android, c’était la soupe à la grimace jusqu’ici de ce point de vue, avec au mieux trois à quatre mises à jour majeures pour les modèles haut de gamme et moins pour les mobiles plus abordables. Mais les choses ont commencé à évoluer dans le bon sens cette année, avec Samsung et Google annonçant pas moins de sept ans de mises à jour pour leurs derniers smartphones. Il est certain que les autres acteurs de l’écosystème Android leur emboîteront le pas.
Dans tous les cas, une chose est sûre : le smartphone n’a pas fini de se réinventer. Entre innovations technologiques et préoccupations environnementales, l’avenir de nos compagnons numériques s’annonce aussi passionnant à suivre que compliqué à prédire précisément.