Décryptage

Les Trois Mousquetaires : Zoom sur les personnages historiques

23 mai 2023
Par Melanie C.
Les Trois Mousquetaires : Zoom sur les personnages historiques

« Tous pour un, un pour tous ! » Cette devise que l’on connaît par cœur continue à nous faire rêver. Ces histoires de cape et d’épée, on les aime encore et toujours. Et si les trois Mousquetaires sont des personnages qui appartiennent à la fiction, Louis XIII, Anne d’Autriche, Richelieu et le Duc de Buckingham ont traversé le XVIIè siècle avec le roman de Dumas. L’occasion de faire un point sur ces hommes et cette femme qui ont coloré la toile de fond de cette œuvre fantastique. C’est parti !

Un roman d’aventures époustouflant

Parue sous forme de feuilleton en 1844 dans le journal Le Siècle avant d’être publiée en livre, « Les Trois Mousquetaires » est l’œuvre d’Alexandre Dumas qui a inspiré le plus d’adaptations à l’écran -au moins une centaine- et a rendu addict un très grand nombre de lecteurs ! « Les Trois Mousquetaires », « Vingt ans après » et  « Le Vicomte de Bragelonne » offrent ainsi aux lecteurs avides de rebondissements, de duels, de chevauchées fantastiques et d’Histoire une trilogie éblouissante. Et ce qui nous séduit chez Dumas c’est son art subtil de nous donner à voir notre passé florissant et ténébreux. C’est au gré d’un anachronisme volontaire que le romancier français a placé son intrigue sous le règne de Louis XIII, alors que le véritable d’Artagnan avait accompli ses exploits au service de Louis XIV et de Mazarin, quelques années plus tard. Pourquoi un tel glissement ? La réponse est simple et consiste en trois mots : l’affaire des ferrets. Dumas avait eu vent de cette intrigue hautement romanesque entre Anne d’Autriche et le duc de Buckingham. Il a ainsi préféré nous plonger au cœur du XVIIème siècle, et nous faire vivre les intrigues de pouvoir et fréquenter de très près des personnages historiques célèbres au destin fabuleux.

Louis XIII, le pionnier de la Monarchie absolue

Dans le roman, il est le jouet à la fois de son épouse et de Richelieu. Mari jaloux, il se laisse manipuler par Richelieu qui n’a de cesse de vouloir confondre la reine, coupable d’infidélité avec le charmant duc de Buckingham. D’un point de vue politique, ce roi tente de préserver l’honneur et l’union du Royaume de France, alors aux prises de terribles guerres de religion et de conflits armés qui déchirent l’Europe. Mais qui est vraiment Louis XIII ?

Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, il monte sur le trône dans un bain de sang puisque l’assassinat de son père en 1610 le met prématurément à la tête de cet immense Royaume. Il n’a que 9 ans ! Sa mère, Marie de Médicis, assure la Régence d’une main de fer et fera couler bien de sang protestant. C’est un autre assassinat qui permettra finalement à Louis XIII de s’emparer du pouvoir : il fait supprimer l’encombrant conseiller et confident de sa chère mère, le puissant Concino Concini. C’est le début d’une brouille longue et politiquement lourde de conséquences entre la mère et le fils. Mais quoi qu’il en coûte, Louis, marié à l’impétueuse Anne d’Autriche, règne.

Sans doute marqué par l’autoritarisme de son père, Louis XIII posera les piliers de l’absolutisme monarchique que son fils, après lui, portera à son apogée.  Comment s’y prend-il ? Il met d’abord sous contrôle les Grands du Royaume : les Condé, Guise et autre Nevers. Toutes ces puissantes lignées aristocratiques qui avaient profité des failles de la régence pour étendre leur influence et développer leur intérêt, sont dorénavant domptées avec l’aide de son proche collaborateur, le Cardinal de Richelieu. À partir de 1624, il fait de cet homme implacable son principal serviteur, partageant avec lui une même conception de la grandeur de la France.

Et la tâche de Louis XIII et de Richelieu ne sera pas aisée. Ils doivent faire face à des tensions internes : des révoltes des Grands, soutenus par la reine mère, qui n’hésitent pas à défier l’autorité royale. C’est dans ce contexte hostile qu’en 1622 Louis XIII créé la célèbre Compagnie des Mousquetaires, fidèle corps d’élite au service du roi et de sa protection. Les régions protestantes se soulèvent également.  Le roi, qui ne remet jamais en cause l’Edit de Nantes, intervient militairement, non pour convertir ses sujets rebelles au catholicisme mais pour assurer l’unité du royaume. C’est ainsi qu’il obtient la reddition de La Rochelle, après un siège long et cruel, tandis qu’ à l’extérieur, la Guerre de Trente Ans fait rage et déstabilise le Saint Empire.

Atteint d’une maladie intestinale chronique -sans doute la maladie de Crohn-, Louis XIII s’éteint en mai 1643, à l’âge de 42 ans, laissant derrière lui son fils aîné Louis, promis à un plus brillant destin, et une réputation de roi fainéant, sans charisme et terrorisé par Richelieu.  Mais ce roi bègue à la santé fragile, mal aimé de sa mère et de sa femme, fut surtout un grand roi et un chef de guerre audacieux qui a su prendre des décisions difficiles au nom de l’intérêt supérieur du royaume et poser les jalons de la Monarchie absolue.

Louis-XIII-et-Richelieu

Le cardinal de Richelieu, le cerveau

Sans Richelieu, pas de Louis XIII. Mais qui est cet homme sinistre et intrigant ? Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu, naît en 1585 à Paris. Fils d’un capitaine des gardes d’Henri IV, voué à une classique carrière militaire, il est contraint d’entrer dans les ordres. Ce revers du destin sera pourtant à l’origine de sa flamboyante destinée puisque Marie de Médicis le remarque aux États Généraux alors qu’il est élu député du clergé poitevin. Dès lors, c’est l’ascension. Fulgurante. Après avoir tenté de réconcilier la reine mère et Louis XIII, Richelieu obtient le titre de Cardinal et entre au conseil du roi. Il devient très vite son principal ministre et ne quitte plus ce souverain au côté duquel il va briller, pour le meilleur et le pire, pendant plus de vingt ans.

Eminent stratège dévoré par l’ambition, Richelieu s’implique sur tous les fronts. Ses combats convergent tous à l’affermissement de l’autorité de l’Etat, à l’unité et au rayonnement du Royaume. C’est ainsi qu’il  s’attaque avec virulence aux protestants, dont la plus sanglante répression sera le siège et la capitulation de la Rochelle. Richelieu va également tout faire pour renforcer la puissance de la France face aux Habsbourg qui, avec la guerre de Trente ans tentent d’étendre leur hégémonie. A l’intérieur, ses ambitions politiques visent à affaiblir les grands nobles, ce qu’il parviendra à accomplir à coup d’oppression tyrannique.  Le peuple et la paysannerie ne seront pas non plus épargnés par ses intérêts machiavéliques, eux qu’il accable de taxes et dont il réprime impitoyablement les révoltes.

Richelieu meurt en 1642 à Paris à l’âge de 57 ans, probablement des suites d’une tuberculose. Sa mort n’émeut guère, ni à la cour, ni parmi le peuple.  Pas de quoi s’étonner qu’à l’annonce de son décès, le peuple ait envahi les rues et allumé des feux de joie ! La haine contre ce cardinal diabolique semble avoir perduré à travers les siècles puisqu’en 1793, les révolutionnaires prennent d’assaut la chapelle de la Sorbonne, où le corps de Richelieu repose, saccagent le tombeau, exhument les ossements du cardinal et… le décapitent.

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Anne d’Autriche, la mère courage

L’infante Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne Philippe III de Habsbourg, devient reine de France en 1615 à l’occasion de son mariage avec le jeune roi de France Louis XIII. Ils n’ont alors que 15 ans et ignorent tout du sombre destin qui les attend.

De ce mariage arrangé, il ne ressortira aucun amour ni aucune affection et c’est même une longue période de stérilité qui marque cette lugubre union. C’est seulement après plusieurs fausses couches et 23 ans de mariage que la reine donne le jour au futur Louis XIV, l’« enfant du miracle ». Entièrement dévouée à l’éducation de l’héritier du trône, elle se révèle une mère extrêmement attentive et aimante. Jusque-là, elle paraissait frivole, on se souvient de son aventure avec le duc de Buckingham et de la romanesque « affaire des ferrets » qui fait le sel des « Trois Mousquetaires » de Dumas et de toutes ses adaptations au cinéma. Dès lors qu’elle devient mère, elle est tout entière occupée à son fils et ne songe qu’à défendre les intérêts du futur roi de France. Elle ne bouge plus des appartements du dauphin, joue avec lui, élève ses fils – Louis et Philippe – avec une tendresse rarement vue chez une souveraine.

A la mort de Louis XIII, elle prend la tête de la régence et assume, avec beaucoup de courage et de vertu, les tâches qui lui incombent. Elle mène la guerre contre l’Espagne, son pays natal, et simultanément, doit lutter contre la Fronde des parlementaires puis des Princes. Elle reçoit l’aide précieuse du cardinal Jules Mazarin, principal ministre et parrain du jeune roi.

Louis devenu majeur, la régence s’achève en 1651, mais Anne, à la demande du roi, reste chef du Conseil. Elle aura à cœur de continuer à guider ses pas et à accomplir son ultime mission : marier son fils. Un mariage de raison, pas d’amour.  Ce sera chose faite avec l’infante Marie-Thérèse d’Autriche, nièce d’Anne. Désormais reine mère, celle-ci est heureuse et peut mourir en paix. Ce qu’elle fera, en 1666, à 65 ans, d’un cancer du sein apparu deux ans plus tôt. 

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Le duc de Buckingham, le « plus bel homme du monde »

Georges Villiers a vingt ans à peine quand il entre à la cour d’Angleterre. Personnage haut-en-couleur, exubérant et aux mœurs dissolues, il fait figure d’original, déconcerte la bourgeoisie puritaine mais plaît beaucoup à Jacques Ier. Il devient vite le favori du roi qui l’élève au rang de premier duc de Buckingham. Une fois à la cour, le duc n’en finit pas de choquer par son accoutrement pittoresque et son comportement fantasque. Mais ce qui passe le plus mal, c’est ce qui semble être sa vénalité er les moyens malhonnêtes qu’il emploie pour l’assouvir : il vend des privilèges et établit des taxes injustes. Ce qui lui vaut une immense impopularité !

Il participe aux intrigues de la cour d’Europe mais semble faire preuve de maladresse et d’une grande arrogance. La négociation en Espagne pour conclure le mariage du prince de Galles avec l’infante Marie-Anne, fille du roi Philippe III, tourne mal et Buckingham, rentré à Londres, convainc le roi d’Angleterre de marier plutôt son fils à Henriette de France, fille d’Henri IV et sœur du roi de France… L’occasion de rencontrer Anne d’Autriche et de la séduire, provoquant l’affaire des ferrets et les turpitudes que l’on va connaître au Royaume de France, ainsi qu’une guerre avec l’Espagne !

Le duc participera à d’autres intrigues et d’autres conflits sous le règne de Jacques Ier puis celui de Charles Ier qui sera lui aussi sous le charme de ce duc atypique. Son implication auprès des protestants à la Rochelle et sur l’île de Ré se soldera par un fiasco et la mort de milliers d’hommes. Devenu très impopulaire et très controversé, il meurt poignardé par un officier puritain, Charles Felton en 1628.

GeorgeVilliers

Article rédigé par
Melanie C.
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